Chaque jour qui passe, les géniteurs du Parti pour le développement économique et la solidarité démontrent au grand public leur amateurisme en politique. Après le feuilleton de la mauvaise gestion du calendrier pour la tenue du Congrès constitutif, voilà que les amis du Président de la République étalent leurs querelles de leadership, nées du choix du candidat devant porter les couleurs du PDES lors de l’élection présidentielle de 2012.
En effet, les deux premiers responsables du PDES ne regardent plus dans la même direction. Ils font même tout pour ne pas se rencontrer. Conséquence: le parti se trouve divisé en deux clans. Chacun, de son côté, serait en train de travailler pour devenir le candidat du parti en 2012. Si déjà, à près d’une année d’existence seulement, le PDES doit faire face à des querelles de leadership, on peut bien se demander s’il ira loin.
Car l’équation à résoudre sera double: faire face à une guerre intestine et gagner la compétition avec les autres partis politiques. Ce qui est loin d’être fait. La situation qui prévaut actuellement au PDES est une preuve d’immaturité politique. Comme le dit l’adage, «le linge sale se lave en famille». Le Secrétaire national de la jeunesse n’avait nullement besoin d’organiser un point de presse pour dévoiler au public les querelles internes de son parti. En agissant de la sorte, non seulement Amadou Koïta contribue au renforcement de la crise mais, également, il livre le parti à ses concurrents. La manière la plus démocratique de choisir le candidat du parti, lorsqu’il y a plusieurs prétendants, c’est de procéder à l’organisation de primaires, comme partout dans le monde.
Cette situation réconforte ceux qui pensent que le PDES n’est pas un parti crédible et que ses responsables et militants sont venus pour amuser la galerie. En effet, jusqu’à présent les responsables du PDES n’arrivent pas à se démarquer de leur mode de vie associatif. Opérateurs économiques et cadres qui se sont enrichis sur le dos de l’Etat, les géniteurs du PDES pensaient, à sa création, qu’ils allaient être servis sur un plateau d’or. C’était mal connaître la politique. S’ils veulent aller loin, ils se doivent se résoudre très vite à comprendre que faire de la politique est un art fort difficile, qu’il faut apprendre au fil du temps et non s’approprier en un petit laps de temps T.
Plus pressé que la musique, on danse mal. Comment comprendre qu’un parti politique puisse faire face à des querelles de leadership dès sa première année d’existence ? Très généralement, ces premières années sont consacrées à la consolidation et au renforcement de la base. Au PDES, comme l’on se croit riches, on pense que l’argent peut tout régler. Au lieu de se battre à l’interne pour la candidature, les dirigeants du PDES ne devraient avoir d’autre priorité que l’organisation de leur Congrès constitutif. Cela pour mettre en place un directoire capable de rassembler et d’élargir sa base. Ils doivent comprendre que, dans un parti politique, quand le sommet brûle, c’est la base qui fume.
La grande ambition nourrie le jour du lancement du PDES serait-elle en train de se transformer en cauchemar pour les amis d’ATT? Tout porte à le croire. En décidant de transformer le Mouvement Citoyen en parti politique, les responsables du PDES s’étaient-ils bien préparés à entrer dans l’arène politique? En tout cas, leur manière d’opérer prouve que le parti qui revendique l’héritage politique du Président de la République a été créé dans la précipitation. De plus, la décision de Sémega est en porte à faux avec la volonté de son mentor, qui l’a maintenu au gouvernement. A ce titre, il était censé ne pas être candidat, car ATT avait expliqué qu’il avait débarqué tous ceux qui avaient des ambitions présidentielles. Alors, question: Sémega va-t-il oser contredire son «Père spirituel»? Les jours à venir nous édifieront.
Youssouf Diallo