Après avoir confectionné un chronogramme pour la tenue des élections en 2013, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a décidé de surseoir à la révision des listes électorales pour la période allant du 1er octobre au 31 décembre 2012 arguant qu’il ne peut avoir d’élections en 2012.
Pour le Réseau Apem, qui dénonce le caractère subit et unilatéral de cette décision, il s’agit d’une violation des dispositions des articles 32 et 58 de la loi électorale du 4 septembre 2006. La révélation a été faite ce samedi 20 octobre à la faveur d’une conférence de presse tenue à son siège.
Pour son président, Ibrahima Sangho, qui dénonce le silence coupable de la classe politique, le ministre de l’Administration territoriale s’éloigne de plus en plus des attentes du peuple malien à travers cette interruption du processus électoral.
En clair, le Réseau Apem et le ministre de l’Administration territoriale sont désormais en fortes divergences autour de cette révision des listes électorales. Prévue chaque année au mois d’octobre, cette révision n’aura donc pas lieu cette année.
Le ministre de tutelle, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, qui s’appuie sur le motif de la crise sécuritaire au nord, a véritablement du mal à asseoir la confiance entre son département et certains partis politiques et organisations de la société civile impliquées dans le processus électoral.
Le Réseau Apem, qui s’inquiète de cet état de fait, estime que les deux missions du gouvernement de transition (à savoir la reconquête du territoire et les élections) doivent aller de pair. « Nous avons alerté depuis juin 2011 sur les menaces sur le processus électoral, nous n’avons pas été écoutés », déplore le Réseau Apem, qui dénonce le manque d’esprit de prévision des autorités.
« Nous avions exprimé la crainte d’un vide constitutionnel, les risques de troubles sociopolitiques, l’instabilité politique à travers les prémisses de prolongation illégale des mandats et la politisation de la société civile qui complotait aussi contre le peuple malien à travers son credo de Ravec ou rien. Malheureusement notre cri est tombé dans l’oreille du sourd », regrette le président du Réseau.
Ibrahima Sangho, qui reste convaincu que le processus électoral doit suivre son cours normal, recommande la publication dans les plus brefs délais du chronogramme électoral, la relecture de la loi n°06-0044 du 4 septembre 2006 modifié portant loi électorale pour un meilleur encadrement des élections à venir, la création de structures pérennes professionnelles en remplacement des commissions administratives, l’allocation d’un traitement conséquent aux agents de ces structures.
Aussi, pour la réussite du processus électoral, le Réseau Apem plaide pour la mise en œuvre de véritables programmes d’information, d’éducation, de sensibilisation et de communication des citoyens autour du processus électoral qui est un cycle connu, la poursuite du dialogue autour du processus d’élaboration d’un fichier fiable et consensuel avec toutes les parties prenantes, et l’adoption d’une révision exceptionnelle des listes électorales, en indiquant la période de tenue des électorales
Le Réseau Apem a profité de cette tribune pour inviter les partenaires du processus électoral à accompagner le Mali en cette période de crise.
Issa Fakaba Sissoko
L’Indicateur Du Renouveau 22/10/2012