Le livre, «Le Mali sous Moussa Traoré», a été présenté au grand public, dans l’après-midi du jeudi 14 avril dernier au CICB. Ses auteurs sont d’anciens compagnons du Général dictateur, qui a régné sur le Mali pendant 23 ans. Ils se présentent comme des gens «libres et propres» qui se proposent d’écrire une page de notre histoire pendant les 23 ans de dictature (1968 à mars 1991) de leur mentor.
Selon la dizaine d’auteurs, sous la conduite de Djibril Diallo, loin d’eux de créer la polémique ou d’aller en confrontation avec qui que ce soit, ce livre répond à un droit d’inventaire, un devoir de mémoire et de vérité sur les 23 ans du régime dictatorial du GMT. Il s’agit d’engager un débat sur une page de l’histoire de notre pays. C’est un ouvrage de 211 pages, structuré en 14 chapitres, édité par «La Sahélienne».
En justifiant la sortie de ce livre, le leader du groupe d’auteurs, Djibril Diallo, a indiqué qu’après mars 1991, beaucoup de contrevérités ont dites et entretenues sur le régime de leur mentor. Il a rappelé notamment la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, qui a occulté les 23 ans de règne de Moussa Traoré et l’indignation suscitée quand le Président IBK a qualifié Moussa Traoré de «grand républicain». C’est pourquoi, il a souligné que ce livre répond à un droit d’inventaire, un devoir de mémoire et de vérité sur ce qui s’est passé durant le 19 novembre 1968 et le 25 mars 1991. «Nous ne voulons aucune confrontation avec qui que ce soit», a-t-il déclaré.
De son côté, Pr Oumar Kanouté a noté que ce livre n’est pas une biographie de Moussa Traoré et que ce n’est pas non plus une histoire du 26 mars. «Ce livre parle de ce qui a été réalisé pendant que Moussa Traoré était au pouvoir. Dans un régime, il n’y a pas que du mauvais. Ce qui a été réalisé sous Moussa Traoré est incontestablement impressionnant. Tous les auteurs du livre sont aujourd’hui des citoyens libres et propres. Aucun de ces auteurs n’a été condamné pour crime économique lors du procès crime économique. Chacun d’eux a été innocenté», a-t-il déclaré. Cependant, il a regretté que certains estiment que ce livre est une falsification de l’histoire. Egrenant un chapelet de réalisations du régime de Moussa Traoré, il s’est inscrit en faux contre cette affirmation.
Même son de cloche chez Issiaka Singaré qui s’est dit étonné qu’ils soient accusés de vouloir falsifier l’histoire. «Ce n’est pas nous qui falsifions l’histoire, ce sont eux», a-t-il déclaré, indiquant qu’ils n’ont pas besoin d’engager la polémique avec qui que ce soit. «Nous n’avons de leçon de patriotisme à recevoir de personne. Ils nous disent qu’on doit raser les murs. Raser les murs pourquoi? Ce que nous avons fait, c’est apporter notre œuvre à l’édification nationale», a-t-il martelé.
Qui sont les auteurs de ce livre?
Le leader de la dizaine d’auteurs est Djibril Diallo, Ingénieur du génie civil et des mines. Il est diplômé de l’Ecole centrale des arts et manufactures de Paris et est titulaire d’une licence d’enseignement de mathématiques pures et d’un DEA de mathématique statistiques. Il fut Directeur général de la Régie du chemin de fer du Mali, de 1969 à 1979, avant d’être ministre des Travaux publics, des transports, de l’urbanisme et de l’habitat, de 1979 à 1982, et ministre d’Etat chargé du développement industriel et du tourisme, de 1985 à 1986. Il a été Secrétaire politique de l’UDPM.
Cheick Oumar Doumbia est ingénieur des ponts et chaussées, diplômé de l’Ecole supérieure d’architecture et de constructions civiles de Weimar en Allemagne. Il fut ministre des Transports, des travaux publics, de l’urbanisme et de la construction en 1988 et 1991.
Amadou Daouda Diallo est inspecteur des finances, diplômé de l’Ecole supérieure de commerce d’Alger. Il a été chargé de mission au Cabinet du Président de la République et chef de Cabinet du ministre de l’Industrie et du commerce en 2003. Il fut Secrétaire général de l’UNJM.
Abdouramane Touré est professeur d’enseignement supérieur de lettres, diplômé de l’ENSUP, il est aussi titulaire d’un DEA et d’un doctorat du Centre pédagogique supérieur en littérature comparée en 1978. Il fut inspecteur général des lettres, professeur à l’ENSUP.
Amadou Issiaka Singaré, professeur émérite, est titulaire d’un doctorat de spécialité du Centre pédagogique supérieur et d’un doctorat d’Etat en lettres de l’Université de Cergy Pontoise. Il fut chef de département lettres de l’ENSUP, de 1978 à 1980, et Directeur adjoint de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de 1980 à 1985 et Directeur général de l’UIG, de 2003 à 2011. Présentement, il est chef de Cabinet du ministre Choguel Maïga.
Il y a également Souleymane Dembélé, ingénieur de la statistique en 1971 et titulaire d’un doctorat de 3e cycle en gestion des entreprises et économie appliquée obtenu en 1980. Il fut ministre du Plan entre 1989 et 1991.
Il y a également Pr Oumar Kanouté, Oumar Issiaka Ba, Jean Bosco Konaré et Modibo Sidibé, tous des grands professeurs et anciens compagnons du régime dictatorial de Moussa Traoré.
Youssouf Diallo