« À présent, poursuit-il, la confrontation devient plus directe. La mort d’Oussama Ben Laden soustrait le Sahel du champ d’affrontement global ‘al-Qaïda contre Occident' », a-t-il poursuivi, en ajoutant que « cette concentration sur un espace dont l’immensité est un défi pour les États laisse craindre une autoradicalisation ». Branche maghrébine d’al-Qaïda, Aqmi opère dans plusieurs pays du Sahel, Niger et Mauritanie en particulier. Aqmi a revendiqué l’enlèvement dans le nord du Niger, en septembre, de cinq Français, d’un Malgache et d’un Togolais. Trois de ces otages ont été libérés en février et Aqmi détient toujours quatre Français dans la région du Sahel, réclamant en échange de leur libération que la France retire ses troupes d’Afghanistan comme l’avait demandé Ben Laden.
« La disparition de Ben Laden élimine un intermédiaire : les ravisseurs ne pourront plus renvoyer sur lui les gouvernements occidentaux », note à ce propos le ministre malien, ajoutant que les ravisseurs pourraient alors « durcir leur discours et menacer les Occidentaux ». Le chef de la diplomatie malienne juge toutefois encore possible la libération des Français détenus par Aqmi, considérant que la libération des trois otages en février était « une première étape ». « Mais les prétentions financières des ravisseurs font réfléchir. Le versement des 100 millions d’euros qu’ils réclament, dit-on, risque de faciliter leur armement et leur recrutement », poursuit le ministre. L’intervention occidentale contre le régime du colonel Kadhafi en Libye semble aussi les inquiéter « car les Occidentaux se sont rapprochés d’eux, et montrent leur détermination », estime Soumeylou Boubèye Maïga.
Le Débat 06/05/2011