Après le premier report en décembre 2016 pour le sommet Afrique-France, l’édition spéciale de la biennale artistique et culturelle du Mali vient d’être sacrifiée au profit de la conférence d’entente nationale. Prévu du 24 mars au 02 avril 2017, ce nouveau report intervient seulement à moins d’une semaine du début des festivités. Un moment où la commission d’organisation avait déjà pris des engagements auprès des partenaires. Face à cette situation incompréhensible et inacceptable par le monde de la culture, les voix commencent à se lever pour dénoncer la politique du deux poids deux mesures du gouvernement. Certains acteurs de la culture commencent à douter de la sincérité du gouvernement du Mali à faire cette fête tant souhaitée par le Président IBK une réalité après une interruption depuis 2010. Ce nouveau report est sans nul doute un coup dur pour la renaissance culturelle du Mali.
La biennale spéciale Bamako 2017 devait s’ouvrir le vendredi 24 mars 2017. Après un premier report à cause de l’organisation du 27e Sommet Afrique-France dans notre pays, la commission d’organisation avec l’accord du gouvernement a décidé la date du 24 mars au 02 avril 2017 à Bamako. En fonction de cette date acceptée par toutes les parties, la commission d’organisation a donc pris toutes les dispositions nécessaires pour faire cette fête de la culture interrompue depuis 2010 pour l’insécurité, une réussite. Pour ce faire, plusieurs troupes ont été logées et nourries dans plusieurs centres à Bamako dans le cadre des répétitions. Selon nos sources, les artistes locaux des 10 régions du Mali ont tous confirmé leur participation.
Confiante de cette nouvelle, la commission d’organisation a donc pris des engagements auprès des partenaires pour la bonne organisation de l’évènement, notamment la publicité sur l’ORTM, la confection des affiches, des pagnes, l’installation des troupes artistiques dans les internats, la signature des contrats de prestation avec les partenaires.
Mais au moment où tous les acteurs de la culture se convergent vers la capitale pour prendre part à cette édition spéciale de la biennale artistique et culturelle du Mali, un conseil des ministres extraordinaire a basculé la donne. A la surprise générale, le gouvernement a décidé de tenir la Conférence d’entente nationale du 27 mars au 02 avril 2017 pour approfondir les débats sur les causes profondes du conflit et d’élaborer une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale sur une base consensuelle.
Malheureusement cette date coïncide avec la date de la tenue de l’édition spéciale de la biennale artistique et culturelle du Mali longtemps décidée par les plus hautes autorités.
Ce nouveau changement de dernière minute n’a pas été du goût des artistes en internat depuis plusieurs mois à Bamako et dans les régions. Pour bon nombre, cet acte du gouvernement est purement et simplement un manque de respect et de considération envers les artistes.
Selon un artiste, visiblement énervé par la nouvelle, il nous fait savoir que si l’objectif premier de la conférence d’entente est d’instaurer la Paix et la Réconciliation, la biennale est la voix la plus sûre et plus rapide pour faire cette réconciliation une réalité au Mali. Selon lui, toutes les régions du nord du Mali avaient déjà confirmé leur participation : « Nous n’avons rien contre la conférence d’entente nationale et tous les autres événements pour le retour de la paix, mais la biennale culturelle en fait partie et c’est écrit noir sur blanc dans les textes de l’accord de paix. Le retour de la biennale, facteur de cohésion sociale avec son brassage culturel de tout le Mali ».
En plus des artistes, ce report sera un coup dur pour la commission d’organisation qui est à pied œuvre depuis plusieurs mois. Des contrats de prestations signés dans ce sens sont tous tombés dans l’eau. La gestion de ces contrats après ce report sera une nouvelle patate chaude entre les mains des membres de la commission d’organisation.
Les plus hautes autorités doivent s’assumer dont le Premier ministre en premier. Comment une conférence d’entente nationale peut venir basculer un évènement aussi important que la biennale dans ce pays ? Il y a des zones d’ombre dans cette situation qui mérite d’être éclairé une fois pour toute. Le gouvernement a –il réellement la volonté de tenir cette biennale spéciale souhaitée par tous les Maliens aujourd’hui ? Sinon comment manipuler des chefs de familles ainsi ?
Du côté des artistes, l’incompréhension et l’indignation animent le camp. Une seule chose est claire, ce unième report est un coup dur pour la renaissance culturelle du Mali.
Wassolo