Mais il est difficile de faire oublier les piques que le président IBK a lancées à la Minusma le 15 mai dernier, même si le chef d’Etat a vite fait de se rétracter. Le discours lapidaire tenu par le président Keïta ce jour là n’était pas le premier coup de froid entre les plus hautes autorités maliennes et les représentants de Ban Ki Moon.
Entre 2013 et 2014, on se souvient qu’à Koulouba de vives critiques étaient formulées contre Bert Konders, le premier chef de la Minusma. Un moment, Konders avait tellement mauvaise réputation qu’il fut convoqué au palais présidentiel pour affaire le concernant. Son crime était de bousculer sans cesse le président IBK à engager le processus de dialogue politique au Mali, pendant que celui-ci ne s’empressait guère.
Peu après ces remous, durant l’été 2014, le mandat onusien en cours de finition au Mali fut adopté. On était en pleine période de pourrissement de la situation sécuritaire. L’armée malienne qui avait entrepris en mai de reconquérir la ville de Kidal était en déroute.
Le nouveau Premier ministre, à juste 40 ans, était assez fougueux pour ne pas déceler les risques d’une opération militaire dans l’Adrar des Ifogas. Il avait eu des mots durs, annonçant une expédition punitive contre les rebelles qui ne voulaient pas de lui à Kidal. Le carnage qui a eu lieu soulignait à quel point djihadistes et rebelles pouvaient se joindre facilement.
Sorties groggy de ce camouflet à Kidal, les autorités maliennes entendaient s’appuyer sur la Minusma pour combattre l’insécurité dans le nord du pays. Contre toute attente, le Mali s’est vu refuser son mandat robuste du genre sous-tendant la lutte contre les Al Shababs de la Somalie.
En juin 2015, soit une année après, l’ONU demeure incontournable et le mandat robuste plus qu’une nécessité. Reste à savoir si le Conseil de sécurité prendra au sérieux le ministre malien des Affaires étrangères. Ce dernier a, en effet, appelé au secours l’ONU la semaine dernière, sans oublier de dire hautcombien le rôle de la Minusma est délicat.
En principe, après les excuses voilées d’IBK et de son ministre des Affaires étrangères, rien ne devrait s’opposer à une plus grande implication des casques bleus à la stabilisation du nord du Mali. Mieux, le ministre Diop faisait son plaidoyer au lendemain de la signature de l’accord de paix d’Algérie par les rebelles touareg de la CMA.
Du coup, les djihadistes deviennent –ils les seules forces hostiles à la paix au septentrion malien ? La question en vaut la peine d’être posée depuis l’attaque de Nara, le samedi dernier.
Soumaïla T. Diarra
Source: Le Républicain-Mali 29/06/2015