Le ministère de l’Urbanisme et de la Politique de la Ville, le ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, le ministère délégué auprès du ministère de l’Economie et des Finances chargé de la Promotion des Investissements et de l’Initiative Privée, le ministère de l’Industrie et des Mines et le ministère délégué auprès du ministère de l’Administration Territoriale chargé de la Décentralisation : cinq portefeuilles confiés à cinq fortes personnalités, comme le révèlent leurs cursus scolaires et professionnels respectifs. Chacun d’eux, pris individuellement sur cette base, est en mesure d’assumer entièrement sa charge. Cependant, à côté de cette capacité intrinsèque, il y a, semble-t-il, d’autres facteurs qui pourraient peser en faveur ou contre la performance attendue des uns et des autres. Ainsi, pour les titulaires des deux premiers postes cités, ces facteurs constitueraient logiquement un côté cour de plus. Et pour les trois derniers, ils pourraient passer, subjectivement, un petit côté jardin. Raisonnement :
Moussa Mara, l’ «harubuntu»
Ce qualificatif qui signifie « Ici, il y a de la valeur » en kinirwandais, a été choisi pour désigner les Africains qui portent l’espoir et créent de la richesse dans le cadre du concours du même nom organisé chaque année, depuis 2008, par une organisation non gouvernementale européenne. Le Maire de la commune IV de Bamako en a était lauréat en 2011 en reconnaissance de son engagement sociopolitique, de ses initiatives et de la qualité de sa gestion des affaires publiques. En hommage à son immense potentiel, un des membres du jury du concours l’avait alors présenté comme un « Organisme Politique Non Identifié (OPNI) qui détonne ». C’est dire que parmi ses pairs, Moussa Mara semble être celui qui sort du lot et qui, malgré sa jeunesse, a l’expérience à la fois du terrain et des hommes pour mener à bien sa mission. Ce pourrait être aussi le cas pour son aîné de sept ans en charge de l’Emploi et de la Formation Professionnelle.
Mahamane Baby, le volontaire
En effet, avant d’aller servir la cause du développement pour le compte des Nations Unies, le natif de Goundam a eu le temps d’évoluer dans le clapier politique national pour avoir été Secrétaire de la jeunesse du Rassemblement Pour le Mali (RPM). Il a donc eu l’occasion de vivre, de réfléchir et de travailler en Malien du « terroir ». Si durant ses longues missions d’expert et de consultant, il a pu/su rester connecté aux réalités de son pays, il n’aura pas trop de mal à se tirer d’affaire. Tout le contraire de ses collègues cadets qui eux, apparaissent comme les « étrangers » de la famille.
Boubou Cissé et Moustapha Ben Barka, les «étrangers »
Du fait même de leur parcours, ces deux nouveaux ministres peuvent être la fierté de tout un peuple qui ne pourrait point douter d’eux de quelque manière que ce soit. Cependant, il n’en demeure pas moins que ces deux jeunes gens, qui donnent l’impression de mieux connaître Paris et Montréal que Bamako et Tombouctou, auront fort à faire avec une administration malienne caractérisée par des ressources structurelles et humaines bien particulières. De même, pour le second, et pour d’autres novices qui ne sont pas cités ici, des affinités d’un autre ordre pourraient constituer des peaux de bananes sous les pieds.
Enfin, pour ce qui est du ministre délégué à l’Administration Territoriale chargé de la Décentralisation, son défi personnel réside plus dans sa capacité à bien contenir et gérer l’émotion consécutive à son ascension.
Malick Alhousseïni, le chef de village
Son désir d’être ministre était notoirement connu des Maliens, au point de susciter critique et désapprobation, après chacune de ses sorties médiatiques au nom du Collectif des Ressortissants du Nord (COREN) dont il est le président. A présent qu’il a eu ce qu’il voulait, le chef de village de Bagoundié I (une bourgade à quelques encablures de Gao) a, plus que jamais, l’opportunité de convaincre que la stature de leader charismatique qu’il arborait lui sied bien.
M.G. Touré
22 Septembre