La transition entre utopie et incertitude
Le Premier ministre Moctar Ouane était face au CNT pour la présentation du plan d’actions du gouvernement.
Exercice démocratique, la présentation du plan d’actions du gouvernement ou encore déclaration de politique générale permet de savoir les grandes orientations et les grandes actions à mener pour l’exécutif.
Celui fait par le PM de la transition revêt un caractère particulier compte tenu du contexte marqué par le coup d’Etat et une insécurité généralisée.
Comprenant six grands axes pour un délai d’exécution de 12 mois, le PAG est à la fois utopique et incertain.
Le gouvernement ne pourrait-il pas se consacrer au renforcement de la sécurité et à l’organisation des élections générales transparentes et inclusives ?
C’est le vendredi 29 février que le Premier Ministre Moctar Ouane a présenté le plan d’actions du gouvernement devant le Conseil National de la transition.
Le PAG comprend six grands axes avec 23 objectifs à atteindre, adossés à 275 actions, qui doivent être évaluées à travers 291 indicateurs.
En parcourant le document du PM Ouane, la première interrogation qui vient à l’esprit est celle de savoir si le PAG doit être mis en œuvre pendant un quinquennat, tant il est vaste, (29 pages) et nécessite une large mobilisation.
C’est pourquoi tous les grands observateurs s’accordent à dire que le PAG est utopique et sa réalisation est incertaine, compte tenu du temps imparti.
En plus du délai, qu’il soit dit en passant, les autorités souffrent d’un manque de légitimité et tant qu’il n’y a pas un large consensus, tant que les forces vives de la nation ne sont pas impliquées, toute réforme entreprise sera vouée à l’échec.
Parlant du PAG lui-même, les six axes qui constituent son ossature nécessitent plus de temps et de moyens qu’une transition ne pourrait pas mettre en œuvre.
Parmi les axes, on peut citer entre autres le renforcement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, la promotion de la bonne gouvernance, la refonte du système éducatif, les réformes institutionnelles et l’organisation des élections générales pour ne citer que ces quelques axes, chacun de ces axes demande plus de temps et de moyens, alors qu’il ne reste plus de 12 petits mois.
Ce qui laisse planer le doute sur les ambitions des autorités de la transition, c’est l’absence d’un chronogramme d’application et surtout le nombre d’activités à mener en si peu de temps.
Ainsi pour parer au plus pressé et éviter de disperser les forces, il conviendrait au gouvernement Moctar Ouane de se consacrer aux deux axes prioritaires, à savoir le renforcement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire et réunir les conditions pour des élections transparentes, crédibles et démocratiques afin de doter le pays d’institutions légitimes.
Ces institutions seront chargées de mener à bien les réformes qui sont indispensables pour la promotion de la démocratie, de l’Etat de droit et du développement.
En définitive, le régime transitoire gagnerait en crédibilité et en confiance, deux vertus durement écorchées, en se consacrant au renforcement de la sécurité sur toute l’étendue du territoire et surtout à la bonne organisation d’élections crédibles, inclusives, transparentes, pour doter le pays d’institutions fortes et démocratiques.
Youssouf Sissoko