La transition avait pour missions impératives la libération totale du territoire et l’organisation d’élections transparentes et crédibles. Où en est-on sur ces deux missions ? Nul besoin de faux-fuyants, le constat s’impose de plus en plus, implacable. La transition politique, décrétée au départ pour 12 mois par la Cédéao et la communauté internationale au Mali au lendemain du coup de force des jeunes militaires de la garnison de Kati le 22 mars 2012, est dans l’impasse.
Si apparemment les institutions de la République et les structures de l’Etat fonctionnent, il est aujourd’hui évident que les deux objectifs principaux assignés à la transition dans sa feuille de route adoptée le 29 janvier 2013 par l’Assemblée nationale, ne seront pas atteints dans les délais requis.
Le gouvernement d’union nationale ( ?) mis en place au forceps après l’éviction humiliante de Cheick Modibo Diarra le 11 décembre 2012, est en train de faire du sur-place : se contentant d’assurer le paiement des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat. Quant à l’exécution correcte des missions principales qui devraient être les siennes ; à savoir : la libération du territoire, la restauration de l’intégrité territoriale, la défense et la protection des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national ainsi que l’organisation d’élections transparente et crédibles, il continue de tromper le peuple en faisant semblant de s’y atteler alors qu’en réalité, il ne fait rien qui puisse écourter la transition, son délai de vie normale.
Le peuple n’est pas dupe et si les choses ne bougent pas immédiatement, il ne manquera certainement pas de démontrer sa détermination et son intransigeance quant au respect scrupuleux des engagements pris.
Dioncounda Traoré et ses ministres, notamment ceux des Affaires étrangères, de la Défense ainsi que celui de l’Administration du territoire, se sont eux-mêmes « mis la corde au cou » en fixant un calendrier pour la fin de la transition dont ils sont sûrs et convaincus de ne pas pouvoir honorer.
Car, ils ressemblent plus aux dindons de la farce d’un conflit géostratégique dont les vrais déterminants sont à Paris, Bruxelles et à New York. C’est pourquoi, Hollande a de plus en plus tendance à oublier qu’il est le président que les Français ont élu et non celui du Mali.
Certes, la France a été prompte à voler au secours d’un Mali en détresse. Mais, cela lui donne-t-il carte blanche pour tout décider en lieu et place des Maliens ? Aujourd’hui, le MNLA ne survit que par la volonté et la protection des troupes françaises déployées au Mali dans le cadre de l’opération Serval. Cette protection providentielle donne de nouvelles ailes à ce mouvement rebelle dans ses velléités sécessionnistes.
C’est la raison pour laquelle il est en train de remettre aujourd’hui sur la table des « négociations » conduites par la médiation burkinabé toutes les revendications auxquelles il avait récemment renoncé sous la pression militaire des groupes jihadistes d’abord et des forces alliées par la suite. Après avoir ressorti des tiroirs ses premières revendications territoriales « azawadiennes », l’heure est désormais à la chasse ouverte aux peaux noirs dans toute la région de Kidal sous le prétexte fallacieux « d’éléments infiltrés » de l’armée malienne sur le « territoire de l’Azawad ».
Quelle injure à la souveraineté et à la dignité maliennes ! Pis, cette chasse aux sorcières se passe au nez et à la barbe de l’armée française sensée être intervenue pour le rétablissement de l’intégrité et de la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire.
Les populations déçues et amères
La classe politique dans son ensemble, la société civile et toutes les forces vives de la nation sont unanimes et intransigeantes sur la question de Kidal.
Sans la présence de l’armée nationale et de l’administration d’Etat à Kidal, il n’y aura point d’élections. Ceci doit être clair dans la tête et dans l’esprit de tous y compris le président « malien » François Hollande et ses « vassaux » chargés de la transition. Le Mali sera avec Kidal ou ne sera pas du tout !
Pour avoir fixé la date des élections sans s’assurer de la présence de l’armée à Kidal, Dioncounda n’a-t-il pas de façon tacite cautionné la partition du Mali ?
S’il est aisé de comprendre que dans cette affaire du Mali la France défend prioritairement ses intérêts avec son agenda à elle, le MNLA n’a jamais caché sa prétentieuse ambition de séparer du Mali des communautés et des territoires des régions du Nord. Ce mouvement irrédentiste est donc jusque-là dans sa logique et son rôle. Mais, en face d’eux (France et MNLA) on a le sentiment qu’il n’y a personne qui défende véritablement les intérêts du Mali.
La colère monte inexorablement à tous les niveaux. L’armée est outrée par « l’interdiction » qui la frappe pour entrer à Kidal. Les partenaires africains (pour ceux qui sont sincères) ne manquent plus aucune occasion pour marquer leur désillusion face à la tournure prise par les événements.
La Cédéao et l’Union africaine ont beau vociférer pour « exiger le désarmement et le cantonnement des groupes armés illégaux et illégitimes » rien n’y fît. La France a fait son choix qui porte sur le MNLA au détriment du Mali. Cela ne fait plus l’ombre d’aucun doute. A présent, c’est au peuple malien de s’assumer sur l’alternative qui s’offre à lui : se faire entendre, se faire comprendre et se faire respecter !
Quant au président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré, Dieu a voulu que ce soit lui aujourd’hui qui soit le chef suprême des armées, le père de la nation et le gardien de la
Constitution. A ce titre, il a la responsabilité pleine, entière et exclusive dans ce qui se passe aujourd’hui et de ce qui se dessine
pour demain à Kidal et ailleurs sur toute autre plus petite parcelle du territoire national.
En effet, faut-il rappeler à ce sujet l’article 29 de la Constitution du 25 février 1992 qui stipule que « le président de la République est le chef de l’Etat. Il est le gardien de la Constitution. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des traités et accords internationaux. Il veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et assure la continuité de l’Etat ».
En cas de défaillance, de trahison ou de quelconque collusion avec l’ennemi de l’intérieur comme de l’extérieur, il est passible de poursuite devant les juridictions compétentes pour haute trahison vis-à-vis du serment fait à la nation.
Quoi qu’il en soit, le peuple veille. Il observe et reste passif jusqu’à ce que le seuil du tolérable, de l’acceptable et du supportable soit franchi. Nul doute que si cela n’est pas, on n’en plus très loin !
Que Dieu veille sur le Mali !
Bréhima Sidibé
L’I ndicateur Du Renouveau 2013-06-04 19:31:37