« Histoire d’encourager l’alternance au pouvoir dans les pays d’Afrique, le 25 février 2012, nous allons vous proposer un maxi single de 2 titres. Mais, il y a de fortes chances qu’il sorte au Mali avant les autres pays du Monde ». C’est en ces termes que Tiken Jah Facoly, célèbre musicien reggae, a introduit la conférence de presse qu’il a animée le 31 janvier 2012 au club « Radio Libre » de Bamako. « Je suis africain d’origine ivoirienne. Personne dans le monde n’ignore ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire : la crise post-électorale a fait plus de 3000 morts », a-t-il ajouté.
En sa qualité d’artiste, face à de telles atrocités, il a décidé de sonner le tocsin afin que de nombreux pays africains qui vont connaître des élections en 2012 se mettent à l’abri de troubles. « Dans la chanson ‘’porte de l’histoire’’, nous rendons hommage à des dirigeants qui ont accepté l’alternance dans leur pays. Ce sont : Nelson Mandela, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Amadou Toumani Touré, Président du Mali, même s’il ne s’est pas encore prononcé officiellement, donnent des signes qu’il sera un bon arbitre pour le choix de son successeur ».
Pour éviter tout amalgame, l’artiste reggae a vite fait d’indiquer que son rôle n’est pas de dire si ces leaders africains dans leur règne à la tête de leur Etat ont eu des bilans positifs ou non. « Mon propos ne vise à dire qu’ils ont bien travaillé ou pas.
Mais, je salue leur décision de quitter la tête de leur Etat pour donner la chance à l’alternance. Cela mérite d’être salué par tous ceux qui aspirent à l’ancrage de la démocratie dans les Etats africains », a-t-il déclaré. Selon Tiken Jah Fakoly, le maxi single « Alerte » comprend 8 titres, dont deux chantés et six instrumentaux : Africa, Missiri, Nassara, porte de l’histoire et alerte. Il dira que l’album a été entièrement fait au Mali. « Alerte a été enregistré au Mali au studio Camara H. situé au Club Radio Libre, avec la collaboration de l’orchestre Soul Train Band qui y joue régulièrement », a-t-il indiqué.
Le retour symbolique en Côte d’Ivoire
Arrivé au Mali en septembre 2002, pendant les heures chaudes de la crise politico-militaires de la Côte d’Ivoire, Tiken Jah Fakoly a informé les journalistes maliens de sa décision de rentrer en Côte d’Ivoire pour aller apporter sa petite pierre à la réconciliation nationale. « Je suis venu au Mali dans une situation difficile. La Côte d’Ivoire était en guerre. J’ai été accueilli au Mali. Aujourd’hui, j’ai des liens importants avec le Mali, de telle sorte que je ne peux pas partir définitivement de ce pays. Ma fille est mariée au Mali. Ma petite fille est malienne. Mon retour en Côte d’Ivoire est symbolique et marque mon engagement pour la réconciliation », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter qu’au Mali, il ne s’est jamais senti en exil. « J’ai aimé l’hospitalité malienne.
Tous les Africains sont les bienvenus au Mali.
Le Djatiguya est une réalité », a-t-il déclaré pour répondre à une question relative à ce qu’il a aimé pendant son séjour au Mali. Tiken Jah Facoly aurait pu ne pas aimer le traitement de son conflit avec les organisateurs du FIMA. Mais, il a rappelé qu’il a été comblé par la décision des autorités du Mali qui lui ont montré qu’il était aussi chez lui au Mali. Dans ses vœux au Mali, il a demandé aux Maliens de tout faire pour préserver les valeurs d’hospitalité qu’on ne retrouve nulle part dans le monde.
Il a aussi salué la liberté d’expression qui existe au niveau de la presse malienne et souhaité que cela continue.
Il a encouragé tout le peuple malien à s’investir pour l’ancrage du processus de la démocratie qui du reste est un exemple en Afrique. Mais, le message fort de Tiken Jah Fakoly a été le défi de l’éducation. « Malgré tout ce qui est fait au Mali, l’éducation est un peu en retard. Et, j’ai peur que cela ne soit pas la source d’un conflit dans les dix prochaines années, lorsque d’autres Africains viendront travailler à la place des Maliens parce que plus compétents. Je souhaite que le futur Président mette un accent particulier sur l’éducation », a-t-il conclu.
Assane Koné
Le Républicain Mali 02/02/2012