Un nouveau parti politique initié par un proche du président Amadou Toumani Touré a vu le jour hier dimanche sous le nom de parti « Avenir et développement du Mali » initié par Amadou Madani Tall qui a transformé l’association du même nom qu’il a créée depuis plusieurs années. Le congrès constitutif de cette énième chapelle politique s’est tenu Centre international des conférences de Bamako.
Les premiers responsables de l’ADM ne cachent pas leurs ambitions. Ils comptent aller à la conquête de Koulouba à la faveur de la présidentielle de 2012 avec comme porte-drapeau Madani Tall, le conseiller économique du président ATT en charge des secteurs stratégiques comme les télécoms, l’énergie et l’agriculture. Déjà avec son association « Avenir et développement du Mali », il est parvenu à se faire élire conseiller municipal à Bandiagara et obtenu plusieurs dizaines d’élus à travers le pays.
Avec ces résultats inattendus, il allait de soi que celui qui est présenté comme faisant partie des « Golden boys » et qui a été vice-président du mouvement de soutien au président ATT en Amérique du Nord en 2002 croit à son étoile pour se lancer dans la course à la succession de son mentor. Mais, il rallonge ainsi la liste des prétendants et surtout participe à l’effritement du camp présidentiel, émietté entre plusieurs partis.
En effet, de 2002 à nos jours, les leaders et animateurs de clubs et associations de soutien à la candidature d’ATT appelés à s’organiser au sein du Mouvement citoyen, ont vite étalé leurs contradictions, voire leur opposition. Plusieurs initiateurs du Mouvement pensaient que leur avenir réside dans la création d’un parti politique et non dans une association. Le débat s’est donc posé par rapport à la transformation ou pas du Mouvement citoyen en parti politique.
Dispersion
A l’époque, Djibril Tangara, président du Mouvement citoyen et ministre, fut le premier à s’opposer énergiquement à toute idée de création de parti politique sous prétexte qu’ATT n’en voulait pas. Il a été créé cependant en juillet 2005 par certains cadres du Mouvement citoyen désireux de compter politiquement, le Parti citoyen pour le renouveau (PCR). Après son départ du gouvernement, ce même Djibril Tangara a créé en 2007 le parti Force citoyenne et démocratique (FCD).
Le 21 février 2009, des dissidents du PCR, avec à leur tête le Dr. Modibo Soumaré, précédemment secrétaire général de ce parti ont créé l’Union des patriotes pour la République (URP). Le PCR, la FCD et l’URP sont donc tous sortis des entrailles du Mouvement citoyen. Une année plus tard, soit le 17 juillet 2010, le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) a été officiellement lancé à Bamako. Il regroupe principalement les membres et sympathisants du Mouvement citoyen et des adhérents d’une myriade d’associations, d’amicales et de clubs se réclamant d’ATT. Et cinq mois après, un autre groupe de cadres revendiquant également l’héritage du président de la République lancent aussi leur parti.
Et pourtant les amis du président qui étaient tous au Mouvement citoyen ou ailleurs peuvent bel et bien survivre au-delà de 2012, s’ils parviennent à se réunir au sein d’une seule force politique. Mais le hic est que les leaders de ces associations et partis politiques ne parviennent pas se mettre au-dessus des considérations personnelles et effritent ainsi leurs forces au moment où les autres forces politiques travaillent à la constitution de grands ensembles.
On parle désormais de la reconstitution de l’Adema originelle avec les retrouvailles entre le RPM, l’URD et l’Adéma-PASJ voire le Miria. On évoque aussi le retour de la grande famille Cnid autour du parti Sadi, le Bara. Et déjà, on a enregistré des fusions comme récemment de l’URD avec le PDR. Comme pour dire que les amis d’ATT se divisent pendant que les autres se retrouvent. Drôle de trajectoire pour les ATT-boys.
DAK
L’ Indicateur renouveau 21/12/2010