Le courant ne passe plus entre le sous-préfet de Ouélessébougou et le député Bourama Tidiane Traoré. La raison serait liée au refus du sous-préfet d’être utilisé comme une marionnette par l’honorable Traoré dans ses règlements de compte avec certaines familles de son village natal. Incapable de manipuler le sous-préfet à sa guise, l’honorable a décidé de lui déclarer la guerre. Pour ce faire, il a officiellement écrit au ministre de l’Administration territoriale pour demander le départ de l’administrateur civil.
Tout a commencé le 24 janvier 2017. Les députés élus à Kati Bourama Tidiane Traoré et Seydou Coulibaly adressent une correspondance au ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, pour lui demander «la mutation» du sous-préfet de Ouélessébougou. Dans cette correspondance, ils accusent l’administrateur civil d’avoir vendu l’espace scolaire de Banazolé en complicité avec des jeunes conseillers du village.
Pourtant, au cours de notre enquête, il s’est avéré que la raison principale du problème n’est pas liée à la vente du terrain de Banazolé, mais plutôt à un règlement de compte entre le puissant député Bourama Tidiane Traoré et certaines familles de son village. Aux dires du sous-préfet, Modibo Diarra, que nous avons rencontré, la version des faits des élus est fausse. «Je n’ai jamais vendu un seul mètre carré à Banazolé encore moins l’espace scolaire. L’honorable député veut régler ses comptes avec des familles dans son village. Il veut les déguerpir de leurs terres à des fins personnelles. Je refuse d’être son complice», nous a-t-il confié.
Cette déclaration de l’administrateur a été confirmée par un honorable député qui faisait partie de la deuxième délégation parlementaire dépêchée à Ouélessébougou pour constater les faits. Il explique : «Nous avons compris que c’est un faux débat. L’espace scolaire de Banazolé n’est aucunement vendu. Nous avons su que notre collègue a une rancune tenace contre certaines familles de son village. C’est pourquoi nous lui avons dit ce jour-là, qu’il n’avait pas raison. Au retour, nous avons informé les autres députés de ses manœuvres. Dès lors, notre institution s’est désengagée de l’affaire».
De fait, la tentative de Bourama Tidiane Traoré d’obtenir l’implication sinon le soutien de l’Assemblée nationale, qui a effectué deux visites parlementaires sur le site, a échoué, car les autres élus ont vite compris les dessous du problème.
Après cet échec, l’honorable Traoré a vainement tenté de rallier à sa cause le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, Me Mohamed Ali Bathily. Ce dernier a aussi effectué un déplacement à Banazolé et y a même tenu un meeting dans la cour de l’école. Il a finalement compris le jeu du député, après les visites d’agents de son département et deux autres de la subdivision des domaines de Kati.
Faux et usage de faux
Après toutes ses tentatives infructueuses, le député Bourama Tidiane aurait falsifié la signature de son colistier, Seydou Coulibaly, pour convaincre le ministre de l’Administration territoriale qu’il n’est pas seul à réclamer le départ du sous-préfet de Ouéléssébougou. Interrogé par nos soins, le député Seydou Coulibaly n’a pas reconnu sa signature sur le document : «plusieurs personnes m’ont appelé pour me demander. Je n’en ai pas eu connaissance». Mais il a également promis de chercher à voir d’abord le document avant toute réaction. Pour avoir sa version des faits, nous avons tenté de rencontrer l’honorable Bourama T. Traoré, sans succès.
Selon nos sources, l’objectif visé par l’honorable Bourama Tidiane Traoré est d’avoir un préfet manipulable pour avoir la mainmise sur les terres, notamment celles de Marakodougou (un ancien regroupement de 5 villages) qui englobe Banazolé. Notons que l’honorable Bourama Tidiane Traoré n’est pas à son premier essai. Il a déjà agressé un juge dans son bureau, il y a quelques années.
Affaire à suivre.
Wassolo