Aux Comores, des opposants à l’expulsion massive d’étrangers en situation irrégulière hors de Mayotte ont défilé dans les rues de Moroni. C’était également le cas dans quelques villes françaises. Parallèlement, un courrier a été adressé à la compagnie exploitant le navire Maria Galanta l’interdisant de transporter tout Comorien expulsé.
Après les déclarations et les communiqués, des Comoriens sont descendus dans la rue massivement, ce samedi, dans la capitale comorienne pour exprimer leur mécontentement par rapport à l’opération Wuambushu, prévue à partir du samedi 22 avril à Mayotte. Le rassemblement citoyen a eu lieu au foyer des femmes, à Moroni. Malgré le changement de plan, une marche pacifique avait initialement été prévue du Palais du peuple jusqu’à la place de l’Indépendance, la mobilisation était au rendez-vous contre le plan de Gérald Darmanin. Supervisé par le ministre français de l’Intérieur et des Outre-mer, celui-ci est perçu par certains comme la solution qui débarrasserait Mayotte de la délinquance et de la crise sécuritaire qui la secouent. Au total, plusieurs centaines de policiers et de gendarmes sont attendus dans l’île dans les prochains jours. Pendant deux mois, ces unités devront ramener de l’ordre. Toutefois, l’opération suscite de multiples inquiétudes. Des associations craignent des violations des droits humains. Sur le plan géopolitique, le gouvernement comorien a officiellement demandé, lundi dernier, aux autorités françaises d’abandonner l’opération, l’invitant à privilégier le dialogue.
REFUSER L’ACCUEIL DES RECONDUITES
Aux Comores, la société civile continue elle d’exprimer son opposition. D’où le rassemblement de ce samedi 15 avril, organisé par le comité Maoré, un collectif qui refuse toujours l’idée que Mayotte est française. « Nous sommes réunis ici ce matin pour faire comprendre aux autorités françaises en prenant la communauté internationale comme témoin que le peuple comorien dans son ensemble est fondamentalement contre le plan appelé Wuambushu », a fait savoir, Hissane Guy, militante d’Adrikini, une des organisations citoyennes présentes au rassemblement, comme les politiciens de tous bords confondus. Une première. Si à Mayotte, les collectifs ont apporté leur soutien au ministre de l’Intérieur, à Moroni, le renvoi des Comoriens en situation illégale à Anjouan passe mal.
Si à l’instar du président comorien, Azali Assoumani, elle reconnait son incapacité à pouvoir stopper Wuambushu, la société civile a tout de même tendu la main aux organisations internationales. En effet, l’Union Africaine, le conseil européen des droits de l’homme ou encore les Nations Unies, ont tous été saisis par la partie comorienne. Le comité Maoré a également écrit aux responsables de l’agence de Mutsamudu qui exploite le navire Maria Galanta. L’objet de la missive est d’interdire au bateau de ramener des reconduites à Anjouan, le temps de l’opération. Une doléance qui ne peut être effective que lorsque les autorités comoriennes auront donné leur aval, comme ce fut le cas en 2018. « Nous demandons par ailleurs au gouvernement comorien d’abroger sans délai l’accord-cadre de partenariat signé en juillet 2019, à Paris entre les présidents français et comorien et de s’opposer fermement tout acte de déplacement forcé de population de nos îles », a réclamé Youssouf Atick, du comité Maoré, qui ne ferme pas la porte des négociations avec la France.
Notons qu’en plus du rassemblement de ce samedi, la diaspora comorienne organisait simultanément des manifestations dimanche en France et à l’île de la Réunion.