Il est rare de trouver un quartier ici à Bamako où il n’ya pas un ou deux voyants de cauris et à chaque fois qu’on fait un tour chez eux force est d’y trouver un attroupement de femmes attendant leurs tours d’entrée. On y trouve toutes les catégories : des femmes mariées, des célibataires à la recherche de mari, des ménagères en quête d’emploi, des étudiantes et de plus en plus de jeunes filles élèves souvent mineurs.
En approchant certaines d’entre elles pour comprendre ce qui les poussent vers cet endroit, on apprend que les cauris sont les moyens de divinations les plus fiables depuis la nuit des temps. Ils sont très explicites et dans la plupart des cas les sacrifices qu’on y voit sont simplement moins coûteux et plus rapides. Elles s’y rendent généralement pour exposer différents problèmes tels que : la difficulté de se trouver un mari, la stérilité, les problèmes de couples, de polygamie et beaucoup d’autres.
Selon une fervente pratiquante de ce milieu, c’est grâce aux prédictions des cauris qu’elle a trouvé l’homme de sa vie et qu’elle vit dans le bonheur total. D’autres disent que c’est grâce à ça qu’elles ont eu du travail, de l’argent, des enfants et surtout qu’elles n’ont pas eu de coépouses. Elles peuvent y passer la journée souvent sortant de chez elles, des fois aux aurores pour être consulté à temps par le voyant. Tous les heureux évènements de leurs vies sont dûs, selon elles, aux sacrifices qu’elles ont eu à faire à cause de leurs fréquences chez ces jeteurs de cauris.
Mais force est de reconnaitre que les cauris prennent une très grande place dans l’existence des Maliennes et souvent peuvent les amener à commettre des choses irréparables. Elles y croient plus que tout au monde et font à la lettre tout ce qu’on leur dit dans ce milieu. On voit à longueur de journée des querelles dans les familles, au sein des couples, dans les services qui ont essentiellement pour cause les cauris. Il n’est pas rare de voir les femmes dans des problèmes financiers, à cause des nombreuses dépenses relatives aux sacrifices continuels et les frais de consultation qui n’en finissent pas.
La recherche du bonheur est un désir insatiable pour tout être humain mais à force de vouloir trop forcer le destin on finit par tomber dans un piège sans fin. Et c’est à ce moment qu’on réalisera que la patience est un chemin d’or. Le mieux c’est d’éviter le piège avant de découvrir ses conséquences trop tard.
Adiaratou Sangaré
Le Républicain Mali 08/07/2011