Mais de Oumar Mariko, on ne dira pas que c’est un candidat de plus, car lui, fait partie de ce décor, sans la présence duquel, le paysage lui-même perd de ses couleurs. Quant à savoir maintenant les chances du SADI à triompher seul sans être soutien d’une coalition forte de partis politiques, c’est là une paire de manches, un véritable pari que beaucoup hésiteront à faire. Mais le candidat Oumar a déjà fait le sien et non sans raison.
Le SADI, une identité qui dérange. C’est une des rares formations si ce n’est la seule d’ailleurs issue du 26 Mars 1991 et qui vingt ans après la chute du dictateur Moussa Traoré, se réclame encore du 26 Mars. C’est en soi un mérite, mais aussi une raison d’exister pour un parti quant on sait qu’il a fallu vingt trois ans pour changer un système politique incarné par des gens ramant à contre courant de l’histoire et qui plus est, le soir de leur règne sanglant étaient toujours satisfaits d’eux-mêmes. Oumar s’est donc inscrit dans le sens de l’histoire du 26 mars, celui de la rupture et du changement. Ainsi à chaque rendez vous électoral, il se rappelle au bon souvenir de tous ceux qui ont pris part au changement démocratique. L’homme joue à merveille le rôle d’objecteur de conscience, celui qui gâche la fête lorsque les convives sont là. Personne ne l’en voudra de cultiver, de vivifier un capital historique et social dont il parait être désormais une des rares incarnations. Il est d’autant dans son bon droit que l’arène politique nationale est confuse, tout le monde confessant la même profession de foi et proposant à peu de choses près le même programme. C’est vrai par ailleurs que ce serait une autre curiosité autrement plus intéressante de le voir à l’œuvre, c’est-à-dire exécuter un jour à la tête de l’Etat son programme de gouvernement. Mais ils sont, quoiqu’on dise rassurés de voir, qu’il y aura au cours de la présidentielle à venir un porte drapeau pour les laissés pour compte, quelqu’un qui n’utilisera pas la langue de bois et qui dénoncera publiquement tout ce qu’il croira devoir dénoncer et qui parlera au petit peuple au nom du petit peuple.
Mais avec quelles armes se demande –t- on l’homme de Kolondiéba veut il aller à l’assaut de la forteresse de Koulouba ?
Un combat à armes inégales L’issue d’une compétition électorale comme celle-là est déterminée en partie par les moyens que les uns et les autres mettent en œuvre pour atteindre leurs objectifs. Le SADI a fait ces dernières années du chemin en passant de la rhétorique à un début d’implantation très prometteur quand il a réussi à conquérir par exemple une bonne partie de l’électorat de Niono, la première zone rizicole du Mali, Oumar lui-même se faisant élire chez lui à Kolondiéba comme député. Le parti pouvait ainsi en alliance avec le PARENA constituer à l’Assemblée Nationale un Groupe politique.
Malheureusement à la fin de la législature, le parti a reçu un coup de massue avec la démission de la plupart de ses députés, partis rejoindre d’autres cieux plus cléments. Ce coup de massue a tout l’air d’un coup politique fait pour discréditer la formation du président Cheikh Oumar Cissoko. En effet, plus que la défection des députés en question, (on verra si les dissidents ont été suivis par la base), c’est plutôt l’image de cette formation qui en pâtit, toute chose qui du reste pose le problème plus global que certains appellent la transhumance politique.
Toujours est-il que le parti se entame ainsi ces joutes électorales sans avoir la certitude de garder son bastion de Niono. Ce n’est naturellement pas bon pour le moral. Mais la formation de l’ancien ministre de la Culture n’aura pas que ce handicap psychologique ; à savoir la démission de certains de ses cadres, l’autre grand problème risque d’être le manque d’alliés, auquel cas ce sera le SADI seul contre tous. Il est vrai que le parti semble avoir compris la politique des alliances puisque par le passé il a essayé de rassembler et doit certainement continuer de rassembler des leaders d’opinion, des personnalités qui ne sont pas forcément détenteurs de la carte SADI, à défaut d’aller dans un front plus large. Pire, il faudra faire face aux problèmes de logistique.
Par exemple comment couvrir un pays vaste de 1.241 000km2 pour un candidat qui a très souvent des problèmes à rassembler la simple caution exigée par la loi électorale ? Comme on le voit, il faudra bien plus que la bonne plate forme politique déjà en circulation. Mais Oumar Mariko a certainement déjà relevé un premier pari, celui d’exister d’abord et d’être là parmi les prétendants. Nul doute que ces deux législatures passées sous ATT auront permis au Parti de mûrir à l’épreuve du temps , des échecs et des reculs. Le moindre mal qu’on lui souhaite c’est de pouvoir négocier un autre tournant et mieux se repositionner sur l’échiquier politique national.
Piyahara Diamouténé
Le National 07/07/2011