Offensive de l’armée tchadienne contre Boko Haram au Nigeria

Tôt le matin, des blindés et des fantassins tchadiens ont franchi le pont séparant la ville camerounaise de Fotokol de la ville frontalière nigériane de Gamboru. L’opération a été précédée d’importants bombardements aériens et d’artillerie, ainsi que par des échanges de tirs nourris avec les islamistes.

Les opérations aériennes ont duré près d’une heure avant le passage des troupes, qui sont entrées dans Gamboru. L’intégralité du contingent de 2000 hommes environ, selon des sources militaires, était entré au Nigeria à la mi-journée. Les forces camerounaises qui protégeaient Fotokol depuis des mois sont restées sur leurs positions, a constaté l’AFP.

« Intégrité territoriale »

L’armée nigériane a souligné que la présence de troupes tchadiennes ne remet pas en cause « l’intégrité territoriale du Nigeria ». Les Tchadiens pallient l’inefficacité de l’armée nigériane et ont aussi massé des troupes à la frontière entre le Niger et le Nigeria, à proximité immédiate de bastions de Boko Haram.

« Un contingent d’environ 400 véhicules et des chars est positionné de Mamori à Bosso », a annoncé la radio privée Anfani basée dans le sud du Niger. Les deux bourgades de l’est nigérien sont séparées du Nigeria par une rivière.

Soutien français

N’Djamena n’a pas confirmé ce mouvement de troupes au Niger mais, selon des habitants, cette concentration comprend plus de 500 véhicules. Elle pourrait annoncer une attaque imminente sur Malam Fatori, contrôlée par Boko Haram et située de l’autre côté de la rivière.

Les combattants islamistes ont pris position sur la rive nigériane. Ils sont équipés de matériel antiaérien monté sur des camionnettes, selon ces témoignages.

La France soutient l’action tchadienne avec des missions de reconnaissance au-dessus du Tchad et du Cameroun, ont indiqué mardi des sources officielles françaises. Ces dernières ont précisé que du renseignement était délivré à ces pays largement impliqués dans la lutte contre Boko Haram.

Election le 14 février

L’offensive tchadienne intervient à l’approche de l’élection présidentielle nigériane du 14 février. Le chef de l’Etat Goodluck Jonathan vise un nouveau mandat dans un pays miné par les attentats et les attaques de Boko Haram. Il a échappé lundi à un attentat-suicide dans le nord-est du pays, région dont les djihadistes contrôlent des pans entiers.

Ces violences menacent de plus en plus l’équilibre régional en pesant sur les frontières du Cameroun, du Niger et du Tchad. Elles ont entraîné la réaction militaire tchadienne. Les autorités de Ndjamena sont très soucieuses de se prémunir d’infiltrations de djihadistes sur son sol.

Conflit meurtrier

Boko Haram avait pris le contrôle de plusieurs villes longeant la frontière nord-est du Nigeria, multipliant les attaques dans les pays frontaliers, s’aventurant au Cameroun. Les islamistes qui avaient pris Baga début janvier y avaient commis des massacres qualifiés de « crimes contre l’humanité » par la communauté internationale.

L’insurrection de Boko Haram, qui prône l’instauration d’un islamisme radical et s’associe aux idées d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique, a fait plus de 13’000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria depuis 2009.

Washington inquiet

Cette situation inquiète de plus en plus Washington. L’insurrection menace de provoquer une « crise régionale importante », a averti mardi le général Vincent Stewart, nouveau chef du renseignement militaire. Il a salué l’engagement des pays voisins contre le groupe extrémiste.

L’Union africaine, quant à elle, a appelé à la mobilisation en Afrique contre les islamistes. Elle a demandé la création d’une force militaire régionale de 7500 hommes. Sa mise en place devait être débattue dès jeudi dans la capitale camerounaise, Yaoundé.


(ats / 03.02.2015 21h49)23:19:44
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