Le Gouvernement note que ces préoccupations essentielles sont sauvegardées dans le projet d’Accord, version du 25 février 2015, que de nombreuses autres dispositions sont encadrées par la loi à la phase de la mise en œuvre, que ces dispositions sont applicables à toutes les régions du Mali, qu’aucune entité politique née d’un regroupement politique n’existe au dessus de la région, explique le Premier ministre.
Selon lui, « le projet d’accord soumis aux parties n’est certes pas parfait, mais il constitue un compromis que nous pouvons accepter tout en restant vigilant quant à sa mise œuvre… Nous souhaitons vivement que les parties maliennes participant aux pourparlers d’Alger acceptent le compromis proposé par l’équipe de médiation, dont l’Algérie est le chef de file, équipe à laquelle nous adressons nos félicitations et nos vifs encouragements. Pour notre part, des instructions ont été données à l’équipe gouvernementale pour qu’elle s’inscrive dans cette dynamique ». La séance n’a pas duré longtemps, car c’était juste une annonce sans réaction possible.
De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius déclare que « l’accord finalisé ce matin à Alger est une excellente nouvelle. Il a dans un communiqué, salué «un texte équilibré et bénéfique pour le pays et la région» et a rendu hommage à l’Algérie pour «sa médiation efficace». Il a salué la décision du président et du gouvernement malien de le parapher et a appelé tous les groupes du Nord à le faire sans délai.
Désapprobation à Bamako
Ce weekend, des organisations de la société civile, comme le Collectif des ressortissants du nord, l’Association des ressortissants de Goundam, des politiques à l’instar de la Cnas-FH de l’ancien Premier ministre Soumana Sako et des Maliens qui ont pris d’assaut les réseaux sociaux ont dénoncé l’accord issu des pourparlers comme étant une mise en œuvre du projet de partition du Mali. Ainsi pour Soumana Sako dont le parti rejette l’accord, il s’agit d’un instrument qui viole la Constitution du 12 janvier 1992, proposant un système confédéral sous le couvert délibérément trompeur de « régionalisation » dans un pays qui n’a pas pu réussir la décentralisation, sapant l’unité nationale ainsi que le caractère républicain, laïc et unitaire de notre Etat, affaiblissant davantage l’Etat central, n’organisant pas le désarmement des groupes armés et la sanction des graves crimes de guerre commis dans le Nord, cautionnant la vassalisation et la perte de souveraineté de notre pays, déstructurant nos Forces Armées et de Sécurité et créant les conditions d’une mise en cause de l’intégrité territoriale du Mali. A titre d’illustration, dit-il, « autoriser les cadis dans la distribution de la justice est une claire violation de la laïcité de l’Etat, tandis qu’amener les soit disant autorités traditionnelles, institutions sociales à légitimité variable, à siéger dans les institutions de l’Etat est une attaque frontale contre la République et une tentative de ramener l’ordre colonial dont notre Peuple a tant souffert ».
Sur les réseaux sociaux, les propos sont pareils, « le document Alger 3 était identique à Alger 4; Alger 5 est écrit différemment mais reprend exactement les même thèmes que le gouvernement malien avait déjà rejeté ».
Une médiation appelle tout le monde 3 fois et à chaque fois on présente le même document écrit avec des retouches par-ci par-là qui ne résolvent pas le fond du problème, indiquent-ils.
Selon des observateurs, l’accord introduit une inégalité entre nord et sud, entre les régions, des considérations contraires à la constitution dans son article 2 qui stipule: « tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ».
Ce document d’Alger comme les 4 autres précédents consacrent la suprématie de certaines régions (et ethnies) par rapport à d’autres. Le manque d’infrastructures (sanitaires, scolaires, routières, etc.) est une réalité partout au Mali; et ne peut être réglé que dans une approche globale; pas favoriser une partie du pays par rapport à une autre. « Si cet accord est signé alors je suis convaincu que Sikasso, Kayes ou Ségou se rappelleront aussi qu’ils ont un besoin accru d’infrastructures. Si on donne 30% des recettes budgétaires à 10% des Maliens, alors quelle part doit être réclamée par les 50% de la population que ces 3 régions représentent? », indique un internaute.
Certains font une comparaison entre les deux parties à Alger. Les rebelles sont venus à Alger avec leur propre document — qui demande ni plus ni moins que l’indépendance.
« Mais contrairement aux rebelles, le gouvernement n’arrive toujours pas à faire sa propre proposition écrite, claire et nette. Quand l’opposition a proposé de l’aider à écrire ce document, le gouvernement a tout fait pour saboter ce processus qui aurait au minimum mit sur la table un plan Malien pour résoudre le problème. Il est temps de remercier les Algériens pour le travail qu’ils ont fait, pour l’esprit de fraternité dont ils ont fait preuve; mais il faut à tout prix éviter un ‘Alger 6’. Il faut commencer d’abord par consolider l’accord de cessez-le-feu et éviter d’autres conflits (ou sources de conflits) dans les mois qui viennent, ajoutent des internautes.
Ousmane Dramé B. Daou
Source: Le Républicain-Mali 2015-03-02 10:25:15