Pour lui, le coup d’Etat du 22 mars était « salutaire », l’agression contre Dioncounda Traoré un détail et la crise du Nord un petit moment d’égarement que l’armée promet de corriger au plus tôt. « Les Maliens savent et peuvent régler leurs problèmes par eux-mêmes » : cette position du citoyen lambda est aussi, à quelques nuances près, celle de gros calibres de la société civile ou de la classe politique. Tel Mahmoud Dicko, le président du Haut Conseil Islamique qui avait le déplacement de Ouaga la première fois mais qui a préféré rester cette fois à Bamako parce qu’il croit que «le Mali a la solution». Tels le Rpm de Ibrahim Boubacar Kéita dont le député pressenti pour le voyage s’est désisté au dernier moment, s’alignant sur sa formation qui a, elle, choisi de bouder Ouaga. Tel également le Cnid de Mountaga Tall qui n’était pas du voyage.
Ouaga plutôt que Marcoussis
Celui-ci comprenait près d’une vingtaine de partis politiques représentés ou non au parlement et une douzaine d’organisations de la société civile. Pour bien de ces participants, il n’y a pas de complexe à se faire par rapport à la Cedeao dont le Mali est état membre et membre fondateur. Il y a une crise politique au Mali aggravée d’une crise de confiance, soutient, un chef de parti et dans ce cas, la médiation même étrangère est le moindre mal. « Ne nous parlez pas de souveraineté quand ce sont des Afghans et des Pakistanais qui dictent leurs lois sur les deux tiers du territoire », s’emporte un autre politique. « Il vaut mieux Ouaga que Marcoussis » enchaîne un autre. Et pour un dernier « l’essentiel est de mettre fin à la restauration qui se dessine sous nos yeux, avec pour objet de réhabiliter l’ancien régime de Moussa Traoré ».
Et après Ouaga ?
A Ouaga, savait-on que le tout Bamako n’applaudissait pas des deux mains la rencontre du Groupe de Contact ? En tout cas, le mini-sommet sur le gouvernement d’Union annoncé en boucle par la presse sans rectificatif de la Cedeao, aura été une rencontre sur les deux crises, institutionnelle et sécuritaire au Mali. Le Nord malien y a été abondamment évoqué, donnant lieu à une sortie au vitriol du Coren qui crie presque à la non assistance à régions en danger. On sait aussi avec précision que le président de transition, le Premier ministre et les ministres ne peuvent pas être candidats à la présidentielle que la transition est chargée d’organiser. Le retour au Mali du président de la transition ainsi que les conclusions de l’enquête sur son agression sont aussi souhaités par les congressistes et attendus par les chefs d’Etat conformément à leurs déclarations au sommet de Yamoussokoro. Sur le gouvernement d’union, c’est moins le communiqué final de la rencontre que les dépêches de presse qui auront le plus dopé certains Maliens et remontés d’autres. Les cinq chefs d’Etat présents (Goodluck du Nigeria, Boni du Bénin, Gnassimbé du Togo, Ouattara de la Côte d’Ivoire, Compaoré du Burkina Faso ne se sont pas adressés à Cheick Modibo Diarra mais aux « forces vives du Mali y compris la classe politique et la société civile » dans le communiqué final ». Ce sont ces deux composantes que le Groupe de Contact « invitent à procéder à des consultations et à formuler au Président de la République par intérim des propositions en vue de la formation avant le 31 juillet 2012 d’un gouvernement d’union nationale ». La dépêche menaçant le Mali de sanctions en cas de refus d’obtempérer n’est pas forcément une vue de l’esprit mais un de ces « off » inflammatoires qui ont prospéré tout au long de la crise malienne.
Adam Thiam
Le Republicain