Mercredi dernier, au cours d’une rencontre ayant réunis combattants, politiques et notables de Kidal, la CMA a émis d’assez nombreuses réserves, frisant le refus de parapher le document issu de la médiation : une trentaine de pages de réserves contre douze pour le gouvernement malien (lire notre édito).
Cette rencontre de Kidal, la semaine dernière (mercredi et jeudi) a donné lieu à des travaux en commissions, selon nos sources. « Toutes les commissions qui ont travaillé sur le document pensent qu’il ne peut apporter la paix », déclarait hier à Reuters, Moussa Ag Assarid, représentant de la CMA auprès de l’Union européenne. Notre confrère du Reuters note : « Les rebelles touaregs du nord du Mali, après consultation de leur base, ont rejeté l’accord de paix préliminaire proposé le 1er mars à Alger, estimant que ce texte ne s’attaquait pas aux racines du conflit ». La CMA compte « poursuivre les discussions avec Bamako pour trouver un document acceptable et réaliste », a-t-il ajouté. Ce qui parait paradoxale après huit mois de négociations.
La CMA déplore que pendant huit mois de négociations, elle n’ait jamais de négociations directes avec Bamako. Ce qui sonne comme un désaveu de la médiation algérienne, que de réclamer aujourd’hui des négociations directes entre maliens, et sans la médiation. Moussa Ag Assarid a précisé à Reuters, que la direction de la CMA remettrait sa réponse détaillée aux diplomates qui doivent se rendre ce mardi à Kidal, dans le nord-est du Mali.
Malgré tout, à la veille de sa visite à Kidal, la médiation se veut rassurante, quant à la position des membres de la CMA. «Ils vont annoncer demain [mardi, 17 mars], leur décision de parapher l’accord », indiquent des sources proches de la médiation algérienne. Qu’en sera-t-il des réserves ? «
La négociation est terminée, la décision de signer sera annoncée demain [mardi, 17 mars] », indique-t-on. Ainsi tout le dispositif de la médiation sera au grand complet à Kidal, ce mardi, de la Minusma à l’Union européenne, passant par le Médiateur algérien. Mongi Hamdi (ONU), Richard Zink (Union européenne), Aboudou Cheaka Touré (Cedeao), Ramtane Lamamra (Algérie), Pierre Buyoya (Union africaine), etc. Les patrons de ces organisations et les représentants des Etats membres de la médiation seront tous au grand rendez-vous de la paix à Kidal. A cet effet, il n’est pas permis d’imaginer un scenario de volte-face de la CMA.
Cependant, on note que face au gouvernement malien, la CMA est parvenue à focaliser sur elle toute l’attention de la communauté internationale, en jouant la prolongation et du dilatoire. La médiation qui s’est précipitée dès le 1er mars, à organiser une cérémonie de paraphe, qui du reste a été boudée par la CMA, s’est trouvée à nouveau dans l’impasse, jusqu’à ce jour, alimentant des supputations. Mais ce paraphe a permis de mettre fin à un marathon de médiation de huit mois et cinq round, et que seul la compréhension que la paix n’a pas de prix, permet de contenir.
B. Daou
Source: Le Républicain-Mali 2015-03-16 20:29:39