Pèlerinage 2016, une organisation chaotique

Un seul mot pour schématiser le désordre qui règne, au quotidien, à la
Maison du Hadj : le chao ! S’il est vrai que le pèlerinage est
pénitence, les responsables en charge du Hadj 2016 ont cru bon de
faire porter de très lourdes « lourdes croix » à nos pauvres mamans et
papas avant même qu’ils ne foulent le sol d’Arabie Saoudite. Diantre !
Sommes-nous condamnés à vivre dans le laisser aller, l’à peu près, le
pilotage à vue, la désorganisation… bref : le chao. Et pourtant, les
plus hautes autorités du pays n’ont ménagé aucun effort pour faciliter
le hadj de nos pèlerins de la filière gouvernementale. Un Ministère a
même été créé pour l’occasion. Et une Maison du Hadj est
opérationnelle depuis belles lurettes. Le Ministre des affaires
religieuses et du culte, Thierno Hass Diallo, et son équipe nous fait
tourner en bourrique.

Nos pauvres papas et mamans sont trimbalés de
jour en jour. La Maison du Hadj actuelle est un incubateur de tension
artérielle pour ces personnes du 3ème âge : l’angoisse, l’expectative
y sont perpétuelles. L’affichage de la liste des pèlerins, la pesée des bagages, la
programmation des vols… rien n’est calé à l’avance. Un groupe en
partance pour les lieux Saints de l’islam s’est vu même signifié,
dimanche, de rentrer à la maison, faute de visas sur leurs passeports.
« L’ambassade n’est pas ouvert aujourd’hui (dimanche)», claironnait,
dimanche vers 17 heures, un responsable de la Maison du hadj.
Le Ministre Thierno Hass Diallo, dans son « chôkibi » habituel, nous
promettait pourtant la lune sur les antennes de l’ORTM. Constat : rien
n’a été fait pour améliorer le processus, absolument rien. Le cadre
insalubre du Centre Islamique, qui abrite la Maison Hadj, en est une
parfaite illustration. La pluie aidant, le lieu ressemblait à un vaste
champ de patate : la cour est sale, les buissons se disputent les
bâtiments décrépis, certaines toilettes sont puantes…Oh mon Dieu, le
Mali. Le désordre qui y règne prouve à suffisance l’incurie et le
manque de professionnalisme du Ministère en charge du pèlerinage. Un
seul écran géant, sur lequel défileront les noms des pèlerins
programmés, pouvait résoudre nombre de problèmes. Comme une maîtresse
au-devant de ses écoliers, les organisateurs appelaient au compte
goute les partants. Un exercice fastidieux qui ne faisait qu’en
rajouter à la confusion.
« Ces gens n’ont aucun respect pour l’avion (une technologie de pointe
inventé par le blanc).

C’est comme cela qu’ils s’y organisent pour
l’emprunter, dis donc… », ironise mon jeune frère Mohamed.

Au Mali, il est vraiment temps de mettre de l’ordre dans le désordre,
surtout du côté du Ministère des Affaires religieuses et du culte. Que
le Ministre Thierno Hass Diallo laisse son « chôkobi », qu’il
s’efforce seulement de publier à l’avance toutes les listes des
pèlerins avec une programmation datée des vols. Cela évitera une
montée de tension artérielle chez nos vieux pauvres papas et mamans.

Ibrahim GUINDO, Sory
Ancien correspondant de l’Agence PANAPRESS