L’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger : perspective de solution de sortie de crise », tel était le thème d’une conférence débat organisée le samedi 18 février 2017 à la Pyramide du Souvenir par l’Association des jeunes pour la démocratie et le progrès (AJDP). Ladite conférence débat était animée par l’ancien ministre, Ousmane Sy, en présence du président de l’Ajdp, Youssouf Maïga et de nombreuses autres personnalités. Conscient de la non-prise en compte de 14 pages d’observations faites par le gouvernement lors de la négociation de l’Accord, le conférencier Ousmane Sy n’a pas nié le fait que l’accord d’Alger « est une camisole de force ». Négociateur lors des pourparlers d’Alger, il a fait savoir que cet accord est un élément à coté d’autres éléments de sortie de crise au Mali. Pour l’ancien ministre Ousmane Sy, il faut des reformes indispensables pour que le Mali sort définitivement de la crise.
Dans ses mots de bienvenue, le président de l’Ajdp, Youssouf Maïga a fait savoir que depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise sans précédent. Avant d’ajouter que cette conférence débat vise à dégager des pistes de solutions à la crise que traverse le Mali. Quant au conférencier, Ousmane Sy, l’accord d’Alger est un élément à coté d’autres éléments de sortie de crise. « Nous sommes dans une crise persistante et qui s’aggrave. Nous avons cru que nous sommes un pays stable. Nous avons connu 3 coups d’Etat et 4 rebellions armées. Et chaque crise est plus grave que la précédente », a-t-il dit. Selon lui, en plus de la crise politique, le Mali connait une crise sociale. Aux dires du conférencier, l’avancée notoire qui existe aujourd’hui a été rendue possible grâce à l’accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 négocié par Tiébilé Dramé. « La spécificité de l’accord d’Alger est le poids de la Médiation internationale qui l’a rédigé et qui a écouté les trois parties à savoir le Gouvernement du Mali, la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) et la Plateforme impliquées dans la crise », a-t-il souligné. Tout ceux-ci l’amène à dire que le processus d’élaboration de l’accord fut inclusif.
55% des fonctionnaires du Mali sont à Bamako
« L’accord est un document politique et non technique. Sa finalité est d’avoir un Mali uni, stable et prospère. Nous ne sommes pas encore un pays stable or le développement se réalise dans la stabilité », a précisé l’ancien ministre. Et de poursuivre que la conférence d’entente nationale a été pensée pour que les gens puissent s’asseoir et discuter. En outre, il a déploré le fait que tout soit informel au Mali. Le conférencier a invité les uns et les autres à profiter de la révision constitutionnelle qui se profile à l’horizon pour toucher ce qui doit l’être. Par ailleurs, il a fait savoir que 55% des fonctionnaires du Mali sont à Bamako. Il a souhaité à ce que la croissance économique soit partagée de manière équitable. « Il faut créer la richesse à travers le secteur privé. Il nous faut revisiter notre model économique, notre model social…faisons de cette crise une opportunité », a martelé Ousmane Sy.
Des reformes indispensables à faire
Dans la mesure où les 14 pages d’observations faites par le gouvernement lors de l’élaboration de l’accord d’Alger, est-ce que cet accord n’est pas une camisole de force ? En répondant à cette question, le conférencier Ousmane Sy dit ceci : «Je ne vais pas nier que l’accord d’Alger est une camisole de force. A Alger, on a souffert. Quand les jeunes de la rébellion étaient en face de nous et qui nous disait, nous vous avons battus sur le terrain… si tu va en négociation, tu es obligé de laisser quelques choses. C’est nous qui devons prendre conscience de nos faiblesses et travailler sur ces faiblesses, tirons des conclusions sur ces faiblesses pour que demain nous puissions aller ». Enfin, il a prôné des reformes (Réformes politiques, économiques, constitutionnelles, institutionnelles, culturelles etc.) indispensables, selon lui, pour sortir définitivement de la crise. D’ailleurs, une conférence débat sera organisée par l’Ajdp le 26 mars 2017 sur la réforme constitutionnelle.
Aguibou Sogodogo