Bocari Tréta qui est le secrétaire général du RPM, le parti présidentiel, a presque juré lors de sa dernière sortie publique d’écarter les autres partis de la majorité présidentielle. « Seul le RPM va réélire IBK en 2018 », avait-t-il laissé entendre en substance. Un pari risqué ! Mais pour l’ancien ministre du Développement rural, seul le RPM est en mesure de défendre le président Ibrahim Boubacar Keïta qui est décrié de toute part.
Rien n’indique que la prophétie de Téreta ne se réalisera pas, mais il y a plusieurs faits que le ministre déchu semble négliger dans sa nouvelle mission. D’abord, en disant que seul le RPM va élire IBK en 2018, le secrétaire général du parti du tisserand déclare, sans le vouloir peut-être, la guerre aux autres partis de la majorité présidentielle.
Le secrétaire général du RPM doit pourtant savoir que le président IBK a plus que jamais besoin du seul RPM. D’autant plus que c’est avec un autre œil que les Maliens regardent le président Keïta maintenant. Après deux ans de règne, la corruption et les difficultés au quotidien sont répandues au Mali et l’insécurité y demeure galopante.
Le mythe IBK, celui du sauveur, s’est effondré dès lors que la gestion des affaires publiques a été entachée par une série de scandales dont on aurait pu se passer. Il faudra un miracle pour faire oublier l’image de gabegie que le régime a donné aux citoyens en s’écartant de la rigueur financière alors que les services sociaux sont misérables.
Si le RPM veut fonder son sursaut sur la défense du président Keïta, il doit se souvenir du concours de tous les leaders non RPM. D’ailleurs, le président de la République qui disait que son mandat n’est pas un partage de gâteau est en train de leur rendre la monnaie de leur soutien. Cela explique pourquoi le RPM a raté plusieurs portefeuilles ministériels, postes d’ambassadeur et autres fonctions de haut niveau.
Le sursaut annoncé par Bocari Tréta pourrait être une peau de banane sous les pieds du président IBK. Ce dernier dit même à qui veut l’entendre que ce n’est pas le RPM qui l’a élu. Il ne reste qu’au régime d’emboiter le pas Tréta, en minimisant le poids des autres partis, pour que tout le monde coule avant même l’échéance de 2018.
Alors que le mythe tenait encore, à la présidentielle de 2013, l’opposant Soumaila Cissé avait donné du fil à retordre au candidat IBK. Le ballotage avait surpris certains qui rappellent l’ambiance tendue de la campagne présidentielle malienne.
Des inconditionnels d’IBK ont failli instaurer un climat de terreur en brandissant à la limite le recours à la machette si leur candidat venait à être surclassé. Le candidat du RPM a gagné, mais la foule qui n’était pas forcement RPM a vite fait de déchanter au point de crier sur les réseaux sociaux : « An filila ».
Soumaila T. Diarra