Ouagadougou: grande mobilisation de soutien à la transition

Plusieurs milliers de personnes sont sorties, dans la matinée du samedi 6 mai 2023, à Ouagadougou, pour une grande mobilisation de soutien aux autorités burkinabè de la Transition. Leaders coutumiers, religieux, responsables d’Organisations de la société civile (OSC), simples manifestants, etc., ont tous pris d’assaut la Place de la nation pour témoigner leur solidarité au Gouvernement de la Transition qui a déclaré, en début de semaine, que le Burkina Faso est victime d’une « coalition internationale » qui entraverait ses initiatives dans la lutte contre le terrorisme. D’autres manifestations se sont également déroulées dans plusieurs autres villes du pays.

Ce n’était plus arrivé depuis la mobilisation des 30 et 31 octobre 2014 lors de l’Insurrection populaire qui a fait partir, à l’époque, le président Blaise Compaoré du pouvoir. C’est une véritable marée humaine qui s’est mobilisée, ce samedi 6 mai 2023, à la Place de la Nation, à Ouagadougou. Mais contrairement à 2014, la mobilisation de ce jour était pour accompagner les nouvelles autorités de la Transition qui seraient victimes, à en croire leurs récentes sorties, d’un «complot international» dans leur nouvelle dynamique de reconquête du territoire national et d’affirmation de leur souveraineté.

De différentes couches sociales, ils sont, pour certains, des responsables d’OSC, des leaders coutumiers et religieux. Des jeunes, des femmes, des personnes du troisième âge, tous ont répondu à l’appel de la Coordination des Organisations de la Société Civile du Burkina, responsable de ce meeting. Les drapeaux burkinabè, malien et russe ont flotté sous le soleil ardent de Ouagadougou à l’ancienne Place de la Révolution rebaptisée Place de la Nation, comme pour symboliser la nouvelle dynamique impulsée entre ses trois pays qui semblent partager les mêmes idéaux pour leurs peuples.

Dans la foule de manifestation, des slogans de diverses natures sont exhibés. Certains élogieux envers le capitaine président de la transition burkinabè, vu comme le «sauveur» du peuple, clamant les relations Burkina-Mali-Russie dans la lutte contre le terrorisme. D’autres slogans sont, en revanche, très hostiles envers la CEDEAO, les Nations Unies, la France notamment, appelant ces Institutions et pays à «cesser de dicter leur volonté au peuple souverain du Burkina Faso».

Entre clameurs, cris de soutien et aussi de colère, c’est une véritable ambiance électrique, surchauffée davantage par le soleil tombé d’aplomb, qui a été donnée de voir dans ce grand espace de la Place de la Nation.

«Les Burkinabè ont, une fois encore, montré qu’ils sont capables de surmonter l’insurmontable»

L’objectif de ce meeting gigantesque, selon les organisateurs, c’est de marquer leur soutien aux autorités burkinabè de la Transition contre la «coalition internationale» qu’ils ont évoquée, mais aussi exprimer leur solidarité aux forces combattantes engagées sur le champ de bataille contre les groupes armés terroristes pour la reconquête du territoire national.

Sous un torrent d’applaudissements, le porte-parole de la Coordination des OSC du Burkina, Gislain Somé, a salué les autorités de la Transition pour la nouvelle dynamique impulsée dans l’offensive contre les groupes armés terroristes qui a permis, selon lui, de reprendre le contrôle de plusieurs localités du pays. Il a aussi rendu hommage aux Forces de défenses et de sécurité (FDS) et aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) pour leur combat pour la libération du pays des forces du mal. Le porte-parole de la Coordination d’OSC a également dénoncé «des manœuvres subversives» de la communauté internationale qui ont pour but «d’instrumentaliser» l’opinion contre la volonté du peuple.

«Nous sommes ici pour faire savoir à la coalition occidentale, à la CEDEAO que ce pays nous appartient et on fera ce qu’on veut de notre pays, personne ne viendra nous dicter sa volonté ici», a déclaré avec fermeté, Prosper Simporé, manifestant, qui dit venir exprimer son soutien à la Transition. Pour lui, il n’est pas question de céder une portion du territoire burkinabè, mais «il s’agit de reconquérir l’entièreté de ce territoire tel qu’il nous a été légué par les prédécesseurs», a-t-il laissé entendre, expliquant que cette mobilisation est faite dans le but de soutenir les autorités dans ce combat.

Ablassé Ilboudo, coordonnateur du Mouvement Uni pour la Patrie, membre de la Coordination des OSC, voit, quant à lui, «la victoire s’approcher». «La victoire n’est plus loin, c’est pour cela qu’on veut nous imposer des présences étrangères au pays», a-t-il affirmé, ajoutant que par cette mobilisation, «les Burkinabè ont une fois encore montré qu’ils sont capables de surmonter l’insurmontable».

Il est à noter que ce meeting à l’initiative de la coalition de plusieurs OSC, est la toute première manifestation de telle envergure pour soutenir le Gouvernement de la Transition en place depuis début septembre 2022. En effet, en plus de la capitale Ouagadougou, d’autres meeting, marches-meeting de soutien ont été organisé, le même samedi, dans plusieurs autres chefs-lieux de régions comme Bobo-Dioulasso dans l’Ouest, Fada N’Gourma dans l’Est, Ouahigouya dans le Nord, Kaya dans le Centre-Nord.

Par Siaka CISSE