Le poste de Président de l’Assemblée nationale est vacant depuis la désignation de l’ancien titulaire, le Pr Dioncounda Traoré, pour diriger la transition. A la Maison du peuple, à Bagadadji, on attend la constatation de la vacance de ce poste par la Cour Constitutionnelle pour élire un nouveau chef. En attendant, les tractations sont en cours dans les partis politiques et dans les groupes parlementaires des formations politiques représentées à l’Hémicycle. Objectif: parvenir à un accord sur celle ou celui qui succédera au Pr Dioncounda Traoré.
Seulement voilà: l’ADEMA/PASJ, à travers son premier Vice-président, Iba NDiaye, s’est déjà lancé dans la campagne. Une délégation a été composée pour rencontrer les partis représentés à l’Assemblée nationale. C’est ainsi que, le week-end dernier, le MPR a été rencontré. Hier, dans l’après-midi, Iba N’Diaye et son clan étaient au siège du PDES.
Avant même que le Comité Exécutif du parti ne se désigne un candidat, Iba N’Diaye s’est transformé en directeur de campagne de Me Kassoum Tapo, avec lequel un deal honteux a été noué. Et cela en foulant aux pieds l’amitié et les bons rapports que le parti entretient avec le parti de Soumaïla Cissé. Notre source nous apprend également qu’une délégation de l’ADEMA, conduite par Iba lui-même, s’est rendue au siège de l’URD pour que le parti de la poignée de mains renonce au poste en faveur de Me Tapo.
Les deux hommes, dans leurs calculs politiciens, misent sur les avantages faramineux que confère le poste de Président de l’Assemblée nationale pour asseoir leur hégémonie sur les Rouges et Blancs. Avec un pactole de 20 millions de FCFA de caisse noire à gérer, sans en rendre compte à personne, et un attrayant salaire mensuel. Sans oublier les autres privilèges en nature, notamment le carburant, les cartes Malitel et Orange et bien d’autres choses. Il est vrai que Me Tapo n’est pas à 20 millions près mensuellement, lui qui est propriétaire terrien et de building. Mais, comme on le dit: «le fleuve est grand mais a toujours besoin de s’étendre».
La Ruche n’a toujours pas officiellement choisi Me Tapo, même s’il demeure pour l’instant l’unique candidat annoncé. Le Comité Exécutif ne veut pas de l’élu de Mopti. Seul le clan Iba se démêle comme un beau diable pour les besoins de la cause.
Mais qu’Iba se détrompe. Si, par extraordinaire, Me Tapo venait à être retenu par son parti et que, de la même façon, il parvenait à occuper le Perchoir, rien ne garantit que le deal sera respecté. En politicien réputé ambitieux, Tapo travaillera d’abord pour lui-même et récupérera le parti. Certains cadres ADEMA sont déjà en train de se battre pour faire échec à ce projet machiavélique. Ils ne comprennent pas que Me Tapo, arrivé récemment à l’ADEMA, puisse prétendre à un tel niveau de responsabilités, alors qu’il y a au sein du parti des députés historiques comme Tioulenta, Ibrahima Coulibaly, Wali Diawara, Assarid Ag Imbarcawane, Yaya Sangaré et bien d’autres.
Au lieu de mettre des valeurs et le militantisme en avant, l’opportunisme et les calculs politiciens seraient donc en train de prévaloir à Bamako-Coura? Le deal entre ces deux hommes montre à suffisance la mauvaise image qu’une certaine opinion a des Abeilles. En effet, les Ruchers sont accusés d’avoir une très forte boulimie du pouvoir. Votre bihebdomadaire a dénoncé ce fait dans l’une de ses précédentes parutions, en titrant «Présidence de l’Assemblée nationale: tout sauf l’ADEMA». Président de la transition, Président du Haut conseil des collectivités, trois ministres au gouvernement, des postes de Secrétaires généraux et de Conseillers techniques dans plusieurs départements ministériels et, maintenant, de nouveau le poste de Président de l’Assemblée nationale!
C’est vraiment à croire que nous sommes dans un régime purement et uniquement ADEMA. Que Dieu sauve le Mali!
Youssouf Diallo
Le 22 Septembre 07/06/2012