Avec sa collection très colorée, «Le Mélange des sentiments», Oumar Kanté dit Papyvalerie a fait son grand retour dans les défilés en mai dernier à l’occasion de plusieurs grands événements en Espagne, précisément à Valence. Et ses créations continuent de séduire, prouvant ses énormes progrès depuis qu’il a choisi d’aller se former en Suède pour raffermir son talent inné. Aujourd’hui, Papyvalerie est l’un des meilleurs ambassadeurs du Mali dans le monde des couturiers et créateurs de mode. Zoom sur l’une des grandes fiertés maliennes.
«Je suis comme la petite épice dont on saupoudre un plat. Je ne suis pas l’ingrédient de base, mais c’est moi qui fait la différence» ! Sans fausse modestie, Papyvalerie savoure l’immense succès de son défilé à l’occasion de l’édition 2016 de la «Passerelle des arts de Valence», le 14 mai 2016. Quelques semaines avant, il avait fait son grand retour sous les feux des projecteurs à l’occasion de la «Fashion Week» de cette ville espagnole. Ce succès est d’autant méritoire qu’intégrer «la mode espagnole est très difficile. C’était ainsi la première fois que la mode africaine se produisait par exemple à Valence Fashion Week», rappelle un observateur.
«Le mélange des sentiments» est une nouvelle collection riche en couleurs et en symboles dans laquelle le jeune Designer du Mali combine avec un fascinant doigté «l’esthétique africaine à l’européenne». «Merci infiniment aux organisateurs de l’un des grands événements de mode en Espagne et dans le monde de m’avoir donné cette grande opportunité de représenter la mode malienne parmi les grands couturiers espagnols. Je continuerai de représenter les couleurs de la culture malienne dignement», avait déclaré à la fin du prestigieux événement, Papyvalerie, de son vrai nom Oumar Kanté.
Après le succès de sa dernière collection, «Le désastre du silence», dédiée aux personnes gays/transgenres à la Semaine de la mode africaine à Barcelone (Espagne) en septembre 2015, Papyvalerie était sur scène à Valence pour conquérir la mode internationale avec autre une dimension de l’intensité de sa ligne vestimentaire. Audace ! Originalité ! Fougue ! Passion ! Ce sont là autant de caractéristiques qui, selon des confrères spécialistes du secteur, définissent les créations de ce jeune couturier que le public malien avait découvert il y a seulement 5 ans.
Fils du célèbre ingénieur malien (Amadou Kanté) et d’une grande couturière congolaise (Valérie Kanda), Papyvalerie est né le 30 juin 1988 à Kita, au Mali. Son surnom, il le doit aussi à cette mère à laquelle il est très attaché. «Il y a des êtres ainsi que des vérités qui ne changent pas avec les années. Maman Valérie est l’une de ces femmes qui ont le talent de faire aimer la vie après l’avoir donnée. Qu’elle en soit remerciée tout spécialement toute ma vie ! Valérie, c’est la douceur personnifiée avec une générosité incomparable. Elle est l’être qui m’est le plus cher», soutient-il.
Une passion d’enfance
Ce talent inné fut confronté dès son jeune âge à la délicatesse de la féminité et l’élégance de sa mère Valérie. «La passion pour la mode m’est venue à travers ma mère Valérie qui a toujours eu un sens inné pour la mode et m’a surtout toujours très bien habillé à l’enfance», affirme le styliste. Il ajoute : «Elle fut ma conseillère mode. Avant de sortir, je me dois de lui demander ce qu’elle pense de ma tenue pour être sûr. Elle sait toujours si c’est trop, pas assez ou tout simplement moche».
Pour ses 22 ans, son père lui donna sa toute première machine à coudre comme cadeau d’anniversaire. Loin des loisirs et des terrains de sport, l’adolescent passe ses temps libres à l’atelier de couture du tailleur Soumaïla. Un autre grand nom de la couture malienne qui habille les grandes personnalités maliennes, comme la diva Oumou Sangaré. Tailleur, Soumaïla est sa première référence dans ce milieu. Après avoir été diplômé en Master en Sciences de Gestion Expertise en Finance, Papyvalerie se consacre enfin à sa plus grande passion, la mode. Il fait de son métissage culturel un atout pour créer des modèles qui font «voyager entre l’Afrique et le reste du monde, un véritable mélange de couleurs et de formes».
Dans ses créations, le «petit forgeron» met surtout l’accent sur les matériaux traditionnels africains tels que le Wax ou le Bogolan qu’il marie à des tissus provenant de divers horizons. D’où cette «dimension universelle» de ses œuvres, «de véritables créations de l’imagination».
À la conquête de la haute couture
Le Festival international de la mode africaine est l’un des premiers grands événements auquel le jeune couturier a participé en 2013. Il s’y était illustré avec une symbolique collection dénommée, «Le Mali, entre le deuil et l’espoir» ! Un hommage aux veuves des soldats ayant perdu la vie dans la guerre au Nord du Mali. Un an plus tard, 2014, il confirme sa montée en puissance à la Fashion Week africaine (Africa Fashion Week) de Barcelone (Espagne) avec la collection «Reflet de la vie». Il revient en 2015 avec «Le désastre du silence» qui lui a valu un franc succès dans la capitale catalane.
En ce mois de mai 2016, Papyvalerie a démontré une autre dimension de sa fascinante créativité avec une nouvelle collection baptisée «Le Mélange des sentiments», à la «Pasarela de las Artes de Valencia» (La Passerelle des Arts de Valence). L’un des plus grands événements de mode en Espagne, donc du monde. Un succès total pour cette étoile de la mode malienne, voire africaine, qui s’est maintenant installée en Espagne pour s’ouvrir une notoriété mondiale.
