Nucléaire iranien: les discussions continuent sans nouvelle date butoir

 

Mais après une semaine de tractations très difficiles, très compliquées, maintenues sous pression par une date butoir (le 31 mars) désormais expirée, un sentiment de lassitude était perceptible chez certains négociateurs.

Les discussions achoppent toujours sur les mêmes points, même si des progrès ont été enregistrés, selon des diplomates occidentaux et iraniens.

Ces deux points sont: les sanctions et la recherche et le développement, permettant à l’Iran de développer des centrifugeuses plus performantes.

Les centrifugeuses permettent d’enrichir l’uranium et cette question est au coeur du problème. Enrichi à 90%, l’uranium est destiné à la fabrication d’une bombe atomique, et la communauté internationale soupçonne Téhéran de vouloir acquérir cette arme, ce que l’Iran a toujours démenti.

Les grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne) veulent donc brider le programme nucléaire iranien et le contrôler étroitement pour s’assurer que Téhéran ne se dotera jamais de la bombe, en échange d’une levée des sanctions internationales qui étranglent son économie.

Ce dernier point pose aussi problème. L’Iran est soumis à un régime strict de sanctions américaines, européennes, et surtout onusiennes.

Ils veulent savoir précisément comment elles seront suspendues, abrogées, dans quel ordre, lesquelles…, a expliqué un diplomate du P5 +1, le groupe des grandes puissances.

La levée -progressive ou immédiate- des sanctions, la façon de les réimposer en cas de violations de ses engagements par l’Iran sont également discutées au sein du P5 +1, où Russes et Chinois, traditionnellement hostiles aux sanctions, sont plus disposés à les alléger rapidement que d’autres (Etats-Unis, France). Mais ça ne remet pas en cause la dynamique de la négociation et la solidarité du groupe des grandes puissances, a assuré cette source.

– Cacophonie –

Pourtant, une certaine cacophonie entre membres du P5+1 a éclaté dans la nuit de mardi à mercredi, après la suspension d’une énième plénière entre grandes puissances et Iran. Chaque délégation y est allée de son commentaire, les uns très optimistes évoquant un accord en vue, d’autres démentant et faisant état de blocages persistants..

Mercredi, seuls les chefs de la diplomatie américaine John Kerry, britannique Philip Hammond, et allemand Frank-Walter Steinmeier et leur homologue iranien Mohammad Javad Zarif étaient toujours à Lausanne.

Le Français Laurent Fabius, parti au petit matin sans faire de déclaration, pourrait revenir en Suisse si les négociateurs s’approchent d’un accord, selon son entourage.

A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel s’est voulue optimiste. Je crois qu’une grande partie du chemin a été faite (…) Un grand travail a été accompli depuis de nombreuses années par toutes les parties en présence, j’espère et souhaite que l’on arrive aujourd’hui à un compromis qui corresponde aux conditions que nous avons fixées, à savoir que l’Iran ne puisse accéder à un armement nucléaire, a-t-elle dit.

Même tonalité à la Maison Blanche : Nous avons le sentiment que les discussions continuent à être productives (…) et nous continuons à faire des progrès, a déclaré Josh Earnest, porte-parole de l’exécutif américain, précisant que le président Barack Obama avait été informé de l’avancée des négociations mercredi matin.

Mais l’incertitude sur l’issue des pourparlers a poussé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, virulent opposant à tout compromis avec l’Iran, à donner de la voix pour la 4e journée consécutive.

C’est maintenant que la communauté internationale doit insister pour obtenir un meilleur accord, a déclaré M. Netanyahu à Jérusalem, en avertissant que les concessions faites à Lausanne risquaient de déboucher sur un mauvais accord qui mettrait en danger Israël, le Moyen-Orient et la paix dans le monde.

(©AFP / 01 avril 2015 19h22)