La procédure a été déclenchée le lundi 28 mai par le Bureau de l’Assemblée nationale, qui a fait le constat de la vacance du poste. Et l’article 17 stipule que: «…En cas de vacance ou d’empêchement définitif du Président, dûment constaté par le Bureau de l’Assemblée nationale, il est procédé à la plus prochaine séance à l’élection d’un nouveau Président dans les conditions prévues à l’article 10 du présent règlement. La séance est présidée, dans l’ordre de préséance, par les Vice- présidents et les Secrétaires parlementaires non candidats à la présidence de l’Assemblée nationale».
En clair, un nouveau Président sera élu lors de la toute prochaine séance plénière, avant tout examen de projet de loi. Ce qui explique le branle-bas actuel à l’Hémicycle Modibo Kéïta. Les deux plus grandes formations politiques représentées à l’Assemblée, l’ADEMA avec ses 52 élus et l’URD avec ses 34 députés, sont les prétendantes les plus sérieuses au perchoir. Aucune d’elle n’a la majorité absolue des 147 députés, actuellement 146 avec le décès récent du 3ème Vice-président, Baba Oumar Boré de l’URD. Il faut souligner que 5 des élus Rouges et Blancs ont désormais opté pour l’hypothétique République d’Azawad, 4 députés de la région de Kidal et un du cercle de Bourem.
Il faut également souligner que ces deux partis politiques sont des alliés depuis fort longtemps et le sont aujourd’hui encore au sein du FDR. C’est d’ailleurs ce qui a permis l’élection de Dioncounda Traoré en 2007 à la présidence de l’Assemblée nationale. La première Vice-présidence était donc revenue au parti de la Poignée de mains, à travers son Président, Younoussi Touré.
Avec la nouvelle donne, il est tout à fait normal que ce dernier prétende succéder à Dioncounda Traoré, qu’il a soutenu durant près de 5 ans. Mais son allié Adema, dans sa légendaire boulimie, ne l’entend pas de cette oreille. En effet, on prête à des députés du parti d’Alpha Oumar Konaré, en première ligne desquels Me Kassoum Tapo, des intentions de briguer ce poste. Me Tapo bat semble-t-il campagne au sein de son propre groupe parlementaire pour être retenu. D’autres, tapis dans l’ombre, œuvrent à saboter cette candidature, jugée «inopportune et porteuse de grands risques».
Cependant, dans les Statuts de l’ADEMA, ce n’est pas le groupe parlementaire qui désigne le candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, mais l’instance dirigeante du parti. En effet, l’article 63 de ces Statuts indique: «les demandes de candidatures aux postes de Président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales et de Président de l’Assemblée nationale sont adressées au Comité Exécutif. Celui-ci désigne le candidat parmi les propositions de candidatures qui lui sont soumises et en informe en temps utile l’ensemble des députés et conseillers». Au lieu de battre campagne au sein de son groupe parlementaire, Me Tapo ferait donc mieux de s’adresser à la direction du parti. Qu’importe celle ou celui que l’ADEMA désignera.
L’élection qui s’annonce pourrait conduire à une recomposition de l’échiquier politique et à l’élection d’une personnalité comme Younoussi Touré, IBK, Oumar Mariko, Me Mountaga Tall ou Me Hamidou Diabaté, pourvu que les Abeilles mordent la poussière. 22 Septembre estime qu’au nom de la cohésion sociale, de la real politik et du partage du pouvoir, l’ADEMA devrait faire le deuil de ses ambitions concernant le perchoir. Au sein de l’Hémicycle, le slogan devrait être «Tout sauf l’ADEMA». Ce parti, il faut le dire, est aux affaires depuis 1992. Boulimique, il ne veut rien laisser aux autres. Il veut s’accaparer tout. C’est, en fait, contre cette méthode que nombre de Maliens se sont révoltés. Ainsi, les manifestations contre la désignation de Dioncounda Traoré à Koulouba étaient beaucoup plus à l’encontre de son parti que de sa personne.
Les circonstances actuelles que vit le Mali, doivent amener les Abeilles à plus de lucidité, pour ne pas exacerber davantage la colère d’une partie importante de la population contre elles. C’est maintenant qu’elles doivent savoir reculer pour mieux sauter, afin de pouvoir reconstruire la Ruche, vidée de son miel et décapitée de sa reine. Si jamais, le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice franchit le Rubicon en alignant un candidat contre son allié de l’URD, il est pourrait se retrouver isolé à travers une union sacrée «Tout sauf l’ADEMA».
En stratège politique, le parti de Konaré se doit de conforter cette alliance avec l’URD, qui lui a permis de constituer une majorité parlementaire à l’Hémicycle. Et, par la même occasion, il soignerait l’image de boulimique qui lui colle à la peau.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 31/05/2012