Le monde entier célèbre chaque année la journée mondiale de la santé, le 7 avril. L’occasion est mise à profit par les experts du monde pour mettre en débat un problème de santé publique. Le thème retenu pour l’édition 2011 de cette journée est «combattre la pharmaco résistance : pas d’action aujourd’hui, pas de cure demain». En clair, il s’agit d’un appel soutenu contre la résistance antimicrobienne qui constitue, selon les constats sanitaires, un «grave problème de santé publique à l’échelle mondiale».
Le phénomène survient lorsque des micro-organismes comme les bactéries, les virus, les champignons et les parasites se transforment de telle sorte que les médicaments utilisés pour guérir les infections qu’ils provoquent deviennent inefficaces. La tuberculose, le paludisme, la méningite, le VIH/Sida, etc. ont développé des résistances à des médicaments dont l’efficacité ne faisait aucun doute. La chloroquine, traitement privilégié contre le paludisme, a perdu son efficacité dans 81 des 92 pays où la maladie sévit.
Plusieurs souches de tuberculoses pharmaco résistant sont apparues en Europe comme en Afrique et en Asie, la résistance à certains anti rétroviraux commence également. A l’instar des autres pays, le Mali a célébré la journée mondiale. La résistance est favorisée, selon les experts, par l’usage inapproprié des médicaments, la mauvaise prescription d’une ordonnance ou de la mauvaise utilisation de la prescription, à un cycle de traitement non acheminé à son terme, etc. L’automédication est aussi un vecteur dangereux de propagation de la pharmaco résistance. Pour le secrétaire général du ministère de la santé, il ne s’agit pas d’un problème nouveau mais le phénomène devient de plus en plus aigu et plus dangereux. «C’est un sujet d’inquiétude majeur car une infection résistante peut tuer, se propager et imposer des dépenses très élevées aux individus et à la société», alerte Dr. Ousmane Touré.
L’OMS appelle à une «action urgente et concertée» des gouvernements, des professionnels de santé, des industries pharmaceutiques, des sociétés ainsi que des patients. «Les tendances sont claires et inquiétantes. Si l’on ne prend pas d’urgence des mesures correctrices et protectrices, nous irons vers une ère post-antibiotique, au cours de laquelle de nombreuses infections courantes ne pourront plus être soignées et recommenceront à tuer», prévient Mme Diallo Fatoumata Binta Tidiane, représentante-résidente de l’OMS au Mali.
Seydou Coulibaly
Le Républicain 08/04/2011