La 3e édition du Salon international de l’artisanat du Mali (SIAMA 2021) s’est tenue au Parc des Expositions de Bamako du 23 décembre 2021 au 2 janvier 2022. Avec 14 pays, et près de 1 130 exposants, plus de 295.000 visiteurs…, cette édition a été remarquable malgré un contexte difficile marqué par la double crise sécuritaire et sanitaire. Elle a été aussi exceptionnelle par la qualité des débats dans les ateliers thématiques.
Créer un cadre de promotion des produits artisanaux maliens ; stimuler la créativité et l’innovation chez les artisans ; favoriser les rencontres et les échanges entre les artisans maliens… Tels sont, entre autres, les objectifs du Salon international de l’artisanat du Mali (SIAMA) dont la 3e édition a eu lieu du 23 décembre 2021 au 2 janvier 2022 au Parc des Expositions de Bamako. Il s’agit d’une initiative du ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme (MACIHT), en collaboration avec l’Assemblée permanente des Chambre de Métiers du Mali (APCMM) et les organisations professionnelles de l’artisanat. Parrainée par le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali (CCIM), M. Youssouf Bathily, cette édition 2021 fait suite à celles de 2017 et 2019. Elle avait comme thème «Artisanat et sortie de crises, notre contribution» !
Ainsi, plusieurs produits y ont été exposés dans le domaine de l’agro-alimentaire ; des mines et carrières ; de la construction et bâtiment en passant par des métaux et construction métallique ; de l’électricité ; du transport ; du textile ; de l’artisanat ; de l’art et de la décoration. Il s’agit aussi des mobiliers et ameublements ou encore l’hygiène et soins corporels ; de l’audiovisuel et de la communication ; des cuirs et peaux ; de la mécanique ; de l’électromécanique et de l’électricité.
Dans son intervention à la cérémonie d’ouverture du Salon, le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, a rappelé que le Mali est «un pays de génies créateurs». Et d’ajouter, «le génie collectif malien est l’un des plus prolifiques au monde». Et cela a été démontré à suffisance en diverses occasions à travers le monde. «Les artisans maliens ont remporté les distinctions les plus honorifiques et les plus prestigieuses à travers le monde», a rappelé le ministre Andogoly Guindo. «L’artisanat est une question d’ingéniosité, d’inventivité, d’innovation ; un mariage entre le passé et le contemporain», a rappelé l’homme de culture.
«L’objectif du SIAMA est de créer un cadre de promotion des produits artisanaux maliens, de stimuler la créativité, l’innovation surtout chez les jeunes, favoriser les échanges entre les artisans maliens et d’autres pays, accroître la compétitivité des produits artisanaux nationaux, susciter et encourager la consommation des produits artisanaux locaux…», a poursuivi le ministre Andogoly Guindo.
Et selon de nombreux témoignages, cette 3e édition est de loin la meilleure aussi bien par le nombre de participants que par la qualité des produits présentés (surtout du côté des artisans maliens) et des débats dans les six ateliers thématiques contre cinq initialement prévus. Ce qui, selon la cellule de communication du ministère de l’Artisanat, «dénote l’intérêt que revêtent les échanges entre spécialistes des métiers artisanaux et les praticiens des huit branches de métiers exercés et répertoriés au Mali».
Des thèmes pertinents disséqués par d’éminents spécialistes
Animés par des personnalités connues du monde de l’artisanat, ces ateliers thématiques ont porté sur des thèmes aussi divers et variés comme «Recherche scientifique et innovation technologique dans le domaine de l’artisanat» (Pr. Abdoulaye Dabo, Directeur général du Centre national de Recherche scientifique et Technologique-CNRST), «les Conurbations de la pensée» (Nicolas Stamboli, peintre-sculpteur contemporain venu de l’ouest de France), «la résilience des artisans face aux multiples crises» (Samba Thiam, Conseiller technique chargé de l’Artisanat au Ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme), «la problématique de l’accès au financement des artisans» (Noury N’Dyne Sanogo, Directeur du Fonds de Développement économique-FDE), «le textile, notre identité culturelle, le consommer local» (Zoumana Fané, expert et consultant en artisanat textile) et «la protection des œuvres artisanales» (Almoctar Baba Kounta du Centre malien de propriété industrielle-CEMAPI).
Les ateliers thématiques ont enregistré un taux de participation record grâce essentiellement à l’innovation introduite lors de cette édition par la Commission d’organisation, à travers la sous-commission Communication. Il s’agit de la synchronisation des 8 pavillons avec la salle dédiée aux conférences thématiques. Ce qui a permis aux exposants, sans bouger de leurs stands, de suivre en direct les débats et même d’y participer en faisant remonter des questions sur leurs préoccupations. «Le représentant du ministère tchadien de l’Artisanat et du Tourisme, qui a fait le déplacement de Bamako pour s’inspirer de l’expérience malienne, s’est particulièrement distingué en prenant part activement à tous les ateliers thématiques», ont souligné les organisateurs.
L’espoir d’une prometteuse embellie pour un secteur névralgique de l’économie nationale
A la cérémonie de clôture, le Premier ministre n’a pas caché sa satisfaction au regard du succès du salon. Il a ainsi félicité les acteurs (organisateurs et participants) qu’il a invités à fidéliser davantage de visiteurs et d’acheteurs. «Ce salon a fini de prouver à travers ses produits de qualité, leur diversité que la commande publique peut s’orienter les produits locaux, ce qui permettra du coup de promouvoir le label Mali», a reconnu Dr Choguel Kokalla Maïga. A noter que Nicolas Stamboli, peintre-sculpteur contemporain venu de l’ouest de France, a fait don de 5 œuvres artisanales au Musée national du Mali.
L’artisanat est un secteur essentiel pour l’économie et l’équilibre social du Mali car pratiqué par 46 % de la population active. Avant la crise sécuritaire et la pandémie du Covid-19, ce secteur était considéré comme un moteur essentiel de la relance économique du Mali puisque contribuant par exemple à la croissance économique du pays. En 2015 par exemple, selon des chiffres officiels, le secteur de l’artisanat a versé au Trésor public près de 30 milliards de FCFA d’impôts et taxes. Et pendant des décennies, il a contribué à plus de 12, 5 milliards de francs CFA aux recettes d’exportations. «Jusqu’à une période récente, ce secteur avait très peu d’espaces d’expression et de promotion du savoir-faire des artisans maliens au niveau national. C’est la raison de la création du salon», a souligné Andogoly Guindo.
Et aujourd’hui, l’espoir est à nouveau permis. En effet, cette 3e édition du SIAMA a marqué «le retour de l’espoir pour les millions d’artisans qui n’ont que trop souffert des dures conditions imposées par la crise politico-sécuritaire, exacerbée par la crise sanitaire mondiale, due au Covid-19». Un espoir qu’il faut concrétiser par une stratégie axée sur une meilleure promotion en dehors des périodes du SIAMA.
Moussa Bolly