Si l’expérience des Afro-Caribéennes et des Afro-Américaines est bien distincte, les héritières de la diaspora africaine ont en commun un passé douloureux qu’elles décrivent souvent comme imprimé dans leur chair.
Les corps féminins noirs ont pris du fer, selon l’expression créole « prendre du fer » qui relaye à la fois le trauma historique de ces corps qui ont souffert dans leur chair, mais également la dimension sexuelle et phallique puisque le mot « fer » renvoie également à l’organe génital masculin. Hortense Spillers, théoricienne féministe majeure du champ des études postcoloniales souligne l’instrumentalisation, la manipulation et la chosification des corps de femmes africaines pendant la traite négrière. Elle décrit des corps prostrés, fragmentés, inclinés, violés, mais des corps toujours résilients par leur mouvement, des corps « qui se plient et se déplient sur eux-mêmes ».
Ces corps qui ont pris du fer
Dans la langue créole, la corporalité est souvent mise en exergue par des verbes d’action: « Ladjé kòw », « Santi kòw », « Tjembé kòw », « Chapé kòw », « Lévé kòw ». C’est cette oralité de la langue créole qui lie le corps au langage de manière intrinsèque car comme l’explique…
Source:France-Antilles/Myriam Moïse,