Absent au symposium national sur le football (5-7 mars 2024), pour des raisons indépendantes de sa volonté, le doyen Diomansi Bomboté a néanmoins tenu à jouer sa partition (à travers une tribune remise aux organisateurs) dans la profonde réflexion souhaitée pour diagnostiquer sans complaisance les obstacles qui éloignent les Aigles d’une consécration continentale, d’une couronne de champions d’Afrique comme les Aiglons et les Aiglonnets. Manque d’organisation rationnelle et de transparence dans la gouvernance de la discipline, le non-respect des textes créant des frustrations et des divisions, le manque de vision et de leadership… sont entre autres obstacles diagnostiqués dans sa tribune.
«Je suis un observateur du football au Mali et un supporter de ses équipes… Comme journaliste, j’ai souvent écrit sur le football au Mali, ailleurs en Afrique et même dans le monde. J’essaie de me tenir au courant des compétitions de toutes catégories ici et ailleurs. Je ne suis donc pas indifférent à son sort», a précisé Diomansi Bomboté pour justifier cette «contribution personnelle».
Journaliste et communicateur chevronné, le doyen enseigne à l’Ecole de journalisme et des sciences de la communication du Mali (ESJSC/MALI). Cet observateur averti du sport, du foot notamment, a aussi rappelé, «ma prise de parole ici est le témoignage de notre engagement commun envers le développement et l’épanouissement de notre sport bien-aimé». Et d’ajouter, «en tant que passionnés du football, nous partageons tous le même rêve : voir notre pays briller sur la scène internationale, tant sur le plan sportif que sur le plan organisationnel». D’où l’urgence de s’attaquer de «manière proactive» aux «défis majeurs qui entravent actuellement la croissance de notre football».
Dans sa tribune, M. Bomboté a touché du doigt plusieurs handicaps, des obstacles à franchir pour le développement et la performance de notre sport-roi. A commencer par «l’absence d’une organisation rationnelle et rigoureuse». En effet, selon le spécialiste, «le football malien, malgré son potentiel indéniable, souffre d’une gestion qui laisse à désirer… Il est impératif que nous instaurions une structure opérationnelle solide, transparente et efficace».
Le viol des textes est source de frustration et de division
Le non-respect des textes qui régissent le football est aussi, selon Diomansi Bomboté, l’un des «problèmes majeurs» qui affectent le foot malien. Il a mis en relief «l’application incohérente des règlements en vigueur» rappelant que, trop souvent, «certains responsables de club se sentent lésés et impuissants face à des décisions perçues comme injustes». Ce qui, selon le journaliste chevronné et le communicateur émérite, «crée un climat d’insatisfaction et peut nuire à l’intégrité de notre sport». Il est alors essentiel, a-t-il recommandé, d’établir «une véritable culture de respect des règlements qui encadrent la gestion de notre football». Et de poursuivre, «nous devons nous assurer que les règles sont appliquées de manière équitable et transparente, sans faveur ni discrimination».
«Il est urgent de renoncer à certaines pratiques condamnables qui ont fait trop mal et qui constituent des sources de découragement et de démobilisation des bonnes volontés. C’est notamment le cas d’inacceptables passe-droits, du clientélisme, du laxisme, des connivences malsaines», a dénoncé le professeur de journalisme et de communication. Dans sa tribune, le doyen a aussi jeté un regard sans complaisance sur le travail de ses confrères. «Combien de rédactions, tous médias confondus, possèdent-elles un recueil des 17 lois qui régissent la pratique du foot ? C’est aussi là l’une de nos tares dramatiques consistant à s’égosiller sur des sujets qu’on ne maîtrise pas», a-t-il déploré.
Malheureusement, a déploré le doyen, «le football n’est pas le seul champ de telles spéculations hasardeuses… assaisonnées d’indignes insanités». Comme solution aux maux diagnostiqués, il a aussi préconisé la mise en place d’un «comité d’experts» par le ministère de la Jeunesse et des Sports pour «réfléchir en profondeur sur la situation actuelle de notre football». Il sera surtout chargé «d’analyser les lacunes existantes, d’identifier les meilleures pratiques à l’échelle mondiale et élaborer des recommandations spécifiques pour l’amélioration de notre football». Les recommandations de ce comité pourront servir de «document exhaustif de travail» débattu au cours d’un séminaire permettant aux acteurs (responsables de clubs, joueurs, supporters, journalistes…) d’apporter «leur expertise unique» à la réflexion ainsi engagée.
L’indispensable assainissement de la gouvernance du foot malien
Pour le respect des textes, il a recommandé la mise en place d’un «mécanisme de surveillance et de responsabilisation» pour «garantir l’intégrité du processus décisionnel». Le doyen a aussi préconisé la formation continue des arbitres et des responsables administratifs sur les règlements en vigueur. Cette formation, de l’avis de l’observateur averti du management du football, est «cruciale pour éviter toute interprétation erronée» des textes.
«Au Mali, l’indispensable confiance entre partenaires et acteurs exige l’assainissement sans état d’âme de la gouvernance du football», a souligné Diomansi Bomboté dans sa tribune. Ce qui n’est pas au-dessus «des capacités de personnes consciencieuses qui aiment servir le football et non s’en servir ; des personnes qui sont imprégnées d’un sens aigu de la dignité, de l’honneur, de la fierté et du prestige légitime d’être au service de leur pays». Pour le doyen, le football malien a aujourd’hui besoin d’un «leadership impartial doté d’une vision et de convictions politiques responsables et solides faisant de la justice une obsession».
Dans sa tribune, Diomansi Bomboté a tenu à rappeler aux uns et aux autres que «notre responsabilité envers le football malien est immense». C’est à ce titre que le symposium offrait aux acteurs et aux experts «l’opportunité et le devoir de modeler l’avenir de notre sport, de le guider vers des sommets inexplorés et gratifiants». Pour y parvenir, a-t-il indiqué, «nous devons œuvrer la main dans la main, surmonter nos différences et nous engager envers l’excellence avec un cœur et un esprit allergiques à toute mesquinerie…». Et le doyen de conclure, «ensemble, nous pouvons créer un environnement propice à la croissance, à l’équité et à l’intégrité dans notre football. C’est un défi de taille, mais notre passion partagée pour le football nous guidera vers un avenir où notre pays brillera sur toutes les scènes sportives» !
Telle est l’intime conviction de Diomansi Bomboté qui, soucieux du renouveau et de performance de notre sport-roi, vient ainsi de livrer son diagnostic et de proposer ses remèdes. La balle est maintenant dans le camp des acteurs !
Moussa Bolly