Présentés comme étant des géologues travaillant au compte d’une cimenterie, Verdon et Serge sont arrivés à Bamako avant de partir, mardi dernier, à Hombori. Ces deux hommes n’auraient signalé leur présence ni l’Ambassade de France, ni aux autorités maliennes.
Quarante huit heures après, ils furent donc enlevés dans un campement à Hombori. Le rapt soulève beaucoup de questions dans les milieux diplomatiques et sécuritaires de la capitale. Une des interrogations: Que faisaient réellement ces deux Français à Hombori ? Des zones d’ombre subsistent sur les activités réelles de ces deux personnages. Officiellement, ce sont des géologues travaillant pour une société malienne qui a, en chantier, une cimenterie à Hombori. Mais l’on se demande aujourd’hui si Verdon et Serge ne sont pas en réalité des agents de renseignements travaillant pour les services de renseignements français, qui font souvent recours à des barbouzes par des missions bien déterminées. Et si c’était la même chose pour les deux hommes enlevés en Hombori et qui ont été mêlés dans plusieurs dossiers obscurs à travers l’Afrique et même ailleurs.
Le premier, Jean-Philippe Verdon, est tristement célèbre dans certains milieux de mercenariat. Cet aventurier de 56 ans a été cité dans des affaires louches aux Comores et à Madagascar. Dans le premier pays, Verdon a été écroué à la maison d’arrêt de Moroni en novembre 2003. Arrêté avec deux autres Français, Jean Philippe Verdon est présenté comme un mercenaire qui tentait des actes de déstabilisation aux Comores. Les trois hommes étaient accusés d’avoir préparé une opération de déstabilisation contre le pouvoir en place et incité à la violence. Après les Comores, Verdon est à nouveau, au centre d’un scandale politico-juridique à Madagascar. Là également, le mercenaire est accusé de tentative de déstabilisation. Il est arrêté, puis expulsé vers la France.
Dans sa carrière d’aventurier, il aurait même eu des contacts avec le célèbre mercenaire français, Bob Denard. Celui-ci, avant sa mort, a confirmé qu’il connaissait Philippe Verdon et qu’ils se sont rencontrés à plusieurs reprises. Verdon, selon lui, n’est « pas un soldat » mais un homme qui « faisait des affaires », sans donner plus de détail.
Serge aussi serait un barbouze qui a offert ses services en ex-Yougoslavie et à l’ex-Zaïre. Alors, l’on ne peut que poser des interrogations sur leur présence au Mali et surtout vers le Nord du pays. Pourquoi étaient-ils à Hombori. Pour qui travaillent-ils exactement ? Comment une société malienne ait pu « embaucher » ces deux hommes qui traînent autant de casseroles ?
CH. Sylla
L’AUBE 29/11/2011