«L’année 2021 a été particulièrement difficile pour vous les journalistes», a rappelé le Pr. Sanogo, sans compassion feinte, en introduisant la cérémonie de présentation de l’Union pour la République et la démocratie (URD) à la presse nationale et internationale. C’était dans la matinée du samedi 22 janvier 2022.
En 2021, dans le monde, 46 journalistes et collaborateurs ont été tués selon le bilan publié par l’ONG «Reporters sans frontières» (RSF). Un chiffre néanmoins à la baisse, car il faut remonter à l’année 2003 pour retrouver un nombre de tués inférieur à 50 journalistes. N’empêche que pour le président par intérim de l’Urd, «c’est tout simplement inadmissible et révoltant» que des hommes et des femmes des médias continuent à payer le prix fort pour exercer leur métier.
A la mi-décembre 2021, RSF recense 488 journalistes et collaborateurs de médias derrière les barreaux du fait de leur profession, ce qui représente une augmentation de 20 % en un an. «Ce chiffre en hausse est inquiétant et requiert une prise de conscience réelle à tous les niveaux de la nécessité de mieux protéger les journalistes», s’est-il inquiété. Et de poursuivre, «la situation des journalistes demeure encore inquiétante à travers le monde. Aucun patriote digne de ce nom ne peut et ne doit se taire face à de telles barbaries…», a-t-il déclaré.
Evoquant le cas particulier du Mali, le leader politique a rappelé que notre pays a progressé dans la protection des journalistes en passant de 108e en 2020 à 99e en 2021 au classement annuel du RSF. Ce qui dénote, selon cette organisation, «une amélioration notable suite à la baisse des exactions» dans notre pays. Le président par intérim de l’Urd a promis de continuer à «interpeller les autorités compétentes pour que toute la lumière soit faite sur la disparition depuis 2016 du journaliste Birama Touré». Et d’ajouter, «je ne cesserai jamais de rappeler que l’URD est disposée à approfondir et à appliquer toutes les initiatives visant à protéger les journalistes contre ces exactions indignes de notre époque».
Et cela d’autant plus, a précisé Pr. Salikou Sanogo, «les difficultés qui caractérisent l’exercice de votre profession sont donc réelles et les obstacles visibles. Or il nous faut obligatoirement une presse de qualité, disposant de moyens adéquats et de personnels bien formés, gage de saine information». Et d’ajouter, en paraphrasant Christophe Deloire (secrétaire général de RSF), «le journalisme est le meilleur vaccin contre la désinformation. Malheureusement, sa production et sa distribution sont trop souvent bloquées par des facteurs politiques, économiques et technologiques, et parfois même culturels. Face à la viralité de la désinformation par-delà les frontières, sur les plateformes numériques et les réseaux sociaux, le journalisme est le principal garant pour que le débat public repose sur une diversité de faits établis».
«Les nombreux défis du moment auxquels le Mali est confronté seront pour vous l’occasion de faire preuve de votre sens de la responsabilité. De par vos plumes et vos ondes, je demeure convaincu que vous contribuerez à assurer la libre circulation des idées, à unir les Maliens, à apaiser les cœurs et les esprits et surtout à accompagner le nécessaire processus de refondation en cours», a insisté le président intérimaire de l’URD légitimé par la présence des cadres influents du parti. «Autant nous prônons le respect par les journalistes des règles déontologiques de leur profession, autant nous condamnons fermement les actes d’intimidations et les menaces à l’encontre des journalistes», a-t-il assuré.
Le premier responsable des «Vert-Blanc» a profité de l’occasion pour réitérer ses condoléances aux familles des journalistes maliens et leurs collaborateurs décédés en 2021. «J’ai également une pensée à l’endroit du journaliste Olivier Dubois enlevé il y a quelques mois au Mali. Je formule le vœu ardent qu’il recouvre la liberté très rapidement», a souhaité Pr. Sanogo.
M.B