Pour la sixième fois de leur histoire démocratique, les Maliens sont invités aux urnes le 29
juillet 2018 pour choisir un président parmi les vingt-quatre candidats qualifiés. Ce nombre
élevé, comme en 2013, est le signe de la vitalité et de la maturité de notre démocratie.
Pourrait-on s’attendre à des débats d’idées en lieu en place des invectives et des violences
verbales ? Les candidats s’engageront-ils à faire une campagne civilisée ? Les règles de jeu
vont-elles être les mêmes pour tous les candidats ?
Après 27 ans de pratique démocratique, le Mali semble atteindre une certaine maturité qui
fait de lui l’une des vitrines en Afrique. Il est cité aujourd’hui comme est l’un des pays où les
élections sont tenues régulièrement et que les résultats, mêmes s’ils ont été contestés en
1997 et 2002, n’ont jamais provoqué une crise post-électorale, comme ce fut le cas ailleurs.
Beaucoup sont les Maliens qui prient pour que cette année soit comme celle de 2013, où
avant la proclamation officielle des résultats par la Cour Constitutionnelle, Soumaila Cissé
alors challenger d’IBK, est allé le féliciter pour son élection. Ils veulent que cette élection soit
la véritable fête de la démocratie où seul le Mali gagne. Mais, cela ne sera possible que si les
autorités en charge de son organisation se mettent au-dessus de la mêlée, sont impartiales
et appliquent la loi. Cette campagne doit être l’occasion pour les Maliens de juger les
candidats à travers leurs programmes et ceux qu’ils ambitionnent de faire pour le Mali. Les
électeurs sont en droit d’attendre d’eux des débats d’idées. Après avoir signé le code de
bonne conduite sous la houlette des autorités coutumières, les candidats devraient
également prendre des engagements, pour qu’ils acceptent, en cas de second tour, d’aller à
un débat contradictoire autour de leurs programmes. Dans les grandes démocraties, les
débats sont obligatoires parce qu’ils conditionnent souvent le choix pour tel ou tel candidat.
Nul ne doute que les grandes questions de la Nation malienne se résument en grande partie
à l’insécurité, au chômage des jeunes, à la relance de l’économie, à l’accès aux services
sociaux de base et à l’amélioration des conditions de vie et de travail. Il est une impérieuse
nécessité pour tous les candidats de se prononcer sur ces questions et sur comment ils
comptent s’y prendre. C’est au cours des débats dans différentes langues que les électeurs
pourront faire la différence entre les bons, les moins bons et les médiocres candidats avant
de procéder au choix dans les urnes. Les Maliens doivent être exigeants envers leurs
candidats en leur posant beaucoup des questions.
Youssouf Sissoko