Malgré leur dispersion sur terre, leur diversité et leurs différences, les êtres humains dans leur existence, ne peuvent tout naturellement pas se passer de l’interdépendance. Malheureusement, l’histoire a montré qu’au lieu d’une interdépendance pour un monde égalitaire, les Africains ont été victimes d’une hégémonie. Mus par les stéréotypes et le profit, les asservisseurs ont créé les conditions de tout ce que l’Afrique a enduré.
Une Afrique, berceau de l’humanité et de la civilisation qui est aujourd’hui devenue un continent qui tâtonne. Elle a vécu une succession de tragédies, du commerce triangulaire à l’apartheid en passant par la colonisation. Cependant, de nos jours, les causes des problèmes de l’Afrique ne sont pas qu’exogènes, elles sont surtout endogènes. Raison pour laquelle, l’africain d’aujourd’hui doit se ressaisir, se départir du complexe, de l’incivisme, du pessimisme et faire preuve d’un patriotisme constant pour faire face aux grands défis du 21ème siècle.
Pendant que nous sommes à l’ère de la mondialisation, l’Afrique peine encore à trouver ces marques. Il est impérieux que chaque acteur joue sa partition dans la gouvernance démocratique pour contribuer à juguler et à éradiquer les maux qui minent le développement de l’Afrique. Cela ne peut se faire qu’en améliorant la déplorable coexistence entre majorités et oppositions. Ces dernières doivent avoir une approche constructive de leur rôle et se positionner en alternative crédible. Elles doivent s’inscrire dans une logique de proposition, et non celle de contestation systématique.
Aujourd’hui, l’Afrique est même victime de la turpitude d’une certaine société civile. Nombreux sont les imposteurs tapis dans la société civile qui surfent sur l’afro-pessimisme ambiant sur fond de propagande prétentieuse pour se sucrer. Ce sont des véritables globe-trotteurs qui sautent d’un pays à un autre, d’un continent à un autre, au nom de l’altermondialisme et d’un simulacre de solidarité avec l’Afrique, pour organiser ou assister à des forums et autres activités pour se servir de l’Afrique.
Cette Afrique qui jadis, à travers des grands hommes et des grandes dames de la diaspora et du continent a commencé la lutte pour sa liberté, sa dignité, son indépendance et son intégration. Plusieurs mouvements traversés par des courants politiques et idéologiques comme le mouvement des droits civiques aux États-Unis, la décolonisation, le mouvement panafricaniste et celui de la Négritude ont été avant-gardistes, formateurs et mobilisateurs.
C’est l’occasion de rendre un vibrant hommage à des grands défenseur(e)s de la cause africaine. Des militants, des penseurs et des leaders comme Henri Sylvester-Williams, Toussaint Louverture, George Padmore, Martin Luther King Jr, Marcus Garvey, William Edward Dubois, Rosa Parks, Maya Angelou, Angela Davis, Kwame N’Krumah, Jomo Kenyata, Sékou Touré, Modibo Keita, Djibo Bakari, Mandela, Patrice Lumumba, Julius Nyerere, Gamal Abdel Nasser, Césaire, Damas, Cheikh Anta Diop, Steve Biko, pour ne citer que ceux-là .
Tous ces grands hommes et ces grandes dames se sont dévoués pour la dignité, la liberté et l’unité de l’Afrique. La création de l’Organisation de Unité Africaine (OUA), devenue aujourd’hui Union Africaine (UA) est une suite logique de toute cette prise de conscience et de ce combat. Malgré que l’OUA ait plus mis l’accent sur la coopération entre Etats, les dirigeants africains panafricanistes d’antan ont beaucoup insisté sur l’intégration africaine. A l’époque, le débat s’était plus focalisé sur des considérations politiques et idéologiques exacerbées par la guerre froide.
Aujourd’hui, si l’Afrique veut relever les défis de son développement et peser de son poids dans la mondialisation, elle doit réussir son intégration économique. Comme l’a dit à juste titre Issoufou Mahamadou, Président du Niger, » si le panafricanisme politique a dominé le 20ème siècle, le panafricanisme économique dominera le 21ème siècle ». Sa conviction à ce sujet est claire : » il nous faut réussir l’intégration économique du continent et il appartient à notre génération de leaders de relever ce défi », a-t-il déclaré. Effectivement, l’Afrique a besoin de tous ses leaders dont l’engagement et le patriotisme vont au-delà de leurs pays respectifs pour servir la patrie élargie qu’est l’Afrique.
A l’image des autres peuples, les Africains aspirent aussi au bien-être, mais c’est à eux de créer les conditions pour en jouir. L’une d’elles est l’intégration économique du continent, car « on est jamais mieux servi que par soi-même ». C’est pourquoi, le sommet de l’UA au Niger qui va consacrer le lancement officiel de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECA) est historique à plus d’un titre. Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger et champion de la ZLECA a conduit avec brio et conviction ce processus de bout en bout. L’histoire retiendra que c’est avec lui et ses pairs que les jalons de l’intégration économique du continent ont été posés au Niger. Comme quoi, le bon leader est celui qui montre le bon chemin.
Zakaria Abdourahaman