Dans sa requête adressée à la Cour de Justice de la CEDEAO, SADI explique «les élections présidentielles, qui devaient être organisées au plus tard le 40ème jour de la constatation de la vacance de la Présidence de la République, à savoir le 21 Mai 2012, seront reportées de 12 mois par décision de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernements de la CEDEAO, au mépris des stipulations constitutionnelles de la République du Mali, empêchant ainsi le requérant de participer aux élections présidentielles aux dates prévues par la Constitution de la République du Mali».
Un peu de sérieux, Dr Mariko! Tout le monde sait que, vu la situation dans laquelle le Président de la République par intérim a pris le pouvoir, il ne pouvait organiser d’élections démocratiques crédibles, dans les délais precrits, sur l’ensemble de notre territoire national. Cela à cause l’occupation des deux tiers de notre pays par les bandits armés du MNLA, d’Ançardine, du MUJAO et autres alliés narcotrafiquants.
Mieux, après les évènements du 17 janvier, l’attaque de Ménaka, le parti SADI avait même sollicité le report des élections, à cause de l’occupation des régions Nord du pays. Il avait en effet estimé qu’il était impossible d’organiser des élections démocratiques et transparentes. Alors, comment SADI peut-il accuser la CEDEAO d’avoir empêché la tenue, et même décidé du report, des élections dans notre pays? Si les élections ont été empêchées au Mali, ce n’est donc pas du fait de la CEDEAO. Au contraire, c’est pour les mêmes situations que le parti SADI avait demandé le report de la présidentielle du 29 avril, celle que le Président déchu, ATT, devait constitutionnellement organiser à la fin de son mandat.
Dans sa requête, le parti de l’ancien leader estudiantin invoque également la violation des dispositions de l’Article 1, Paragraphe C, du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance, additionnel au Protocole relatif aux mécanismes de prévention, de gestion, de règlement des conflits ou de maintien de la paix et de la sécurité, qui stipule «Tout changement anticonstitutionnel est interdit, de même tout mode non démocratique d’accès ou de maintien au pouvoir».
A ce titre, le requérant attire l’attention de la Cour sur le maintien dans les fonctions de Président par intérim du Pr Dioncounda Traoré, décidé par la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement, en dehors de toute élection présidentielle, qu’il devait organiser dans le délai constitutionnel de 40 jours à compter de la constatation de la vacance du poste par la Cour Constitutionnelle du Mali.
Cela, dans l’entendement de SADI, est un mode non démocratique de maintien au pouvoir. Mais SADI oublie que notre Constitution est muette sur ce sujet. La CEDEAO n’a fait qu’apporter son assistance à un pays en danger, de surcroît un pays membre fondateur de la Communauté, et qui s’est toujours battu pour l’intégration africaine et sous-régionale.
De plus, rappelons qu’au moment où cette décision a été prise, il était quasiment évident pour tout le monde que les Maliens ne pourraient jamais parvenir à un accord consensuel sur la gestion de la crise institutionnelle dans notre pays, à cause des antagonismes irréductibles qui existaient entre les différentes structures politiques et de la société civile regroupées au sein des divers fronts, alliances, convergences, coordinations et autres coalitions «pour le Mali».
Youssouf Diallo
22 Septembre
(06 Août 2012)