Huit mois après la validation de son Plan d’Acion Gouvernemental par le Conseil National de la Transition, le Premier ministre, Choguel Kokala Maïga, était jeudi, 21 avril 2022, face aux conseillers de la Transition en vue de défendre le bilan des réalisations dans le cadre du PAG. Après des heures d’intenses débats, Choguel a-t-il convaincu, les conseillers du CNT ?
Même si la séance a pris fin par une ovation, il est très difficile d’être affirmatif sur la conviction de réussite d’un grand nombre de conseillers. Certains ont même mal noté le bilan du chef du gouvernement en le jugeant de « médiocre » et d’autres n’ont pas manqué aussi de demander son départ.
En effet, à part, la montée en puissance des forces armées maliennes (FAMa) avec de nombreux résultats enregistrés sur le terrain qu’ils ont saluée à l’unanimité, les membres du CNT déplorent l’absence de résultats dans le chantier de la révision de la constitution, dans l’application de l’accord de paix, le processus de réorganisation territoriale.
Sur le plan de l’organisation des élections générales devant conduire à un retour à l’ordre constitutionnel, des conseillers ont noté d’énormes retards.
Pour le CNT, la transmission du projet de loi portant Loi électorale ne peut nullement être considérée comme la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE).
Plusieurs conseillers reprochent au gouvernement de rien entamer dans les textes régissant le processus électoral, notamment la Charte des partis, la Loi organique régissant le nombre des députés, la révision du fichier électoral, la mise à disposition des cartes d’électeurs biométriques.
Les membres du CNT ont demandé au Premier ministre des explications sur l’autosatisfecit du gouvernement sur la mise en œuvre d’actions du gouvernement que beaucoup de Maliens ne partagent pas pour l’instant. Ils apportent, comme preuve, le Rapport suivi-évaluation du PAG 2021-2022 pour la période de septembre 2021, qui atteste que sur les 62 actions prévues, seulement 33, 87% ont été totalisées, 53, 23% en cours de réalisations et 12, 90% n’ont pas été réalisées.
Les membres du CNT ont adressé au Premier ministre des questions relatives notamment aux scandales liés, notamment celui relatif à l’attribution des logements sociaux, le recrutement dans la police, les audits des institutions, la mise en œuvre de l’accord pour la paix, la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation, les réformes politiques et institutionnelles, les négociations avec la CEDEAO, la refonte du système éducatif, le calendrier ou le chronogramme des élections…
En réponse, Choguel Kokala Maïga a indiqué que la priorité des priorités de son gouvernement est la sécurisation et la défense des frontières pour permettre la réalisation des autres réformes. Il a estimé que le choix des autorités d’affirmer sa souveraineté a eu plusieurs conséquences sur les dispositions prises aux préalables par le Gouvernement. Pour lui, la crise avec la CEDEAO et celle du COVID-19 ont contraint le gouvernement à changer la donne obligeant, soutient-il, à subventionner les produits tels que l’essence, l’engrais, le blé et d’autres produits de première nécessité à plusieurs milliards de FCFA. S’y ajoute, dira-t-il, le paiement de la dette intérieure à plusieurs milliards FCFA pour permettre à l’économie de tourner et résoudre certaines obligations en faveur des syndicats.
Evoquant le blocage des négociations avec la CEDEAO, le Premier ministre a rétorqué que le gouvernement malien a consenti d’énormes efforts pour parvenir à un accord.
« De 5 ans, nous sommes revenus à 2 ans. Mais la CEDEAO ne veut et voudrait résumer toute la transition à l’organisation des élections. Le gouvernement a déjà déroulé son plan sur les 24 mois à venir, durant lesquels il travaillera à l’amélioration des conditions de sécurité, le déploiement de l’administration et le retour des réfugiés dans les zones de crises, l’opérationnalisation de l’Autorité indépendante de gestion des élections, la révision du fichier électoral. Sur les 2 ans, le gouvernement prévoit l’organisation de 4 élections à savoir : le référendum, les législatives, la présidentielle et les élections locales », promet le PM.
S’agissant du retrait du Mali de la CEDEAO et la création d’une monnaie nationale, il dira que cela n’est pas envisagé par les autorités de la transition.
Sur le plan de la justice, Choguel Kokala Maïga a indiqué que des poursuites judiciaires sont entamées dans le dossier d’acquisition des avions cloués au sol et de l’avion présidentiel avec des arrestations et de 5 mandats internationaux contre des cadres cités dans le dossier.
Il ajoute que les dossiers des rapports de contrôle du Vérificateur général font l’objet d’ouverture d’information judicaire.
« Sur 40 dossiers, 35 ont été transmis au cabinet. Sur une prévision de 27 dossiers dans certains, 23 dossiers ont été jugés ».
Rassemblées par Zié Coulibaly
Source : Plume Libre