But: aider les Maliens à construire un Mali nouveau, en agissant de front sur la sécurité, la démocratie et le développement. L’objectif initial était de lever près de 2 milliards d’euros, plus précisément 1,96 milliard. A l’arrivée, c’est-à-dire à la fin de la Conférence, ce sont 3,2 milliards d’euros, soit 2 100 milliards de FCFA, qui ont fait l’objet d’engagements fermes de la part des PTF.
Autant dire que les organisateurs de ladite Conférence ont été comblés au-delà de leurs espérances. Les donateurs vont de la France à l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique), en passant par le FMI, la Banque Mondiale, l’Union Européenne et l’Union Africaine. L’Union Européenne et la France, qui ont co-organisé la Conférence avec le Mali, ont respectivement annoncé 520 millions et 280 millions d’euros de financement.
La Banque Mondiale et la Banque Islamique de Développement participeront à hauteur de 250 millions d’euros chacune, tandis que des dizaines de pays, dont les Etats-Unis, le Japon ou le Royaume Uni, vont également accroître leur aide, sous forme de dons ou de prêts. Plus concrètement, les Etats-Unis ont promis 367 millions de dollars, le Royaume Uni et le Danemark 150 millions d’euros chacun et l’Allemagne 100 millions d’euros, selon des sources diplomatiques.
Le Canada a aussi fait état du montant de sa contribution, qui s’élèvera à 75 millions de dollars, soit un peu moins de 60 millions d’euros. La Chine table, elle, sur un apport de 50 millions d’euros. Le tiers des montants annoncés, soit la bagatelle de 3,2 milliards d’euros, ou 2 100 milliards de FCFA, devrait être débloqué à court terme, c’est-à-dire avant la tenue de l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu pour le 28 juillet prochain.
Le déblocage de ces différents fonds reste justement assujetti au retour rapide de la démocratie, à savoir la tenue de l’élection à la date indiquée et à d’autres préalables, tels que le respect des droits de l’homme, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et la traçabilité des fonds qui seront alloués. A ce sujet, l’on apprend que la France ira même jusqu’à lancer un dispositif, avec un site internet dédié, afin de garantir l’efficacité de l’aide et d’éviter le détournement ou la mauvaise utilisation des fonds.
«Si un projet ne se réalise pas ou est en retard, les gens pourront prévenir par téléphone ou SMS, via une hotline, de ce qui n’a pas encore été fait. Cela permettra aussi de décentraliser le suivi citoyen de l’aide et favorisera l’appropriation par les Maliens des projets» de confier le ministre français du Développement, Pascal Canfin.
C’est plutôt une bonne idée que de chercher à mettre les technologies de l’information et de communication au service de la bonne gouvernance. Mais cette mesure suffira-t-elle pour mettre nos délinquants à col bleu hors d’état de nuire? Au nom du réalisme, il est permis d’en douter, dans la meure où la mauvaise gestion et la corruption ont profondément gangrené l’ensemble du corps social au Mali. Et tant nos délinquants à col bleu sont passés maîtres dans l’art de contourner les dispositifs les mieux pensés.
Certainement, des caïmans en eau profonde ont déjà commencé à aiguiser leurs dents, se demandant quelles stratégies mettre en place pour tirer, à leur profit et au profit de leurs proches, le maximum du pactole annoncé. Il faut donc multiplier les garde-fous pour les empêcher de nuire, afin que l’aide arrive à bonne destination, c’est-à-dire au niveau des populations à la base.
On a vu, par le passé, que, malgré la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement, la corruption a continué à prospérer au Mali. C’est à demander si les donateurs ne sont pas devenus les complices des «donataires». Au grand dam des millions de Maliens et de l’avenir du pays. Et au risque de donner du crédit à la boutade selon laquelle l’aide au développement,
«c’est prendre l’argent des pauvres des pays riches pour l’offrir aux riches des pays pauvres».
Pour que la manne annoncée ait un maximum d’effets positifs en faveur du plus grand nombre de Maliens, car c’est le but ultime recherché, il importe aussi d’identifier, avec réalisme et célérité, les projets pertinents pour un mieux-être des populations, projets à effets structurants pour l’ensemble de l’économie malienne.
Mais, avant tout, il s’agira d’organiser des élections transparentes, crédibles et inclusives, c’est à dire sur toute l’étendue du territoire national, donc y compris la région de Kidal, en vue de mettre les Maliens à l’abri d’une crise post-électorale aux conséquences imprévisibles pour le pays.
Maliens de tous bords, partenaires techniques et financiers, et partenaires et amis tout court, doivent s’y impliquer à fond.
Yaya Sidibé
Le 22 Septembre 2013-05-20 16:20:08