Alerté par cette audience, le Parlement malien a dépêché le Monsieur ACP-UE de l’Assemblée nationale, Assarid Ag Imbarcawane (2ème vice – président), qui connait bien les rouages du Parlemeznt de l’UE et ses homologues européens. Il était accompagné par le 5ème vice – président, Sandy Haïdara, Président du Collectif des élus du nord et de Mme Haidara Aïssata Cissé dite Chato, Secrétaire parlementaire, l’une des spécialistes des ACP-UE à l’Hémicycle.
C’est ainsi que les deux délégations se retrouvèrent face à face. Celle du MNLA, dans sa logique de désinformation et d’intoxication, a répété, selon des participants, la même chanson: «Les Touaregs sont discriminés… C’est une minorité qui est brimée, ses droits violés, son territoire occupé, sa culture en voie de disparaitre… C’est pourquoi nous voulons notre indépendance…».
Assarid Ag Imbarcawane a réagi en ces termes: «Comment pouvez-vous parler de discrimination envers les Touaregs? Hama a été ministre de Moussa Traoré, il a occupé plusieurs hautes fonctions. Zakiatou a été ministre d’Alpha Oumar Konaré et moi qui vous parle, je suis député depuis 20 ans et Vice – président de l’Assemblée nationale. Au Mali, il n’existe pas de problème touareg. Comment peut-on demander l’indépendance d’un territoire composé en majorité de sédentaires, sans demander leur avis. Le Mali est un pays démocratique, qui ne connait pas de discrimination, ni ethnique, ni religieuse, ni régionale, ni communautaire. Mais il y a des gens qui ne travaillent pas et qui veulent tout obtenir avec des armes. Cela n’est pas possible. Des efforts réels ont été déployés au Nord par les différents gouvernements pour réduire les disparités, tant au niveau des infrastructures éducatives que sanitaires. Il reste beaucoup à faire. C’est pourquoi nous demandons toujours le soutien et l’accompagnement des parlementaires européens…»
Auparavant, Assarid Ag Imbarcawace avait prévenu son collègue belge Louis Michel de ce face à face. Ce dernier a quitté rapidement Bruxelles pour rejoindre l’Honorable de Gao à son hôtel. Avant l’ouverture de la séance, Louis Michel a aussi contacté plusieurs groupes parlementaires, pour faire échec à la démarche du député François Alfonsi. Il a déclaré: «la présence des représentants du MNLA au Parlement européen est peu opportune, alors que les Etats africains et la communauté internationale n’ont pas reconnu l’indépendance de l’Azawad et que tout faux pas, qui risque de faire basculer le pays dans la catastrophe, doit être évité». Louis Michel a également rappelé que le Parlement de l’UE avait déjà adopté, le 22 mars dernier, une résolution en faveur de la signature de l’Accord-cadre et s’est montré solidaire des «actions de la CEDEAO pour mettre en place des actions concrètes en vue de protéger la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du pays».
La délégation parlementaire malienne a donc évité au Mali une sanction, comme en 1995, où, devant le même Parlement, notre pays avait failli être sanctionné sur la «question touarègue» n’eût été Ali Nouhoum Diallo, qui a «ébranlé les certitudes des Européens». Il était accompagné à l’époque, entre autres, par le même Assarid Ag Imbarcawane et Toumani Djimé Diallo, actuellement Ambassadeur du Mali au Maroc.
Chahana Takiou
Le 22 Septembre 28/05/2012