s services étatiques, des ONG et des partenaires, il existe dans les régions occupées un fort besoin d’Etat. Les maîtres des lieux se rendent compte, eux-mêmes, qu’ils ne peuvent pas remplacer l’Etat. Chacun ressent l’impérieuse nécessité de combler le vide créé et de satisfaire les besoins fondamentaux des populations ». Tel est le constat principal fait par les émissaires de la Coalition pour le Mali. Cela a été clairement dit par Tiébilé Dramé, vice-président de la Coalition pour le Mali, a la conférence de presse de présentation du rapport de synthèse des missions initiées par son organisation à Kidal, Gao et Tombouctou, du 17 au 24 août 2012. Tiébilé Dramé a rappelé qu’ « il y a 150 jours que l’armée et l’administration se sont repliées, laissant les populations sans défense, à la merci de groupes dont certains, notamment à Gao et Tombouctou, se sont livrés à des actes de violences et de pillages, à des exactions qui resteront à jamais gravées dans les mémoires ». Il dira que c’est dans ce contexte qu’est née, le 26 mai 2012, la Coalition pour le Mali, avec entre autres objectifs de contribuer à la mobilisation des énergies de toute la Nation pour recouvrer l’intégrité du territoire national. Selon lui, c’est dans le cadre de cet objectif que des délégations de la Coalition ont été envoyées dans les trois régions occupées, du 17 au 24 août 2012, avec les missions de témoigner de la solidarité de la Coalition avec les populations et de prendre contact avec les acteurs locaux.
Tiébilé Dramé a indiqué que dans les trois capitales régionales, les émissaires de la Coalition ont rencontré deux catégories de personnes : les représentants des populations (les notables, les chefs religieux, les leaders de jeunes et de la société civile) qui animent la résistance intérieure dans le cadre des comités de crise ou de cadres de concertations et les dirigeants des forces qui occupent et contrôlent les régions du nord. Des constats très intéressants ont été faits pendant la mission, en rapport avec l’Etat, le dialogue, la charia, Al Qaeda et même sur la nature de l’Etat malien.
En ce qui concerne l’Etat, Tiébilé Dramé a indiqué que les émissaires ont constaté un fort besoin de l’Etat. «Cinq mois après le retrait forcé de l’Etat, de tous les services étatiques, des ONG et des partenaires, il existe dans les régions occupées un fort besoin d’Etat. Les maîtres des lieux se rendent compte, eux-mêmes, qu’ils ne peuvent pas remplacer l’Etat. Chacun ressent l’impérieuse nécessité de combler le vide créé et de satisfaire les besoins fondamentaux des populations ». Il a aussi indiqué que les missionnaires de la Coalition ont constaté une forte disponibilité pour le dialogue. Selon lui, lors des échanges avec les principaux responsables d’Ançardine à Kidal et à Tombouctou et avec ceux du MUJAO à Gao, il est ressorti que les voies du dialogue peuvent et doivent être explorées. Cependant, il dira qu’il est apparu aux émissaires de la Coalition que Iyad Ag Ghali, Chef d’Ançardine, est un des principaux responsables des groupes armés au Nord et, à ce titre, un des principaux interlocuteurs pour toute négociation. Par ailleurs, Tiébilé Dramé a indique qu’ « autant le émissaires de la Coalition ont perçu à tous les niveaux un besoin irrépressible de la patrie malienne, autant ils ont perçu que les populations ne regrettent guère les préfets, les juges, les gendarmes, les policiers et tous ceux qui incarnent les services de l’Etat tels que les affaires économiques, les impôts, les douanes, les eaux et forets etc.… ». Face à un tel constat, Tiébilé Dramé dira qu’il va falloir réfléchir sur ce que sera l’Etat dans cette zone du pays. En ce concerne la charia, il dira que « s’ils ne mettent pas en cause l’intégrité du territoire national, les interlocuteurs de la Coalition ne font aucun mystère de leur volonté d’instaurer et de faire respecter la loi de Dieu, la Souna du Prophète (PSL) ». S’agissant d’Al Qaeda, Tiébilé Dramé dira qu’à « aucun moment, dans aucune des capitales régionales, les représentants de la Coalition n’ont eu de contact avec Al Qaeda, même si notre délégation e Tombouctou a été informée de la présence en ville des émirs Moctar Belmoktar et Abdelhamid Abouzeid ».
Avec de tels constats, la Coalition dans sa conclusion dira qu’il « est non seulement possible d’aller dans les régions du Nord occupées, mais qu’il est aussi possible et souhaitable d’ouvrir, au plus vite, le dialogue avec les forces qui contrôlent cette partie du territoire national ». Convaincu que le Chemin est désormais ouvert, Tiébilé Dramé soutiendra : « sans attendre, l’Etat doit prendre le relais, en relation avec la société civile et explorer toutes les possibilités de restaurer la stabilité et la paix, et mettre fin aux souffrances de notre peuple ». Consciente que le retour de l’Etat au Nord n’est possible et viable que si la sécurité est restaurée, la Coalition a soumis aux autorités du pays une liste de recommandations en dix points.
Assane Koné
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Encadre
Les Recommandations de la Coalition pour le Mali
Conscients que le retour de l’Etat au Nord n’est possible et viable que si la sécurité est restaurée, nous soumettons les recommandations ci-après:
1. Envoyer de nouvelles délégations dans les régions du Nord,
2. Poursuivre le dialogue ainsi entamé avec les acteurs locaux desdites régions,
3. Renforcer la société civile des régions occupées,
4. Prendre un rendez-vous ferme, en un lieu à convenir, avec Iyad Ag Ghaly pour entamer le dialogue, en vue du retour de l’Etat dans les régions du Nord,
5. Ouvrir, sans délai, des discussions avec le MNLA,
6. Rencontrer les responsables des groupes de résistance et d’autodéfense,
7. Prendre contact avec les organisations humanitaires du Système des Nations Unies, les ONGs, afin d’organiser la reprise de leurs activités d’assistance dans les régions du Nord,
8. Etudier le retour des services techniques de base de l’Etat, dans le cadre d’un dialogue avec les maîtres des lieux et la société civile.
9. Prendre des dispositions appropriées pour la remise en état des équipements sociaux de base (eau, électricité, téléphone, services de santé),
10. Engager une réflexion profonde, impliquant les représentants de toute la Nation, en particulier ceux de toutes les communautés du Nord, sur les conditions du retour de la sécurité, de la stabilité, de la paix et de l’Administration dans les régions du Nord.
Le Republicain