Plus d’une cinquantaine de lois votées, une trentaine en instance, sans compter la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement, etc. La deuxième session parlementaire ordinaire de l’année aura été très fructueuse. Elle s’est achevée, Samedi, sous de bons auspices, et porte surtout les marques d’une série d’interpellations de l’Exécutif sur des préoccupations diverses et si importantes comme le foncier, les récentes mesures de limogeage collectif des DAF (DFM), entre autres. Le dernier exercice du genre, pour la session qui vient de s’achever, est intervenu, jeudi, avec une touche féminine : celle de la charismatique parlementaire élue à Bourem, Mme Haïdara Aïchata Cissé.
Pour un premier essai de représentante de la gent, le passage de « Chato » aura été un coup et largement mérité d’être conclu par une salve d’acclamations et de congratulations de la part de collègues habituellement très avares en la entière. Et pour cause. Face au ministre de l’Energie et de l’Eau, la secrétaire parlementaire a non seulement touché du doigt une préoccupation partagée par une majorité de concitoyens (la question de l’électrification rurale), mais elle s’est également illustrée par une coriacité et une poigne qui fait vraiment honneur tant aux femmes qu’à ses électeurs.
Durant la soixantaine de minutes consacrée aux dialogue avec le ministre Habib Ouane, les échanges ont singulièrement porté sur les malheurs que rencontrent les usagers de l’électricité rurale en zone rurale de Bourem où la desserte de cette denrée rare a été déléguée à l’entreprise »TILGAZ » par l’AMADER (Agence Malienne de d’Electrification Rurale). Avec un argumentaire fouillé dans une gamme d’exemples irréfutables, la directrice de « Wani Tours » a pu apporter la preuve de l’incompétence de l’opérateur »TILGAZ’, son irresponsabilité vis-à-vis des abonnés et de son cahier des charges. Incapacité d’assurer convenablement la desserte, surenchère sur les prix, fausses facturations, etc., constituent entre autres les pratiques ayant causé du tort à la clientèle de TILGAZ à Bourem et mis à genou les initiatives entrepreneuriales de cette pauvre localité, a relevé le député très en verve pour la circonstance.
Et d’assaillir son interlocuteur de vicieuses questions ayant trait notamment à la responsabilité de l’AMADER et du département de tutelle dans le respect des obligations qu’ont les opérateurs vis-à-vis du public de consommateurs.
La kyrielle d’équations ainsi posées par la parlementaire élu à Bourem a inspiré au ministre des explications d’autant plus étriquées qu’elles s’efforcent de noyer une question spécifique dans la mare de problématiques inhérentes au défi d’électrification du pays tout entier. La démarche, assimilable du reste à une échappatoire voire une élision des problèmes, n’était pas de taille à satisfaire l’interpellatrice de M Ouane. C’est ainsi qu’elle a dû revenir à la charge, exemple vécus à l’appui, pour mettre davantage l’accent sur la teneur des injustices que subissent les habitants de sa localité d’origine, par la faute de l’opérateur TIL-GAZ et de ses indélicatesses.
Ce n’est pas tout. Faute de solutions concrètes de la part de son interlocuteur du Gouvernement, le Député « Chato » a dû se faire publiquement le porte-voix de toute une population si durement éprouvée et traduire leur cri du cœur suivant : mettre un terme une bonne fois pour toutes au contrat de TIL-GAZ dans la localité. La requête n’a pas eu l’assentiment public du ministre, mais l’audace de l’exprimer a le mérite de forcer l’admiration et arracher la sympathie d’une assistance visiblement captivée par une des rares scènes où le député s’illustre par la plénitude de ce qu’il représente dans l’imaginaire populaire : incarner sans réserve et sans calculs les vraies aspirations du peuple.
A. Keïta
Aurore 04/07/2011