L’enveloppe allouée pour la période 2021-25 devrait considérablement renforcer les mesures d’adaptation et la résilience. Ainsi, le 3 décembre 2018, jour de l’ouverture de la COP24, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé un nouvel ensemble de cibles en faveur de l’action climatique pour la période 2021-2025. Cela en portant ses investissements actuels sur cinq ans à 200 milliards de dollars environ. Dans le but d’aider les pays à engager des mesures ambitieuses pour le climat.
En effet, face aux effets grandissants du changement climatique sur la vie et les moyens de subsistance des populations, surtout les plus démunies, ce nouveau plan va considérablement renforcer les mesures de soutien à l’adaptation et à la résilience. Il constitue également un changement d’échelle remarquable des ambitions de l’institution, qui invite la communauté internationale à faire de même.
«Le changement climatique menace la survie des populations les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. Ces nouvelles cibles, qui impliquent d’investir et de mobiliser 200 milliards de dollars en cinq ans pour combattre le changement climatique, démontrent le sérieux avec lequel nous prenons cet en jeu» souligne dans un communiqué Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. «Nous nous obligeons à faire plus et plus vite sur le front du climat et appelons la communauté internationale à suivre notre exemple. Il sagit de donner aux pays et à leurs habitants les moyens de construire un avenir moins menaçant et moins exposé aux effets du changement climatique» ajoute-il.
En effet, selon la note de la Banque mondiale, lenveloppe de 200 milliards de dollars sera composée pour moitié environ de financements directs de la Banque mondiale (BIRD/IDA), les 100 milliards restants étant constitués de financements directs de la Société financière internationale (IFC) et de lAgence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) ainsi que des fonds privés mobilisés par le Groupe.
50 milliards de dollars par an pour la période 2021-2025
Ainsi, consciente que des millions dindividus dans le monde subissent déjà les conséquences dramatiques de phénomènes climatiques toujours plus violents, linstitution a fait des projets dadaptation lune de ses cibles prioritaires. En portant le soutien financier direct aux mesures dadaptation à près de 50 milliards de dollars par an pour la période 2021-2025, le Groupe de la Banque mondiale va, pour la première fois, leur accorder la même importance quaux investissements visant à réduire les émissions de gaz à effets de serre.
«Le changement climatique a des effets dramatiques sur la survie et les moyens de subsistance des populations. Nous devons combattre les causes du phénomène, mais aussi nous adapter à ses conséquences, qui touchent souvent de manière disproportionnée les plus pauvres, commente Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale. Cest la raison pour laquelle la Banque mondiale sengage à porter ses financements climatiques à 100 milliards de dollars, dont la moitié iront à la construction dhabitations, décoles et dinfrastructures plus adaptées et à des investissements dans une agriculture à lépreuve du climat, une gestion durable des ressources en eau et des filets sociaux adaptatifs. »
Ces nouveaux financements seront garants du caractère systématique des mesures dadaptation. Cela sachant que la Banque mondiale va mettre au point un système dévaluation pour suivre les progrès réalisés dans le monde et pousser à laction. Il sagira donc, daméliorer la fiabilité des prévisions, les systèmes dalerte précoce et les services dinformation sur le climat. Cela afin daider quelque 250 millions dhabitants dans 30 pays en développement à mieux anticiper les risques climatiques. Les investissements attendus contribueront par ailleurs à déployer des systèmes de protection sociale plus réactifs dans 40 pays et à financer des investissements dans une agriculture climato-intelligente dans 20 pays.
Financer des énergies renouvelables
« Pour le secteur privé, les opportunités dinvestissement dans des projets qui contribueront à sauver notre planète représentent des milliers de milliards de dollars » souligne Philippe Le Houérou, directeur général dIFC. Pour lui, «il nous incombe de mettre au jour ces opportunités et daider à les concrétiser en faisant appel à nos instruments de réduction des risques et en attirant des investissements privés. Nous allons redoubler defforts pour le financement des énergies renouvelables, les bâtiments économes en énergie, lagro-industrie climato-intelligente, les transports en ville, l’eau et la gestion des déchets urbains. »
Ces nouveaux objectifs sont ancrés dans le Plan d’action sur le changement climatique adopté en 2016 par le Groupe de la Banque mondiale.
Pour rappel, en 2018, l’institution a accordé 20,5 milliards de dollars de financements climatiques, un montant record qui double les engagements pris un an avant l’accord de Paris et permet d’atteindre avec deux ans d’avance l’objectif quelle s’était fixé pour 2020.
Le Groupe de la Banque mondiale continuera d’intégrer la question climatique dans toutes ses opérations. Il s’attachera pour cela à examiner chaque projet en fonction de son impact sur le climat et à concevoir des mesures d’atténuation adaptées, mais aussi à indiquer les chiffres bruts et nets démissions de gaz à effets de serre et à appliquer à tous ses investissements un prix du carbone virtuel.
Trois secteurs clés visés
Le Communiqué note que pour renforcer l’impact global à l’échelle des pays, le Groupe de la Banque mondiale soutiendra la prise en compte des enjeux climatiques dans la planification des politiques et la définition des investissements et dans les phases de mise en œuvre et dévaluation. Il aidera également une vingtaine de pays à appliquer et actualiser leurs contributions nationales et s’engagera davantage aux côtés des ministères des finances pour concevoir et mettre en œuvre des politiques transformatrices reposant sur des mesures à faible intensité de carbone.
Dans trois secteurs clés, les initiatives porteront notamment sur plusieurs aspects.
Dans l’énergie, il s’agit du soutien à la production, l’intégration et à la construction d’infrastructures d’énergies renouvelables dune puissance totale de 36GW et, grâce à des mesures d’efficacité énergétique, à la réalisation de 1,5 million de GWh d’économies.
Pour les Villes, il s’agira d’aider 100 d’entre elles à aménager l’espace de manière durable et sobre en carbone et à opter pour un développement favorisant les transports en commun et le covoiturage.
Pour l’alimentation et l’utilisation des terres, le projet optimisera la gestion intégrée des paysages dans une cinquantaine de pays pour une superficie atteignant jusqu’à 10 millions d’hectares de forêts.
Dieudonné Tembely