Premier ministre de la transition: Ceux qui sont pour ou contre Cheick Modibo

 

•    Au Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de l’Etat (FDR), il s’agit d’« un bon choix ». Si son vice-président regrette que le Front n’ait pas été consulté, il reconnait « le patriotisme et la capacité technique » de l’homme à diriger cette transition. Et à Iba Ndiaye d’ajouter qu’il ne doute pas que les défis à lui assignés seront relevés avec la participation de chacun.

•    Quant à la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam, pro junte), elle pense que cette nomination revêt un signal fort vers une sortie de crise. Son président Hamadoun Amion Guindo, salue les nombreuses initiatives de développement entreprises par Cheick Modibo depuis son retour au Mali. Et estime qu’il est le Premier ministre de la situation. Et, ajoute-t-il, la Copam reste disponible à l’accompagner pour réussir le pari.

•    Bref, la nomination de Cheick Modibo Diarra suscite bien d’espoirs chez beaucoup d’acteurs de la crise. Selon eux, « son parcours, son attachement aux valeurs de société constituent des atouts pour lui ». Mais pour la jeunesse URD, la priorité reste la reconquête du territoire.

•    « Je pense sincèrement que l’homme peut sortir le peuple malien de cette impasse. La première priorité est la reconquête de notre intégrité territoriale. Rien ne sera de trop pour atteindre cet objectif », confie le 2e vice-président de la jeunesse URD, Adama Coulibaly. Il exprime une pensée émue pour les populations des régions de Tombouctou, Gao et Kidal qui vivent une situation humanitaire et sécuritaire catastrophique.

•    « Nous attendons que le nouveau Premier ministre mette en place un fichier biométrique avant les prochaines élections générales. C’est la seule solution pour avoir un climat politique apaisé et organiser des élections transparentes et crédibles. La gestion du fichier électoral et l’organisation matérielle des opérations de vote doivent être confiées à un organisme indépendant afin d’éviter toute crise post électorale », explique le responsable de la jeunesse URD. Il préconise un projet de loi de programmation militaire.

•    « C’est une erreur de choix ! »

•    Cependant, de nombreux observateurs se montrent prudents et craignent, à travers cette nomination, une « répétition des erreurs du passé », comme dans les années 1990 où en pleine crise, on a eu trop confiance aux technocrates. C’est du moins l’avis de Pr. Balla Konaré, chargé de cours à la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) de l’Université de Bamako.

•    « J’ignore les vraies motivations de ce choix. Mais j’ai compris qu’elles peuvent être d’ordre stratégique. Si tel est le cas, son choix est une erreur. Car les Etats-Unis ne sont pas étrangers à la situation que nous vivons. Ils sont responsables à part entière de l’invasion de la Libye qui nous a causée une nébuleuse rébellion », analyse l’universitaire. Il s’interroge sur la légitimité de Cheick Modibo à occuper ce poste.

•    Le Pr. Konaré, qui craint dans les jours à venir à venir une crise politique, pense que le nouveau Premier ministre de la transition à d’« énormes insuffisances sur le plan social qu’il doit corriger ». « Il faut avoir le courage de le dire. Le choix de sa personne n’est pas bon. Car Cheick Modibo a une nationalité américaine. Pis, il n’a aucune base sociale. C’est un homme de sciences, cela est vrai. Malheureusement qui ne sait rien des vraies réalités du Mali », assène-t-il. « Si je dois donner mon avis, le choix pouvait venir d’ailleurs », conclue-t-il.

•    D’autres observateurs sont plus sévères. Ils pensent que la nomination de Cheick Modibo revêt de facto la réhabilitation de l’ancien dictateur malien, Moussa Traoré, dont il est un gendre. « Techniquement s’il est bien, M. Diarra n’a jamais pardonné à Modibo Kéita (ancien président du Mali) et à ses camardes d’avoir emprisonné son père. Pendant ces nombreuses années, il n’a d’ailleurs pas caché son mépris de l’US-RDA. Je craints alors en lui un esprit de revanche sur les tombeurs de Moussa Traoré et certains dignitaires du régime de l’US-RDA », commente pour sa part cet observateur politique sous le couvert de l’anonymat.

•    Issa Fakaba Sissoko

L’ Indicateur Du Renouveau 20/04/2012