Dès l’entame du mandat du président IBK, qui avait suscité beaucoup d’espoirs pour les Maliens, en référence aux très bons taux obtenus aux premier et deuxième tours de l’élection présidentielle 2013, la mal gouvernance s’est installée à la vitesse d’un TGV dans la gestion des affaires de l’Etat.
De nombreux pignons, susceptibles de permettre au gouvernement de fonctionner pour le plus grand profit des maliens, se sont cassés, incapables de soutenir le poids des dérapages.
Sur le site web de la présidence «www.koulouba.ml », on peut encore lire que le gouvernement s’est fixé, à l’horizon 2018, dans le cadre de son programme économique, les objectifs suivants : porter le taux annuel de croissance économique à deux chiffres, en d’autres termes, à au moins 10% et créer 200.000 emplois.
En dépit d’intempestives campagnes médiatiques autour des 200.000 emplois créés, difficilement vérifiables, le constat est que la jeunesse reste encore au bord de la route, attendant toujours des emplois qui tardent à venir. Quant au taux de croissance d’au moins 10% annoncé, force est de constater que ce taux est loin d’être atteint, on est autour des 5%.
Ce site n’est pas continuellement et professionnellement bien renseigné, car on aurait dû apporter des corrections sur de nouvelles bases, conformes à la réalité du terrain, pour afficher un taux réaliste et réviser le nombre d’emplois créés, pour prendre en compte le dépassement des prévisions, claironné sur tous les toits par le ministère de l’Emploi.
La gestion des ressources humaines a été catastrophique dans ce mandat du président IBK. Ce qui vaut en matière de gestion de ressources humaines pour les entreprises vaut aussi pour la gestion des hommes dans le gouvernement. La faillite de la gestion des ressources humaines a amené le président à changer 5 fois de Premier ministre, des ministères aussi ont changé de ministre 3 voire 4 fois, alors que l’on peut difficilement tenir le compte des changements de Conseillers techniques, de Directeurs de services.
Par exemple, EDM est à son troisième Directeur, en quatre ans. Handicapant pour une entreprise en difficulté, en nécessité d’avoir un plan stratégique bien défini, élaboré par la Direction et devant être adopté par le Conseil d’administration. A chaque changement de Directeur général, on recommence le processus, chacun voulant apporter sa touche propre, même si cela n’est pas nécessaire.
Pouvait-on, dans ces conditions, avoir des résultats à la mesure de l’enthousiasme du peuple malien!
Cette gestion des hommes nous renvoie au problème du pilotage à vue et aux choix successifs de solutions toujours bancales et aléatoires qui, au final, ressemblent davantage à du saupoudrage, avec pour seul objectif d’enluminer.
Ce manque de stabilité, de vision et donc de planification stratégique a conduit à la création du Programme Présidentiel d’Urgences Sociales. L’essentiel des ministres se sont engouffrés dans ce programme, sans retenue, comme si c’était la panacée, au nom de la réussite du mandat.
Ce programme est un couteau à double tranchant, et le côté le plus tranchant est d’être en porte à faux avec les déclarations médiatiques. Par exemple, s’agissant des zones d’électrifications rurales, le ministre de l’Energie a déclaré sur l’ORTM qu’EDM allait s’occuper de ces zones. A ce jour, cela n’est pas encore fait, et même si cela devrait arriver, EDM est une société en crise et en tension de trésorerie, il est inopportun de transférer sur elle un problème dont elle n’a pas la solution. Il y a eu certes quelques petits transferts sur papier mais les sociétés ne sont pas encore arrivées à récupérer les montants des cessions des centrales d’énergie rurale.
Ce que les populations attendent, c’est l’amélioration réelle de leur cadre de vie. Dans ces zones rurales, le client qui consomme 50 kwh, paye 12 500 FCFA alors que celui qui est à Bamako sur le réseau EDM paye pour les mêmes 50 Kva 2 950 FCFA. Dans la zone rurale, c’est entre 220 et 250 FCFA le kwh alors que sur le réseau EDM pour le même type de consommateur c’est 59 FCFA le Kwh.
En d’autres termes le consommateur de la zone rurale paye 9 550 FCFA de plus que celui qui est sur le réseau EDM. Si cette consommation atteint 100 Kw/h, dans la zone rurale c’est toujours 250 FCFA/Kwh soit 25.000 FCFA alors que sur le réseau EDM pour les mêmes 100 Kwh avec 2 tranches de 50 Kwh aux prix de 59 FCFA, la première tranche de 50 Kwh reviendra à 2 950 FCFA et 94 FCFA/Kwh pour la deuxième tranche de 50 Kwh, soit 4700 FCFA. Tandis que le rural paye 25.000 FCFA pour les 100 Kwh, le consommateur du réseau EDM paye 7 650 FCFA (2 950 FCFA + 4 700 FCFA) pour les mêmes 100 Kwh, soit une différence de 17.350 FCFA !
Ce sont des faits qui ont certes existé avant IBK, mais un président et son gouvernement doivent prendre la mesure rapide de ces inégalités criardes pour y apporter les équilibres indiqués, non pas à mettre le problème sur le dos d’EDM qui n’arrive plus à supporter tous les fardeaux.
Cette différence de prix existe entre le réseau EDM et tous les villages et petites villes. Et quelle désinvolture et quelle insouciance chez ces décideurs dont les mesures sont à l’origine de pareilles distorsions, entre ceux qui sont les plus pauvres, les ruraux, condamnés à payer plus et ceux qui sont les plus aisés, les citadins, abonnés de luxe, à moindre coût.
