Ankara – Le ministre turc des Affaires étrangères a exhorté lundi l’Union européenne à relancer le processus d’adhésion de la Turquie, estimant que le bloc resterait incomplet tant que son pays n’en ferait pas partie.
Parlant à l’ouverture d’une conférence à Ankara réunissant les ambassadeurs turcs, Mevlut Cavusoglu a appelé l’UE à ouvrir de nouveaux chapitres dans les négociations d’accession de la Turquie en levant les obstacles artificiels à l’adhésion de notre pays.
M. Cavusoglu a aussi affirmé que la Turquie s’attendait à une mise en oeuvre immédiate de la libéralisation de visas permettant à ses ressortissants de voyager librement dans l’espace Schengen.
Nous avons joué un rôle important dans le passé de l’Europe et nous allons le faire à l’avenir. Une Europe sans la Turquie est incomplète, a-t-il ajouté.
L’adhésion à l’UE reste un choix stratégique pour Ankara, a également déclaré lundi le président Recep Tayyip Erdogan, insistant néanmoins sur le fait que la Turquie n’accepterait pas les politiques incohérentes et les doubles standards de l’UE à son égard.
L’UE et Ankara entretiennent des relations tendues depuis le coup d’Etat avorté du 15 juillet en Turquie et la répression qui a suivi.
Aux yeux de l’UE, la Turquie ne remplit toujours pas tous les critères qui justifieraient l’exemption de visas Schengen pour ses ressortissants, alors que le pacte migratoire UE-Turquie conclu en mars prévoyait d’accélérer ce processus de libéralisation.
Par ailleurs le Parlement européen a voté le 24 novembre une résolution – non contraignante – demandant le gel provisoire des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, ce que le président turc a vivement dénoncé, brandissant la menace de laisser passer à nouveau les migrants vers l’Europe.
La grande majorité des pays membres de l’UE se sont prononcés contre un tel gel, mais dans les circonstances actuelles, l’ouverture de nouveaux chapitres dans les négociations d’adhésion n’est pas envisagée, a souligné le 13 décembre la présidence du Conseil de l’UE.
MM. Cavusoglu et Erdogan ont en outre affirmé que la Turquie s’attendait à des meilleures relations avec les Etats-Unis après l’entrée en fonctions du président élu Donald Trump.
Les relations entre les deux pays sont plombées depuis plusieurs mois par des désaccords sur les milices kurdes syriennes en Syrie (YPG) qu’Ankara considère comme des groupes terroristes alors que Washington y voit un allié sur le terrain dans la lutte contre le groupe Etat islamique.
Nous croyons que les Etats-Unis ne vont pas continuer à commettre les même erreurs faites par le passé, a dit le ministre des Affaires étrangères.
Je crois que le dialogue avec Trump va être renforcé de part et d’autre et que des progrès seront réalisés sur les dossiers régionaux, a pour sa part déclaré M. Erdogan en s’adressant aux ambassadeurs.