Cette distinction est sans nul doute une véritable reconnaissance envers une personne qui a toujours mis le développement de son pays au devant de tout. Ce grade de Commandeur de l’ordre national du Mali était la seule récompense qu’attendait cette amazone pour enrichir sa galerie de trophées déjà bien garnie.
Oumou Sangaré a été élevée au grade de Commandeur de l’ordre national du Mali par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, le lundi 19 janvier 2015, à Koulouba. Après la réception de cette grande reconnaissance nationale, Oumou Sangaré, visiblement émue, dira «c’est avec joie que je remercie le président de la République et tout le peuple malien de m’avoir donné ce statut de Commandeur de l’Ordre National. Ceci ne peut que m’encourager à me sacrifier pour ce beau peuple et pour ce magnifique pays. Je la dédie à ma mère, à tous les artistes du Mali et à tous mes fans».
Oumou Sangaré a une carrière musicale très riche. Elle est l’une des chanteuses maliennes les plus célèbres auprès du public malien et occidental. Elle est issue d’une famille originaire du Wassoulou, une région boisée située au sud-est de Bamako, où la tradition s’inspire directement des chants de chasseurs. À travers ses chansons, Oumou, en plus des mélomanes de Wassoulou, attire également ceux de toutes les autres ethnies du Mali qui se retrouvent dans sa musique. Attachée à l’identité culturelle du pays, elle croit aux valeurs traditionnelles tout en pointant du doigt celles qui brident les femmes.
Oumou Sangaré est née à Bamako le 2 février 1968 de parents originaires du Wassoulou. Dieu faisant bien les choses, sa mère, Aminata Diakité, était une chanteuse. Dès son enfance, Oumou Sangaré chante afin d’aider sa mère à nourrir sa famille. À l’âge de 5 ans, elle se fait remarquer par ses talents de chanteuse en remportant la finale des écoles maternelles de Bamako, et à cette occasion, elle se produit au Stade Omnisports devant 3 000 personnes. À 16 ans, elle part en tournée avec le groupe Djoliba percussions. Elle a également été membre de l’ensemble instrumental du Mali.
Alors qu’elle n’a que 18 ans, elle enregistre son premier album en 1987 avec le producteur sénégalais Ibrahima Sylla. Celui-ci attend plus d’un an avant de sortir la cassette Moussoulou. À sa sortie en 1988, l’album a fait un succès fulgurant, se vendant en une semaine à plus de 100 000 cassettes au Mali. Le label africain Syllart laisse l’artiste s’épanouir vers une carrière internationale. Grâce à Ali Farka Touré, Oumou Sangaré signe ensuite avec le label anglais World Circuit Records. À 21 ans, elle devient une star.
Elle s’est affirmée depuis le début des années 1990 comme l’une des chanteuses maliennes les plus appréciées à l’international. Son album Moussoulou a ainsi battu le record des ventes. Sa discographie est riche, on y compte «Ko Sira » en 1993, «Worotan» (1996), «Laban» (2001), «CAN 2002» et «Seya» en 2009. Son opus le plus populaire est sans doute Laban, dont plus de 100 000 exemplaires ont été vendus en 6 mois. Depuis 1990, elle se produit sur les plus grandes scènes du monde (Opéra de Sydney, Central Park, Roskilde festival, festival d’Essaouira, Opéra de la Monnaie de Bruxelles, Queen Elisabeth Hall, tous les grands festivals des Pays-Bas).
Oumou Sangaré défend également la cause des femmes à travers le monde. Nommée Ambassadrice de la FAO en 2003, elle a été récompensée par le prix de l’Unesco en 2001. Elle est depuis 1998, Commandeur des Arts et Lettres de la République française. Elle participe à la bande originale du film «Beloved» (1998) avec Oprah Winfrey dans le rôle principal. Oumou Sangaré s’est également lancée dans l’hôtellerie, l’agriculture, l’élevage, la vente de voitures (voiture de marque Oumou Sang), une compagnie de taxis pour créer des emplois dans son pays natal. En plus, Oumou, pour mieux partager, elle a créée une fondation.
Y. Doumbia
Source: Le Débat 2015-01-22 22:28:06