La visite du président IBK à Ségou et à Markala, non pas dans la région de Ségou, est parfaitement illustrative de la mal gouvernance. Embellir la ville de Ségou est certes bien mais pas par un échangeur et quelques petits 10 km de route qui ont coûté plus de 23 milliards de FCFA. On aurait dû faire quelques kilomètres de route avec un carrefour et des feux de signalisation hybrides (solaire/ électricité). Cela aurait suffi, au regard des véritables priorités de l’heure.
Cette façon d’investir est le propre de bon nombre de présidents africains plus enclins au tape à l’œil et à la duperie pour obtenir les faveurs d’un électorat naïf pour un second mandat. Ce n’est pas ça le « Mali d’Abord ». Ici, le « Mali d’abord » devrait être par exemple de construire des salles de classe équipées, de financer des formations de mise à niveau pour les enseignants.
Avec 23 milliards de FCFA, l’on pourrait construire au moins 2 300 salles de classe, ce qui permettrait de recruter plus d’enfants ou de réduire le nombre d’élèves par classe, avec le double avantage de les mettre dans les meilleures conditions d’étude et d’aller vers l’atténuation de l’épineux problème du très faible niveau de nos élèves. Ce montant aurait aussi pu financer la construction de la résidence universitaire, des restaurants et une vraie bibliothèque sur le campus de l’université de Ségou, qui reste au stade des promesses. Enfin, ce pactole aurait tout aussi bien financé une grande école d’ingénieurs avec des équipements et des technologies de dernière génération.
Monsieur le Président, vous avez sans doute déjà visité quelques villages maliens. Vous avez aussi vu les conditions déplorables de vie et d’étude des enfants. Vous avez vu mais vous n’avez pas senti. Le sens de l’empathie n’est pas donné à tout le monde. Il sied davantage à ceux qui ont engrangé une expérience humaine profonde et multiple. Eux ont également le sens de la gestion et des dépenses utiles, celles qui soulagent véritablement le peuple, en lui offrant des conditions d’une vie décente.
Comment sentir la détresse des villageois, quand vos visites sont marquées du sceaux de l’ostracisme, privilégiant certains villages sur d’autres !
L’ORTM nous a montré lors de la visite du président à Markala un pont reprisé et repeint. Il semblerait que c’est le président IBK qui a débloqué un milliard. Là encore, nous appelons à la décence. Que l’on soit du camp d’IBK, de celui de l’Opposition ou de la Société civile, gardons le sens de nos valeurs, en l’occurrence, celui de la vérité, IBK n’a pas mis son propre argent dans ces travaux, ce milliard provient des fonds publics.
Ayons un peu d’égard et de respect les uns pour les autres. Et surtout soyons à la hauteur des valeurs démocratiques que nous prônons sans cesse dans nos discours et autres interventions. Laisser croire que le président de la République y est allé de sa poche pour financer des travaux publics, équivaut tout simplement à des manœuvres électoralistes mais, plus grave encore, consiste à donner de notre République une image anachronique des années 60.
Ce milliard, c’est la contribution de tous, ce sont les impôts et taxes que nous payons tous. Le salaire du président ne lui permet pas de telles prodigalités. Si c’est sur les fonds spéciaux de la présidence, c’est toujours de l’argent public
En tout cas, si c’est IBK qui a financé, c’est dire que le ministère de l’Agriculture a été défaillant, incapable de budgétiser une pareille dépense pour une infrastructure aussi importante que le barrage de Markala, alors même que le budget de l’Agriculture est monté à 15% du budget national, donc, c’est encore de la mal gouvernance.
Le problème c’est que beaucoup de cadres maliens sont versés dans l’alimentaire et n’arrivent plus à dire leurs opinions de techniciens aux chefs et pourtant leurs compétences sont prouvées quand ils ne sont pas sous le joug des politiciens. A ceux-ci, nous disons : gardez votre liberté d’opinion, apportez vos compétences sans détours, « le politicien est saisonnier, le technicien est permanent »
Le Programme d’urgences doit être fait pour des difficultés ponctuelles, conjoncturelles. Un programme gouvernemental doit être un programme structurel avec des calculs économiques et sociaux d’avantage-coût. Quand tout devient urgent, on ne sait plus prioriser et on va à vau-l’eau.
Pour mieux gouverner ne dit-on pas « Entoure-toi de personnes qui parlent de visions, de projets, de progrès et non ceux qui parlent de gens ». Faisons en sorte que le prochain locataire de Koulouba puisse gouverner réellement pour le « Mali d’abord » et pour les « Maliens d’abord », en s’entourant de cadres qui puissent être des conseillers avisés et écoutés. Le président américain Donald TRUMP utilise le même slogan qu’IBK « L’Amérique d’Abord » mais lui qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas tout le monde voit que c’est »L’Amérique d’Abord ».
Sans trop de tapage, ce président, très discret et gros travailleur, qui a le même slogan « Le Rwanda d’abord et pour tous». Il a dit « Travaillez dur jusqu’à ce que ça fasse mal parce que la pauvreté fait beaucoup plus mal » et son peuple travaille dur. Parce que la récompense est réelle, juste et motivante. C’est le seul message qui vaille, auquel adhère aisément le peuple, parce qu’il est vrai.