Au moment où la Cour constitutionnelle, saisie pour la cause par le 1 er vice-président de l’institution parlementaire, Younoussi Touré, émet un avis de non-vacance et de non-incompatibilité du poste, la partie est loin d’être close entre les protagonistes à l’Assemblée nationale, qui n’est pas forcement liée audit arrêt. Les concertations vont bon train au niveau des groupes parlementaires pour voir si oui ou non il y a lieu de procéder à l’élection d’un président de l’Assemblée nationale en remplacement du Pr. Dioncounda Traoré. C’est de ces concertations que sortira la décision souveraine qui sera portée à la connaissance du bureau. Déjà, du côté de l’Union pour la République et la démocratie (URD), on avait commencé à se frotter les mains à la tombée de la nouvelle le vendredi dernier, croyant que c’était un blanc-seing des juges constitutionnels pour son président et également 1 er vice-président de l’Assemblée nationale d’assurer dans l’ordre de préséance les charges du perchoir.
Mais les choses sont loin d’être terminées, assure-t-on du côté de l’Adéma, qui tient au poste comme à la prunelle de ses yeux. Les partisans de Dioncounda Traoré, qui ont reçu hier une délégation des griots du district, conduite par Cheick Oumar Soumano –venue pour une éventuelle médiation entre les deux formations politiques- font prévaloir un accord établi entre les deux partis depuis 2007, dans lequel il est dit que le perchoir revient à l’Adéma. Mieux, avance-t-on du côté de Bamako-Coura, dans le bureau de l’Assemblée nationale, l’URD avec ses 27 députés s’est taillée une quinzaine de postes contre une douzaine pour l’Adéma, qui en compte pourtant 53. L’Adéma dit même s’être départie de certains postes au profit d’autres alliés. Ce n’est pas tout, car, les Abeilles enseignent que partout où les deux partis étaient en alliance et que décès est survenu en cours de mandat du côté des Unionistes, les Ruchers se sont abstenus de présenter un candidat pour la succession et ont toujours soutenu le nouveau prétendant du parti de la poignée de mains. On cite les cas de Goundam et de Kati.
Mais de toutes ces vérités, l’URD ne veut rien comprendre de la part de son allié. Elle croit que l’Adéma en a assez eu (présidences de la République et du Haut conseil des Collectivités locales) pour au moins lui concéder ça. Et si d’aventure les Ruchers venaient à s’entêter pour occuper coûte que coûte le perchoir, alors le parti de Soumaïla Cissé entend faire un clash qui consistera à quitter et le bureau de l’Assemblée nationale et le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR). Il semble que c’est cette vérité qui a été martelée à la délégation que l’Adéma avait envoyée aux Unionistes pour tenter de leur faire comprendre sa position.
Les Ruchers se disent surpris par une telle réaction d’un ‘’allié qu’ils avaient toujours respecté et qu’une telle attitude est loin d’être responsable’’. On s’interroge sur le fait que l’URD ait lié aussi sa participation au FDR à une question de perchoir !
En tout état de cause, la messe est loin d’être dite et le clash pourrait être inévitable entre les deux grosses pointures de l’échiquier politique.
Abdoulaye Diakité
L’ Indicateur Du renouveau 12/06/2012