Premier Ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé:Quel gouvernement ?


S’accommodera t-elle d’une classe politique bougeante ? Bref, de quelle efficacité fera t-elle montre à quelques encablures de l’organisation des élections générales que  se prépare à vivre le pays ? Quelle marge de manœuvre sera la sienne  pour la tenue d’un référendum constitutionnel auquel tient tant ATT ? Beaucoup d’interrogations qui longtemps seront d’actualité, tant que la nouvelle promue n’aura pas donné de gages suffisants de lisibilité et de faisabilité, sans conteste.  

La symbolique de la nomination d’une femme pour remplacer Modibo Sidibé, au regard de la réalité de terrain, aussi séduisante qu’elle pourrait être ne serait que de courte durée. Une certitude, il lui faudra travailler deux à trois fois plus qu’un homme pour s’imposer techniquement par  la maitrise des dossiers, sa capacité à anticiper,  sa propension à rebondir et surtout  la nécessité d’avoir une carapace  à toute épreuve. Car  même du fait de sa féminité, il ne lui sera fait aucun cadeau, en année pré-électorale.

Elle aura la difficile mission d’impulser un gouvernement dont une des tâches prioritaires sera d organiser des élections crédibles et là-dessus plusieurs fronts seront à couvrir tant politique que social. Ce sera sans doute difficile parce que, du fait de la fin du dernier mandat d’ATT, le temps sera à la revendication et même la surenchère. Nombreux seront ceux qui pensent que le moment est venu d’arracher ce qu’ils n’auront pas pu obtenir en temps normal.    

Il va falloir donc montrer et les muscles et les dents pour faire face. Apporter la preuve qu’en terme de gouvernance l’on peut faire  oublier son prédécesseur et faire mentir les sceptiques.   

Voilà rapidement esquissés les prémices sur lesquels sera bâti le gouvernement Kaidama. Tout en sachant que le temps ne permet ni état de grâce ni compréhension de la part de son gouvernement lui-même. La fronde du reste partira de là, chacun voulant conforter quelques positions avant le grand baroud.

En clair il y aura d’un coté le premier ministre et de l’autre son gouvernement et souvent ils n’auront pas grand-chose à se dire sauf s’ils s’entendaient à la fois sur le contenu  et la démarche.

Dans tous les cas les dossiers qui attendent les futurs titulaires, leur nombre leur variété, leur complexité, leur actualité devront conduire à un exercice managérial audacieux qui nécessitera doigté, sang froid, pugnacité et surtout une savante inspiration dans la recherche du consensus, du vrai consensus. Car presque tous les partis seront autour de la table pour dessiner les contours futurs du paysage politique. Ils ne se feront pas de cadeaux ni entre eux ni aux indépendants qu’ils accusent d’avoir vicié et pris d’assaut les fondements mêmes du fait partisan. La démarche sera de remettre la chose politique dans son écrin d’origine et pour ce faire les leaders n’hésiteront devant rien pour reprendre ce qu’ils estiment  leurs droits. Sur leur chemin ils  marcheront sur bien des pieds.

S.El Moctar Kounta

 

Le Républicain 05/04/2011