Après l’incapacité du gouvernement à honorer ses engagements à Ségou relativement à la reprise de la COMATEX, à attribuer des logements sociaux aux pauvres et à stopper le phénomène d’achat de concours dans le corps militaire, c’est au tour du GAZ d’être tributaire des maladresses des responsables de la Transition.
L’État malien n’arrive plus à jouer son rôle dans la subvention du produit. Conséquences : le gaz devient introuvable et son prix connaît une flambée exponentielle. Plus grave, le Fonds Gaz, créé par le gouvernement, pour soulager les ménages, aurait pris une destination, autre que celle dont elle était prévue.
Il ressort de nos investigations que le prix du produit, en temps normal, est fixé à 3.000 francs CFA, en tenant compte de la subvention de l’État qui culmine à 3.000 FCFA également. Cela veut dire concrètement que si le prix à la source n’était pas subventionné, le consommateur aurait payé le Gaz à 6.000 FCFA. Mais à quoi aurait servi une subvention si, aujourd’hui, le produit est cédé à 8.000 FCFA sur les marchés et qu’il devient de plus en plus introuvable ?
Selon Abdoulaye SIDIBÉ, président de l’Association des revendeurs de gaz du MALI (ARGM), le Fonds Gaz n’arrive plus à faire face aux subventions et c’est le consommateur qui paye le lourd tribut d’une telle incurie. « Nous ne pouvons pas continuer à vendre le produit alors que les subventions ne tombent pas », regrette t-il, arguant qu’il est désormais impossible de rentrer en possession de la part légalement due de l’État ». Aujourd’hui, ajoute t-il, le Fonds a prouvé son incapacité à soulager les consommateurs.
Justement, selon un consommateur, il a quitté Djicoroni pour venir s’approvisionner à Sogoniko et le produit rare lui a coûté 8.000 FCFA. Il dénonce du coup le manque d’accompagnement de l’État et s’interroge sur la capacité réelle du Fonds à s’acquitter de son devoir patriotique et surtout au rôle dévolu à la Direction nationaledu commerce et de la concurrence (DNCC) à travers cette Transition qui patauge, à leurs yeux.
Toujours selon Abdoulaye SIDIBÉ de l’ARGM, deux solutions s’imposent. La première, plus simpliste, est de permettre aux Revendeurs de s’approvisionner à la source et de vendre le Gaz, sans subventions, au prix de 6.000 FCFA. Certes, le produit sera vendu, cher, mais leur évitera les affres du Fonds Gaz. La seconde qui va libérer définitivement le secteur, consistera à laisser les citoyens prendre eux-mêmes en charge leurs subventions en taxant par exemple de 1% les consommations téléphoniques sur Orange Mali, MoovAfrica Mali, ou Télécel… Il est aussi possible de faire cette taxation sur l’électricité. Dans tous les cas de figure, le client c’est-à-dire les consommateurs payent les subventions sans le savoir. Pour SIDIBÉ, c’est ce qui se passe exactement actuellement au Burkina Faso, au Sénégal ou en Guinée.
Le cas burkinabé fut une réussite à telle enseigne que le Fonds emprunte des crédits aux revendeurs. Idem pour la Guinée qui s’est appuyée sur ses mines pour subventionner le secteur. Et ça leur réussit plutôt bien pour l’instant.
Quant aux consommateurs, ils sont dubitatifs concernant la capacité et la volonté réelle du régulateur du Fonds Gaz à faire face à leurs préoccupations. Les plus pressés pensent que ledit Fonds est en train de prendre d’autres destinations sulfureuses inexpliquées. Les autorités sont donc interpellées.
De plus en plus, les promesses de l’actuel gouvernement ne dépassent guère le stade des annonces. Concomitamment, les Maliens sont davantage frustrés par la conduite maladroite et malhabile de l’actuel attelage gouvernemental. Assimi et Choguel doivent trouver un succédanée ou une panacée à ces situations pour éviter une levée de boucliers contre eux. Et ne dit-on pas que « ventre vide n’a point d’oreille ».
Oumar Ouattara