Aujourd’hui, le chouchou de Valérie est l’un des plus grands stylistes maliens connus au niveau international ! «Les années sont vite passées depuis ce jour où Queeny Mamychka Sangaré et Sista Mam (reggae woman) m’ont présenté au public malien. Je leur en serai reconnaissant toute ma carrière», se rappelle ce styliste/mannequin avec beaucoup de reconnaissance.
Les prémices d’une belle renommée mondiale
«D’échelle en échelle, je suis mon petit bonhomme de chemin. Et aujourd’hui, me voilà à la conquête de l’Europe…Dans la vie, il faut croire en son rêve et lutter avec courage et détermination pour parvenir à ses objectifs», explique Oumar Kanté. «Aujourd’hui, j’ai réalisé mon plus grand rêve de la vie : être styliste après mes études universitaires et sillonner le monde à travers ma créativité», avoue Oumar Papyvalerie. Le secret de ce brillant parcours ? «Il a de la passion, de la volonté et ne se refugie jamais derrière son talent inné. Il se remet en question avec audace», pense l’un de ses proches.
Sa vision de son art se manifeste par des formes atypiques et la sensualité des tissus choisis. «Cet équilibre esthétique rend les produits de Papyvalerie uniques», souligne notre interlocuteur. La persévérance n’est pas la moindre des qualités de ce prometteur couturier qui rêve d’une renommée mondiale. «Pour réussir, il faut se servir de chaque épreuve comme si elle était une pierre. Cette pierre ou épreuve de la vie pourrait nous faire trébucher… ben non, on s’en sert comme d’une marche pour monter plus haut ou comme d’une pierre d’élévation», conseille-t-il aux jeunes de sa génération. «Au final, chaque épreuve nous apprend quelque chose, même si le chemin est long, car on ne sait pas toujours comment utiliser les pierres qui sont sur notre chemin», renchérit-il, en rendant hommage à sa «chère Patrie, le Mali» !
Un talent pour tous les arts
«Je fais partie de ces stylistes maliens qui ont déjà fait leurs preuves, mais qui ont encore besoin de se prouver à nouveau et encore. Aujourd’hui, j’ai besoin d’un environnement dynamique et créatif pour évoluer et ma nouvelle Académie d’enseignement est l’une des meilleures dans cette discipline. Alors, me voilà vers un nouveau défi, partir à l’école à la recherche du savoir, me perfectionner, découvrir en plus….On ne finit jamais d’apprendre», nous disait-il, il y a deux ans quand il s’était installé en Suède pour des études en stylisme.
Papyvalerie, ce n’est pas seulement un doigté magique. Ce jeune a aussi du rythme dans le sang. Il n’hésite pas à prendre le micro pour clore ses défilés par des chants souvent dédiés à ses proches, comme son regretté Papa. «La musique fut ma première passion. Mais le succès et l’évolution de ma créativité de la mode l’ont emportée», répond-il. Il ajoute : «Cela fait quelques temps que je suis en train d’apprendre à jouer de la guitare et du violon. Depuis mon enfance, j’ai aimé chanter. Ma particularité, qui est ma voix androgyne à la fois féminine, a toujours créé un trouble partout où je passais. Une telle voix est un complexe que certains n’osent pas utiliser. Mais, pour moi, c’est une manière de m’identifier à cette différence. J’envisage une carrière musicale plus tard».
«La cuisine fut ma troisième passion. Mon père me l’a apprise. Cela, à un moment où dans la société malienne, c’était mal vu de voir un homme faire la cuisine ou piler du mil pour sa mère», révèle ce cordon bleu caché. «Mon regretté père était un grand fan de mes délicieux plats à la maison. Il fut un père exemplaire qui a su montrer à chacun de ses enfants comment faire les choses par soi-même. Sans doute parce qu’il avait beaucoup voyagé et partagé des expériences avec d’autres cultures d’horizons différents à travers le monde», poursuit-il. «À la différence des garçons de ma génération, j’ai eu la chance d’apprendre et d’admirer la cuisine de ma mère, originaire de la R.D. Congo, ainsi que les saveurs de notre Afrique centrale. Merci à mes parents de m’avoir donné cette liberté de vivre», ajoute Oumar Kanté avec une légitime fierté.
À ne donc pas rater sa nouvelle Collection «Débris» qui sera présentée au public cet été. Et en septembre prochain, Oumar Papyvalerie Kanté va commencer trois ans d’études dans l’une des plus grandes écoles de mode en Espagne, «Académie de moda París». À suivre donc de près cette étoile de la mode malienne qui nourrit la légitime ambition de marquer de son empreinte la mode universelle !
Moussa BOLLY
Conseil d’un talent mature
Si vous ne connaissez pas encore votre «pourquoi», je vous conseille vivement de bien prendre le temps de le chercher, car trouver un métier en accord avec celui-ci est vraiment une bonne manière d’apprécier pleinement son travail. Mais déjà, qu’est-ce qu’un pourquoi ? C’est un peu votre raison de vivre, votre mission sur terre, mais également, une chose qui vous rend heureux et pour laquelle vos proches vous apprécient ou vous apprécieront. Tout le monde à un «pourquoi» ! Mais peu de gens l’ont trouvé. Beaucoup le cherche, beaucoup cherche à l’affiner et à le préciser et seulement, quelques-uns dans le monde le vivent pleinement. Et ceux-là sont des personnages importants ! Vous comprendrez l’importance de cette étape le jour où quelqu’un vous remerciera d’avoir changé sa vie, de l’avoir inspiré, et que vous pourrez lire dans ses yeux à quel point vous l’avez réellement changé !
PAPYVALERIE
Couturier du Mali