Comment faire donc pour inverser cette tendance? C’est le principal défi de la nouvelle structure dont il a la charge, l’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP) dont les activités ont été lancées par le Premier ministre, Modibo Kéita, le jeudi 10 mars dernier au CICB. C’était en présence des chefs d’institutions et des autorités indépendantes, des membres du Gouvernement et des autorités sœurs du Burkina Faso, du Maroc et du Sénégal, représentées par leurs premiers responsables.
Dans son intervention, le président de l’Autorité de protection des données à caractère personnel, Oumar Ag Ibrahim Mohamed Haïdara, a soutenu que le développement fulgurant des technologies de l’information et de la communication a fini par sortir de l’anonymat la problématique de la protection des données personnelles pour la placer au cœur de la vie publique et médiatique. C’est pourquoi, il a utilisé cette métaphore: «même vêtus, nous sommes vus tous nus, tout comme un ver sous le prisme enchanteur de voyeurs impénitents, dès lors qu’il est établi que notre intimité ne résiste pas au simple clic d’une souris».
Selon lui, le ciblage des individus, la surveillance de masse, le vol de données, le piratage des systèmes d’information, la, géolocalisation ou l’usage ou l’usage illégal de la vidéosurveillance ne sont que quelques exemples parmi les plus médiatisés. A l’en croire, toutes ces pratiques démontrent, à suffisance, que la sécurité des systèmes informatiques, en général, et la protection des données personnelles, en particulier, sont sous-estimées, négligées ou ignorées par les citoyens, les entreprises et les administrations. C’est pourquoi, il a estimé que la protection des données à caractère personnel constitue un impératif de premier ordre pour un pays comme le Mali.
Il a saisi cette occasion pour rappeler les instruments juridiques qui ont été élaborés pour coordonner et unifier les règles de protection des données à caractère personnel. Il s’agit notamment de la Résolution 45/95 relative aux principes directeurs pour la réglementation des fichiers informatisés contenant des données à caractère personnel adoptée par l’ONU en 1990, l’Acte additionnel de la CEDEAO du 16 février 2010 relatif à la protection des données à caractère personnel et la Convention de l’UA sur la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel du 27 juin 2014.
De son côté, le Premier ministre a salué la rapidité avec laquelle l’APDP s’est installée et a noué des contacts avec les organisations sœurs. Il a invité à faire en sorte que cette nouvelle structure puisse travailler au quotidien pour qu’elle ne soit pas un effet d’annonce. Ce qu’il a appelé dans notre pays, «l’insuffisance de la puissance». Il a émis le vœu que l’APDP s’inscrive dans le prolongement de nos valeurs culturelles. Il a rassuré que le Gouvernement reste attentif à la promotion des droits humains et à la protection sociale.
Youssouf Diallo